L’erreur tragique de 1974 sur Mayotte, ses conséquences inextricables

Depuis l’erreur tragique commise en 1974 par la France en manipulant le référendum d’autodétermination de l’archipel des Comores de façon que le scrutin soit décompté par île et non pas pour l’archipel d’un seul bloc, la République française compte un territoire perdu dans le canal du Mozambique, Mayotte, et ce confetti va de Charybde en Scylla, s’enfonçant toujours plus dans la misère et la violence sans guère de solutions pour sortir de ce marasme. La départementalisation proposée par un gouvernement stupide en 2010 via un référendum local qui fut bien entendu approuvé à plus de 95%, n’a rien changé sinon accroître encore les attentes et les frustrations des mahorais.

Ces dernières années, l’île de Mayotte s’est transformée en plateforme d’immigration illégale de migrants venant des autres îles de l’archipel des Comores devenues indépendantes en 1974, attirés par le niveau de vie français et la possibilité d’être un jour régularisés en obtenant la nationalité française. Nombre de parturientes comoriennes viennent accoucher à Mayotte afin que leurs enfants y bénéficient du droit du sol et obtiennent automatiquement un passeport français, rendant ainsi plus difficile l’expulsion des parents en situation illégale. Ce droit « du sol » a même été restreint par l’administration pour tenter de décourager les candidats à la traversée des Comores vers Mayotte qui ne fait qu’une petite centaine de kilomètres mais durant laquelle plusieurs milliers de migrants ont déjà péri en mer.

Ces derniers mois une violence endémique s’est développée sur ce caillou où la simple compréhension des lois de la République par les citoyens relève du rêve, et leur application strictement s’avère impossible. Les Comores indépendantes passent des accords avec la France en contrepartie d’aides financières mais savonnent consciencieusement la planche de Paris puisqu’elles ont pour objectif de réunifier Mayotte à sa mère patrie, d’autant plus que la France n’a pas laissé que des bons souvenirs aux Comores. On se souvient des « exploits » du mercenaire Bob Denard que Paris a laissé co-diriger le pays pendant des années avant de mettre fin à cette galéjade par une opération militaire qui permit d’arrêter le mercenaire et sa troupe de pieds nickelés en 1995.

La communauté internationale va dans le même sens et l’Organisation des Nations Unis (ONU) a inscrit Mayotte dans la lite des pays à décoloniser. Dans différentes résolutions, systématiquement renouvelées, son l’Assemblée générale rappelle « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de MohéliRéaffirme la souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur l’île de Mayotte » et « prie instamment le Gouvernement français d’accélérer le processus de négociation avec le Gouvernement comorien en vue de rendre rapidement effectif le retour de l’île de Mayotte dans l’ensemble comorien ». Cela va de soi.

Lire aussi : UN_Mayotte_1994.pdf

A chaque assemblée générale de l’ONU le président comoriens réaffirme sa volonté de réunification de Mayotte soutenu par les pays membres.

Devant l’exaspération des mahorais en situation légale et la récupération politique à laquelle de se livrent les partis d’opposition en métropole avec gourmandise afin de stigmatiser « le laxisme » du gouvernement, le ministre de l’Intérieur déclenche cette semaine une opération « nettoyage » prévoyant la destruction des bidonvilles construits par les migrants et l’expulsion des illégaux. Comme ils viennent à plus de 90% des îles proches des Comores, les dirigeants de pays ont déjà averti qu’ils refuseraient de réadmettre leurs citoyens… C’est grosso-mode le genre de refus qu’essuie la France de la part de toutes ses anciennes colonies lorsqu’elle veut y expulser leurs ressortissants en situation illégale ou, pire, condamné pour délinquance. C’est la revanche des anciens damnés de la terre. Bienvenue dans le monde des relations post-coloniales !

En réalité la France n’a aucune autre solution pour se sortir de ce bourbier que de restituer cette île colonisée à sa « maison-mère ». Personne n’ose le dire mais tout le monde le pense (sauf les mahorais bien sûr). Ce sera évidemment tragique, une sorte d’indépendance algérienne en modèle réduit. Le problème serait essentiellement humain puisque les citoyens français installés sur l’île, d’origine mahoraise ou expatrié, s’opposeraient à cette décolonisation. Il faudrait pouvoir leur donner le choix : soit rester sur place, soit émigrer dans un autre territoire français. Il y doit y avoir aujourd’hui environ 300 000 habitants à Mayotte dont 1/3 d’illégaux. Il faudrait donc pouvoir accueillir au maximum 200 000 citoyens en France si Mayotte était restituée aux Comores.

Ce ne sera pas simple à réaliser mais ce serait conforme au droit international et la seule solution pour se débarrasser du problème sans trop nuire aux habitants français de l’île qui auraient ainsi la possibilité de garder cette nationalité s’ils le souhaitent. Continuer sur la voie actuelle ne fera qu’amener de nouveaux déboires, et probablement des drames bien plus graves que ceux rencontrés jusqu’ici. Le statuquo ne fera qu’empirer la situation et plus on attendra, plus le passif à régler sera lourd. Aller sur cette voie sera long et demandera un courage politique à la hauteur de celui que MonGénéral a déployé en 1962 pour conclure l’indépendance de l’Algérie. Espérons pour les générations futures qu’un dirigeant français osera initier ce processus d’indépendance de Mayotte. A défaut, le problème sera reporté sans fin sur nos enfants.

La devise du Département : « Ra Hachiri » signifie « Nous sommes vigilants », on ne saurait mieux dire !

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Booba Robin de Bois

On connaît le poète Booba et ses compositions romantiques (lire aussi : Les idoles de la jeunesse), on ignorait son côté Robin de Bois volant à la rescousse des gogos escroqués par les « influenceurs et influenceuses », une espèce extrêmement nuisible au développement intellectuel des citoyens.

Nabilla est la parfaite représentante de ces VRP (voyageur représentant placier) du XXIème siècle : charcutée par la chirurgie esthétique (poitrine démesurée, lèvres refaites…) et peu gâtée par la nature en termes de neurones connectés, ex-vedette de la télé-réalité, habituée des magazines à scandales, résidante à Dubaï et prête à tenter de vendre n’importe quoi aux suiveurs des réseaux dits « sociaux » qu’elle anime (trois millions sur Twitter notamment).

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Nabilla et le bitcoin
Nabilla ou l’effondrement intellectuel d’une population

Booba fait la une (le « buzz » comme on dit aujourd’hui) depuis plusieurs semaines sur les réseaux dit « sociaux » dans le cadre du combat qu’il mène contre ceux qu’il qualifie « d’influvoleurs ». Il s’en prend tout particulièrement à l’une d’entre elles qui dirige une entreprise mettant en rapport les sociétés commerciales et des « influenceurs » censés promouvoir leurs produits. La nunuche visée n’est probablement pas plus voleuse que ses coreligionnaires mais c’est elle qui prend. Booba, avec la délicatesse d’un rappeur musculeux dans un magasin de porcelaine attaque « l’influvoleuse » à coups de tweets vengeurs et peu délicats. Le garçon ayant 6 millions de suiveurs (contre 40 mille à sa cible) ses tweets sont relayés par ses fans qui y ajoutent souvent des insultes et parfois des menaces de mort envers la malheureuse « influenceuse ».

Harcelée, elle et sa famille, depuis un an, elle vient de porter plainte contre la plateforme Twitter qui laisse faire le rappeur ! Booba qui harcèle une « influenceuse » sur Twitter c’est l’hôpital qui se moque de la charité. La situation serait risible si elle n’étai pas si symptomatique de l’effondrement moral de notre époque qui glorifie le vide la pensée, le narcissisme ravageur de ses acteurs, la vulgarité endémique de ses héros.

Il ne manquerait plus que Booba et cette influenceuse soient invitées sur le plateau de Cyril Hanouna pour couronner cette affaire de si peu d’intérêt !

L’armée française à la rescousse des musculeux ?

L’organisation des Jeux Olympiques (JO) d’été en 2024 à Paris est annonciateur de beaucoup de difficultés pour très peu d’avantages. L’une d’entre elle concerne la sécurité qu’il faudra assurer en ces temps troublés de guerre et de terrorisme. Pour canaliser les foules grégaires et avinées vers les stades et autres lieux où se tiendront ces jeux dispendieux il est prévu de recruter des milliers d’agents de sécurité et il semble que l’organisation des JO ait du mal dans ce recrutement, même après avoir réduit les critères d’exigence appliqués à ces personnels, ce qui n’est pas très rassurant par ailleurs.

Pour résoudre ce problème, il est question d’essayer de procéder à des recrutements complémentaires à l’étranger dans les pays francophones ou, en dernier recours, de faire appel à l’armée comme le fit le Royaume-Uni lors de ses JO en 2012. Une telle hypothèse, si elle se réalisait, serait une nouvelle dérive dans l’organisation de jeux sportifs qui coûtent déjà très chers aux contribuables. L’armée n’est pas là pour faire la circulation. Elle a des tâches bien plus urgentes et vitales à mener pour la République dans le cadre de son budget. Si les jeux ne sont pas capables d’autofinancer leurs activités eh bien il faut faire exactement comme le ferait une entreprise : réduire la voilure pour adapter les dépenses aux revenus. C’est un concept assez simple à comprendre.

Aujourd’hui le Comité international olympique (CIO) grand maître des jeux du cirque, organisation richissime dont le siège est à Lausanne en Suisse (sans doute pas uniquement pour l’air vivifiant des Alpes) exige des exonérations fiscales des Etats dans lesquelles il opère. En France une telle exonération a été octroyées en 2020 par décret signé par les ministres Edouard Philippe, Gérald Darmanin et Roxana Maracineanu pour les JO Paris 2024.

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Cet abandon de recettes fiscales vient déjà s’ajouter aux dépenses publiques prises en charge par l’Etat à hauteur d’une petite dizaine de milliards d’euros, non compris les inévitables dépassements budgétaires qui pourraient presqu’être érigés en discipline olympique tant ils sont récurrents à chaque organisation de JO. Eh bien, en France, comme ce fut le cas au Royaume Uni, on risque de devoir en plus mettre en œuvre l’armée pour suppléer aux déficiences du privé. Le pays est ainsi assuré de garder son titre de champion olympique de la dépense publique.

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Nous avons voulu collectivement ces JO, eh bien, nous allons payer pour les avoir.

La droite d’opposition a échoué de peu à faire tomber le gouvernement

Felix / Charlie Hebdo (15/03/2023)

Par suite de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution française pour faire adopter un peu en force la réforme des retraites, deux motions de censure du gouvernement ont été déposées par le groupe « d’opposition centriste » Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) et par le Rassemblement National groupe de franche opposition de droite.

Les groupes d’opposition de centre (LIOT) et de droite (RN – Rassemblement National) ont massivement voté pour la censure que les partis de gauche, bien qu’opposants, n’ont pas voté ne voulant pas mêler leurs voix à celles de la droite. Plus consternant, il s’est trouvé 19 députés du parti Les Républicains (LR) sur un groupe de 61 pour voter la censure du gouvernement et il s’en est fallu de 11 voix seulement pour que le gouvernement ne soit pas renversé. On avait sous-estimé la haine que vouent les députés LR au pouvoir actuel et tout particulièrement à son président qui avait mis sur la table une réforme des retraites dont la mesure phare était de repousser l’âge de départ de 62 à 64 ans, c’est-à-dire un de moins que les 65 ans réclamés à corps et à cris par ce même parti depuis des années, et tout particulièrement dans le programme électoral de sa candidate aux dernières élections présidentielles.

L’arrivisme et les convictions changeantes de ces députés laissent pantois. Leur haine politique à l’encontre d’un président qui par deux fois a fait échouer leur propre candidat-président dans les grandes largeurs, François Fillon en 2017 et Valérie Pécresse en 2022. Aucun des deux ne réussit à passer le barrage pour accéder au deuxième tour et Emmanuel Macron fut élu en 2017 et en 2022. Il applique depuis une politique que l’on peut qualifier de centre-droit avec des réformes comme celle du statut de la SNCF que LR avait toujours rêvé de faire sans jamais oser se lancer.

Comment ce parti conservateur, lointain successeur du Rassemblement du peuple français (RPF) créé par MonGénéral peut-il ainsi avoir joué avec le feu en faisant le jeu des partis démagogiques de gauche comme de droite dure ? De Gaulle a dû s’en retourner dans sa tombe à Colombey-les-Deux-Eglises. Les chefs LR avaient appelé leurs troupes à voter pour la réforme et donc à ne pas voter pour la censure. Le moins que l’on puisse dire est que leur autorité vacille.

La logique aurait voulu que LR, qui dispose de la majorité au sénat, convienne d’un accord de gouvernement avec Renaissance, le parti présidentiel qui n’a qu’une majorité relative à l’assemblée nationale, puisqu’ils sont d’accord sur la majorité des sujets. Mais nous sommes en France et, malgré la situation déclinante du pays, le consensus politique est un concept qui n’est pas reconnu par les partis et ceux qui les composent. Les haines recuites, les insultes, la mauvaise foi et les retournements de veste sont érigés en mode de fonctionnement. La gauche nous avait déjà habitués à ces pratiques, le fait que la droite « de gouvernement » s’y mette également symbolise la décadence dans laquelle s’enfonce la Nation.

Résultats des deux motions

Motion Bertrand Plancher, groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT)

  • 18 députés du groupe LIOT sur 20 ont voté la censure
  • 19 députés du groupe Les Républicains (LR) sur 61 ont voté la censure
  • 88 députés du groupe Rassemblement National (RN) ont voté la censure
  • Les autres votants sont plus attendus

Motion Marine Le Pen, groupe Rassemblement National (RN)

  • 3 députés du groupe LR ont voté la censure
  • 88 députés du groupe Rassemblement National (RN) ont voté la censure
  • Les autres votants sont plus attendus

Aucune de ces deux motions n’a été adoptée.

La réalité et la révolution

La France est à nouveau la proie des émeutes. Avec une constance qui force l’admiration les accusations de violences policières refont surface. Les images de casseurs-émeutiers déclenchant des incendies ou cassant des vitrines de banques lors de manifestations urbaines contre la réforme des retraites, incendiant des véhicules de la gendarmerie et visant leurs occupants militaires à coups de fusées de feu d’artifice et de cocktails molotov dans les champs pour contester la construction de réservoirs d’eau à ciel ouvert pour l’irrigation de l’agriculture, sont assez édifiantes pour comprendre qui attaque qui.

Ce ne sont pas les véhicules des manifestants qui brûlent, ce ne sont pas les façades de leurs maisons qui sont saccagées, mais qu’importe, les forces de l’ordre sont accusées d’être violentes et de provoquer les émeutes. Avec la même mauvaise foi que le Kremlin accusant l’Occident de l’avoir attaqué dans la guerre d’Ukraine, la gauche française ne parle plus que des « violences policières » pour tenter de relativiser les dérives guerrières de la rue auxquelles on assiste et qui ont poussé le gouvernement à annuler une visite du Roi britannique qui devait avoir lieu ce week-end.

Forte de son passé révolutionnaire et comme toujours, cela dure depuis 1968 et même avant, la France regarde les contestataires violents d’un œil attendri. Ceux-ci se croient en mesure de défier la loi pour faire valoir ce qu’ils pensent être « l’intérêt général », même par la violence, alors que l’Etat estime comme relevant de son pouvoir régalien de faire respecter l’ordre, au besoin en utilisant la force « légitime » que lui octroie la Loi.

Il existe aujourd’hui en France une offre politique alternative qui n’a pas emporté la majorité des suffrages. M. Mélanchon qui s’émeut dans ses tweets et sur différentes scènes des « violences policières » n’a jamais été élu président de la République malgré plusieurs candidatures. Il suffit de voter pour lui et il appliquera un programme probablement plus conforme à ce qu’attendent les émeutiers actuels. Aujourd’hui il existe un choix démocratique possible dont on a même réduit la périodicité à cinq ans.

N’ayant pas réussi à faire élire un représentant qui les satisfasse, et probablement réalistes sur l’absence de perspective à en faire élire un à court terme, les émeutiers mènent le combat dans la rue. A défaut de majorité dans les urnes ils appliquent le vieux principe révolutionnaire maoïste : « action, réaction, révolution ». Passer des urnes au cocktail molotov a un peu été un principe politique français. Sans remonter à 1789, le XXème siècle a vu défiler les mouvements de contestation violents en France : la « révolution bourgeoise » de 1968 (qui s’est terminée par une dissolution de l’assemblée nationale et la réélection d’une chambre majoritairement de droite), les mouvements violents « Gauche Prolétarienne », « Action Directe » et bien d’autres, qui ont émaillé la vie politique des années suivantes, le plus souvent soutenus intellectuellement par une partie de l’intelligentsia, ont marqué le paysage politique français. Mao et Trotski ont été les inspirateurs de la gauche de cette époque. Les émeutiers actuels sont les successeurs de ces mouvements, le soutien des intellectuels en moins.

Mais le pays reste irrigué par les remugles de cette pensée d’un autre âge qui tend à justifier la violence politique et à condamner quasi-systématiquement la réaction des forces de sécurité. C’est ainsi et les partis conservateurs qui se sont succédé au pouvoir depuis la seconde guerre mondiale en France n’ont pas vraiment réussi à inverser cette influence, certes plus diffuse aujourd’hui, mais toujours prégnante.

Heureusement il reste Christine Boutin pour apporter son soutien au pouvoir mais son tweet n’a été retweeté que… 2 fois. C’est tout de même une bonne nouvelle dans un océan de catastrophes de savoir qu’elle n’intéresse plus grand monde :

Déficits, déclassement et mauvaise foi

Biche / Charlie Hebdo (01/02/2023)

Avec une mauvaise foi propre au monde politique français la bataille fait rage sur la nécessité, ou pas, d’une réforme des retraites. Les opposants admettent désormais que le système est en « léger » déficit sur les prochaines années mais rivalisent d’idées alternatives pour financer ce déficit permettant d’éviter d’augmenter l’âge légal minimum de départ à la retraite de 62 à 64 ans (à taux plein) comme prévu dans le projet de loi qui a été adopté lundi par suite du rejet de deux motions de censure par l’assemblée nationale. Ces idées vont de la taxation des dividendes, à l’augmentation des cotisations patronales ou ouvrières, voire les deux en même temps, en passant par la baisse des pensions. Le gouvernement a choisi une autre option, celle d’augmenter la durée du travail.

Les sexagénaires qui prennent actuellement leur retraite ont généralement débuté leurs carrières dans les années 1980 à une période où l’âge légal de départ était de 65 ans. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 ils ont vu cet âge légal baisser à 60 ans en 1982, accompagné de la réduction de la durée légale du travail hebdomadaire de 40 à 39 heures et de la création d’un « ministère du temps libre » dont la mission était de « de conduire par l’éducation populaire, une action de promotion du loisir vrai et créateur et de maîtrise de son temps ». Quelques années plus tard, en 2000, une nouvelle loi, dite « Aubry », réduisait encore la durée légale du travail hebdomadaire à 35 heures

C’était le temps des illusions qui se sont assez rapidement heurtées au mur de la réalité d’où un plan en 1983 qualifié de « rigueur » alors qu’il ne consistait qu’à équilibrer les dépenses avec les recettes, c’était donc plutôt un plan de bonne gestion. Mais il n’a pas été touché à l’âge de départ en retraite.

En 1996, devant l’insoutenabilité de la dette sociale, y compris la partie liée à l’assurance vieillesse (la retraire), qui ne pouvait manifestement plus être remboursée par les seuls cotisants, cette dette est transférée à un machin créé pour l’occasion, la CADES (Caisse d’amortissement de la dette sociale) alimentée par une nouvelle taxe, la CRDS, créée pour l’occasion. Cela veut dire en clair que ce n’est plus le cotisant qui rembourse cette dette mais le contribuable. En gros, on a refourgué les déficits cumulés par la protection sociale ce qui a permis de rendre une nouvelle virginité à l’assurance retraite. La France a toujours su faire preuve de beaucoup de créativité pour masquer ses dépenses. En 2010, le mur de la réalité est toujours en béton armé et l’âge de la retraite doit être augmenté à 62 ans.

En 2022 les programmes électoraux des partis de droite de gouvernement tablaient tous sur une nouvelle augmentation de l’âge minimum à 65 ans, soit le retour à la situation de 1982 ce qui ne paraît pas intellectuellement complètement incohérent puisqu’il y a moins d’actifs aujourd’hui pour un retraité qu’il y a quarante ans. Les négociations menées avec le parlement ont abouti à revoir cet objectif à 64 ans au lieu de 65 dans le projet initial.

Malgré tout, les émeutes ont repris dans les rues des grandes villes de France. Les sondeurs frétillent en demandant aux citoyens s’ils sont satisfaits de devoir travailler deux années de plus et, oh surprise, ils répondent par la négative. Les chaînes d’information en continu ressassent ces sondages et glosent à l’infini, avec fébrilité et gourmandise les images de casseurs et de feux de poubelles. Les hommes politiques s’écharpent avec force arguments misérabilistes et reniements variés. Les partis d’opposition ne voient comme seule porte de sortie que de dépenser toujours plus d’argent public.

En réalité on n’a jamais vraiment trouvé d’autres solutions sérieuses pour accroître la richesse d’une nation que de la faire travailler plus, ce qui ne doit pas empêcher de travailler à une répartition consensuelle de cette richesse créée par le travail et la France à cet égard est dans le peloton de tête des pays occidentaux pour la redistribution via l’impôt. Mais c’est un raisonnement qui n’est pas partagé par la majorité. Comment en serait-il autrement dans un pays qui préfère financer des jeux olympiques ou une coupe du monde de rugby plutôt que ses enseignants, un pays où les campagnes électorales se déroulent sur le plateau de Cyrille Hanouna, animateur de télévision qui se vautre dans la vulgarité et le racolage, œuvrant puissamment à l’abrutissement des masses sur des fréquences attribuées gratuitement par l’Etat. C’est ainsi et c’est notre responsabilité collective, celle d’un avachissement général qui déclasse progressivement le pays. La France a mangé son pain blanc depuis des décennies, vivant largement au-dessus de ses moyens et l’une des contreparties se trouve dans le niveau de sa dette. Alors évidemment il est toujours douloureux de devoir revenir sur des avantages dont tout le monde a profité mais que nous n’avons pas su financer…

Lire aussi : La dette publique

Et le problème n’est pas que financier, il relève aussi de l’égo de la nation qui doit admettre qu’elle n’est plus le « grand pays » doté de la cinquième économie mondiale et de la puissance nucléaire qu’elle croit encore être, mais juste un pays moyen parmi les autres, plus déclassé que ses voisins car refusant de voir cette réalité. Le fameux « grand débat » organisé après les émeutes de 2018-2019 devait servir de psychothérapie de groupe, il a échoué et la contestation revient dans la rue.

Il est probable que cette situation va se régler, comme d’habitude par plus de dépenses publiques jusqu’au jour où le juge de paix, les marchés financiers, refusera de continuer à prêter à la République, ou alors ils le feront à des taux d’intérêt prohibitifs qui forceront ainsi à reprendre le contrôle de la dépense publique. Ce jour pourrait arriver plus vite que prévu, hélas ! La France n’a rarement su se réformer sans contrainte forte.

Le racolage des médias du groupe Canal+ et les règles de l’ARCOM

Riss / Charlie Hebdo (23/11/2022)

La ministre française de la culture, Rima Abdul Malak, a exposé dans une interview au journal Le Monde sa position concernant les médias du groupe Canal+, majoritairement indirectement détenu par la famille Bolloré, et dont les chaînes C8 et CNEWS atteignent un niveau himalayen de vulgarité et d’abrutissement des masses.

L’automne a été marqué par des débordements dans l’émission « Touche pas à mon poste ! », sur C8.

Les réponses apportées par l’Arcom vous paraissent-elles adaptées, suffisamment rapides, et à la hauteur de l’émoi suscité ?

Nous ne pouvons pas, d’un côté, reprocher à Cyril Hanouna de réclamer une justice expéditive pour le meurtre de Lola [une adolescente de 12 ans tuée à Paris, mi-octobre] et, de l’autre, faire appel à une forme de justice expéditive pour lui ! Nous sommes dans un Etat de droit, il faut respecter le temps des procédures – je rappelle qu’il est arrivé que le Conseil d’Etat donne tort à l’Arcom.
L’Autorité dispose d’un panel de moyens d’action et de sanctions prévu par la loi. Elle est intervenue une vingtaine de fois depuis 2019 à propos de C8 et de CNews. Il faut responsabiliser les présentateurs, les chroniqueurs, mais aussi les patrons de chaînes, pour leur rappeler que l’autorisation d’utilisation gratuite de leurs fréquences s’accompagne d’obligations, comme celle de traiter les affaires judiciaires avec mesure, celle de respecter le pluralisme des opinions, etc. Lorsqu’on arrivera, en 2025, au moment de l’analyse de leur bilan pour la reconduction de leurs autorisations de diffusion, l’Arcom saura regarder comment elles ont respecté ces obligations.

(https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/01/16/rima-abdul-malak-la-vague-du-populisme-sera-tres-violente-pour-la-culture_6158000_3246.html)

Cette position, somme toute frappée au coin du sens, a déclenché un hourvari de réactions contre la ministre sur les médias du groupe Bolloré, accusée de censure et de tous les maux. C’est de bonne guerre mais il suffit de passer un peu de temps sur ces deux chaînes pour rendre hommage à la modération de la ministre.

Les deux conventions liant C8 et CNEWS sont disponibles en téléchargement sur le site web de l’ex-Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Elles présentent la même structure avec un chapitre 2-3-4 consacré aux droits de la personne :

[L’éditeur] ne doit diffuser aucune émission portant atteinte à la dignité de la personne humaine telle qu’elle est définie par la loi et la jurisprudence.
Il respecte les droits de la personne relatifs à sa vie privée, à son image, à son honneur et à sa réputation tels qu’ils sont définis par la loi et la jurisprudence.
Il veille en particulier :
– à ce qu’il soit fait preuve de retenue dans la diffusion d’images ou de témoignages susceptibles d’humilier les personnes ;
– à éviter la complaisance dans l’évocation de la souffrance humaine ainsi que tout traitement avilissant l’individu ou le rabaissant au niveau d’objet ;
– à ce que le témoignage de personnes sur des faits relevant de leur vie privée ne soit recueilli qu’avec leur consentement éclairé ;
– …
Il fait preuve de mesure lorsqu’il diffuse des informations ou des images concernant une victime ou une personne en situation de péril ou de détresse.

Les engagements en faveur de l’honnêteté et de l’indépendance de l’information sont du même acabit, et guère plus respectés par ces deux médias d’opinion qui disposent à titre gratuit de fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT) délivrées par l’ARCOM (ex-CSA) sous réserve qu’ils respectent leurs engagements formalisés dans les conventions.

Regardez 10 mn l’émissions de C8 « Touche pas à mon poste » (TPMP) et vous comprendrez rapidement que le respect de l’engagement sur les droits de la personne peut être discuté tant les monceaux d’ordure, de bêtise crasse et de racolage des bas instincts déversés sur les téléspectateurs sont écrasants. L’Arcom a déjà eu à décider d’amendes à l’encontre d’animateurs et des chaînes elles-mêmes pour non-respect des conventions d’attribution des fréquences TNT.

Il est bien sûr du devoir de l’autorité publique représentée par l’Arcom de vérifier si les engagements pris ont été suivis d’effet, ou pas, avant de réattribuer les fréquences qui sont un bien public. Canal+ peut s’égosiller contre l’Etat, il est juste demandé à ses affidés d’essayer de pousser leurs téléspectateurs vers l’intelligence plutôt que de les enfoncer dans un abrutissement désespérant.

Nous avons été profondément choqués par les propos tenus par Madame la Ministre de la Culture, Rima ABDUL MALAK, ce matin dans la matinale de France Inter. Près de cinq minutes de son intervention ont été consacrées à la critique de notre Groupe et à des invectives contre nos chaînes C8 et CNEWS. En laissant à nouveau entendre que les licences de nos chaînes ne mériteraient pas d’être renouvelées en 2025 alors même qu’elle se refuse de commenter la procédure de renouvellement d’autres acteurs de l’audiovisuel, Madame la Ministre prend parti, sort de sa réserve et ne respecte pas l’indépendance de notre régulateur sectoriel. Ce faisant. Madame la Ministre, garante de la liberté d’expression, porte non seulement atteinte à la crédibilité et à la probité de nos chaînes mais critique aussi le travail de nos équipes et suscite l’inquiétude de nos salariés en menaçant la pérennité de leur activité professionnelle. Le Groupe CANAL+ est fier du travail que réalise quotidiennement l’ensemble des collaborateurs de C8 et CNEWS qui rassemblent chaque jour près de 11 millions de citoyens.

Communiqué Canal+

Ces deux chaînes symbolisent ad nauseam la décadence intellectuelle et morale dans laquelle s’enfonce la France. Comment voulez-vous qu’un pays qui compte 7 millions de followers (10% de la population) du compte Twitter de Cyril Hanouna, animateur de TPMP, puisse être tourné vers l’avenir, l’innovation et l’intelligence ? Il n’est pas exclu par ailleurs que M. Hanouna soit titulaire d’une carte de presse lui octroyant ainsi le statut de « journaliste » et la niche fiscale indue qui va avec. D’ailleurs une partie de la dernière campagne présidentielle s’est tenue sur son plateau, les politiques compromettant ainsi avec la stupidité arguant que c’est la seule façon de joindre « les jeunes ». Jusqu’où faudra-t-il aller dans la compromission ?

Il serait œuvre de salut public de forcer ces deux chaînes à respecter leurs engagements !

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Les restes d’une émeute parisienne

Les murs du XIIIème arrondissement portent les traces du passage des émeutiers dans la journée. Il faudrait un jour laisser les clés du monde à l’anarchie pour voir comme ses théoriciens feraient marcher l’économie sans capital et sans argent. Peut-être les prendront-ils plus vite qu’on ne l’imagine ?

En attendant les murs des grandes villes sont conchiés d’affiches, de colle et de graffitis. Ce n’est pas grave, les contribuables et les copropriétés paieront la remise en état…

Mais de quoi se mêle-t-on ?

Capitaine Traoré (à gauche) et Colonel Goïta

Le président de la République française vient de faire un voyage officiel de quelques jours en Afrique sub-saharienne pour y asséner des messages un peu surannés, très peu utiles et annonciateurs de problèmes :

« Il faut bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable [avec l’Afrique] »

Combien de fois a-t-on déjà entendu ce genre de billevesées finalement très peu suivies d’effets ? La France, ex-puissance colonisatrice est en bonne voie de retrait du continent, parfois poussée très fort dans le dos par les ex-colonisés. Il faut en prendre acte et ne pas chercher à rentrer par la fenêtre après avoir été poussé vers la sortie par la porte.

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Compte tenu du passé colonial de la France, la relation ne sera jamais « équilibrée, réciproque et responsable », ou tout au moins pas avant plusieurs générations. Alors laissons le secteur privé français faire du business sur le continent à ses propres risques s’il l’estime utile mais cessons d’y faire de la politique. Après tout les groupes Bolloré, CMA-CGM et d’autres ont plutôt bien réussi. Et pour l’aide au développement ou humanitaire il est plus approprié que la France la prodigue désormais via les institutions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui sont là pour ça. Les équipes diplomatiques, financières, militaires françaises présentes à grand frais sur le continent seront parfaitement bien réemployées sur le territoire national.

Il faut également accélérer le démantèlement de la « Zone Franc », survivance préhistorique du passé qui déresponsabilise ses pays membres, et laisser les pays africains qui le souhaiteraient mettre en place une monnaie commune ou unique, mais sans lien avec le Trésor français qui, encore aujourd’hui, garantit la valeur du franc CFA avec l’EUR.

Hélas, Paris ne semble pas vraiment emprunter cette voie. La dernière étape du voyage présidentiel se déroulait en République populaire du Congo (RDC, ex-Zaïre), en conflit quasi ouvert avec son voisin oriental le Rwanda. Le président Macron s’est encore senti poussé des ailes de médiateurs et tente de réconcilier les présidents congolais et rwandais. La France est tout sauf légitime à interférer dans ce conflit régional compte tenu de son implication des deux côtés : avec l’ex-Zaïre dont elle a gâté l’ex-dictateur Mobutu, avec le Rwanda qui l’accuse ouvertement d’avoir participé au génocide des Tutsis en 1994… Il y a des pays (vraiment) neutres ou les instances de l’ONU qui savent bien mieux faire ce genre de négociations dans lesquelles il n’y a que des coups à prendre, tout spécialement pour un pays comme la France qui a été à ce point impliqué (parfois à son corps défendant) dans les dérives dans lesquelles ces pays se sont abandonnées au cours des dernières décennies.

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L’Afrique de toute façon vogue vers son destin et celui-ci se fera sans la France. Evitons qu’il ne se fasse contre elle !

Le partage de la valeur

Avec un bel ensemble, les politiques et les journalistes se prennent les pieds dans le tapis en mélangeant les termes de « partage de la valeur » et de « partage de la valeur ajoutée » alors qu’ils pensent au « partage des bénéfices ». Il leur faut relire Marx qui a longuement délayé ce sujet dans le premier tome du « Capital » ainsi que « Salaire, prix et profit » du même auteur. Ces réflexions décousues sont renforcées ces derniers temps par la publication des résultats 2022 très significatifs publiés par les compagnies liées au secteur énergétique, tous semblant s’étonner que lorsque que les prix augmentent, en principe, les bénéfices suivent.

Alors les idées fusent pour taxer ces profiteurs et mieux répartir « la valeur » on ne définit pas ce que cette « valeur » que l’on veut partager entre les salariés et les actionnaires, les premiers apportant leur force de travail et les seconds leurs sous. En réalité, les salaires versés aux salariés font partie de la valeur ajoutée dont une définition simple est [Valeur ajoutée = Valeur de la production – Coûts intermédiaires]. En français cela signifie que la valeur ajoutée est composée de toutes les charges de l’entreprise moins ce qu’elle achète à l’extérieur, elle comprend donc bien les salaires payés aux salariés mais pas les dividendes rétribuant les actionneurs apporteurs de capitaux. Dans le partage de la « valeur ajoutée » le salarié a beaucoup et l’actionnaire n’a rien.

En revanche, dans le « partage des bénéfices », l’actionnaire reçoit des dividendes, le cas échéant, et le salarié peut recevoir une participation si son employeur est éligible au processus « d’intéressement/participation » mis en place en France sous le Général de Gaulle et consistant à octroyer aux salariés une répartition du bénéfice (la participation), s’il y a bénéfice bien entendu, ce qui s’assimile aux dividendes versés aux actionnaires, et un bonus dépendant de l’atteinte d’objectifs (l’intéressement) qui est comparable à un supplément de salaire.

Les partenaires sociaux viennent de convenir d’élargir les entreprises éligibles à l’intéressement/participation qui devraient désormais bénéficier à plus de salariés. Les syndicats ouvriers les plus à gauche ne sont pas d’accord car ils privilégient l’augmentation des salaires qui est plus automatique que le versement d’un intéressement et d’une participation qui est conditionné à l’atteinte d’objectifs pour le premier et à la réalisation d’un bénéficie pour le second. Marx indiquait d’ailleurs que si une entreprise réalise un bénéfice c’est donc qu’elle sous-paye les travailleurs… la position des syndicats de la gauche dure intègre ce principe !

En résumé quand on parle de partage de valeur dans l’entreprise entre les salariés et les actionnaires, il faut mettre dans la balance aussi les salaires déjà versés aux salariés. Ensuite, il n’est pas interdit de partager les bénéfices, ou d’améliorer ce partage lorsqu’il existe déjà. C’est ce qui est en train de se mettre en place en France et c’est aussi bien.

A Chartres

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Le misérabilisme érigé en mode de pensée

Riss/Charlie Hebdo (18/01/2023)

Le débat en cours sur le projet de loi visant à repousser l’âge légal pour faite valoir ses droits à la retraite et à augmenter le nombre minimum de trimestres cotisés pour ce faire illustre ad nauseam le drame du misérabilisme érigé en mode de pensée. L’essence de la réforme étant de faire travailler les citoyens plus longtemps, ce n’est évidemment pas une bonne nouvelle pour nombre d’entre eux. Leur principale argumentation consiste à citer le cas du « cariste » ou de la « femme de ménage » qui ont travaillé dans des conditions physiques difficiles toute leur vie et qui ne peuvent pas envisager de travailler plus longtemps que l’actuel âge légal de 62 ans. Certes, et personne ne le conteste. Des conditions spécifiques de « pénibilité » et de « carrière longue » sont prévues pour permettre de prendre en compte ces cas particuliers mais il n’en reste pas moins que nombre des citoyens mènent des carrières qui leur permettent sans difficultés physiques de poursuivre deux années de plus comme envisagé dans le projet de loi. Ceux qui partent en retraite en ce moment ont démarré leur carrière alors que l’âge légal de départ était de 65 ans, comme d’ailleurs pour la génération précédente. Ils ont vu cet âge légal baisser à 60 ans en 1983 (pouvoir socialiste) puis repasser à 62 ans en 2010 (gouvernement conservateur) et il est probable que leurs enfants vont le voir repasser à 64 sous peu, en attendant d’autres éventuels relèvements.

Cette question du misérabilisme revient à se demander, dans le cas d’espèce, si une réforme des retraites doit être formatée pour répondre aux besoins des plus défavorisés ou si elle doit répondre aux besoins moyens et prévoir des exceptions pour les cas particuliers. Les partis d’opposition, y compris ceux de droite, répondent « oui » au premier terme de l’équation, ceux actuellement au pouvoir optent pour la vision moyenne. C’est un peu une question de philosophie politique.

Le plus comique est de voir aujourd’hui le parti Les Républicains (LR) qui avait fait ses campagnes électorales 2022 présidentielle et législative sur la base d’un âge légal à porter à 65 ans, se battre aujourd’hui pour baisser cette limite, déjà proposée à 64 ans et obtenir d’autres assouplissements à cette réforme qu’il qualifie de « brutale ». Plus des concessions financières sont faites aujourd’hui et plus la prochaine réforme des retraites devra intervenir dans un futur proche. Les prochaines majorités parlementaires auront à gérer la suite.

Indécent

Le débat sur le projet de loi visant à repousser l’âge légal pour faite valoir ses droits à la retraite, et à augmenter le nombre minimum de trimestres cotisés pour ce faire, a démarré à l’assemblée nationale dans un chaos indécent largement mené par l’extrême gauche mais sans doute observé avec malice et intérêt par les autres partis d’opposition. Et les députés y vont de leurs claquements de pupitres, hurlements et beuglements, interruptions et interjections, effets de manche et claquements de porte… bref, tous les artifices usés sur les bancs par des générations de députés continuent à être mis en œuvre par des irresponsables, dont les salaires et accessoires sont payés par les contribuables et qui remplissent fort mal le job pour lequel ils sont rémunérés.

Alors évidement tout le monde rappelle que ce genre de comportements de gamins morveux mal élevés a toujours été pratiqué et que, parfois, les injures et noms d’oiseaux volaient bas sous les IIIème ou IVème Républiques. Certes, mais probablement la hauteur de vue de Jaurès, Clémenceau, Blum ou Simone Veil n’avait guère à voir avec celle de Mathilde Panot ou d’Olivier Faure, mais est-ce une raison pour se satisfaire de la médiocrité affichée aujourd’hui par nos élus ? Certainement non mais, hélas, ces élus sont l’image de la société qui les a élus.

Nos enfants vont devoir travailler plus longtemps pour gagner leur retraite, ils vont aussi avoir la tâche vitale de redresser le niveau du pays et des ses élus, en voie de crétinisation avancée. C’est maintenant une question de survie pour la Nation.

L’armée française quitte le Burkina Faso

Partisans du capitaine Ibrahim Traoré défilent avec un drapeau russe dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso), le 2 octobre 2022. SOPHIE GARCIA / AP

Le Burkina-Faso a dénoncé l’accord de défense qui le liait à la France et se traduisait, notamment, par le stationnement d’une base militaire française dans ce pays. Ces accords prévoient aussi généralement la possibilité d’intervention militaire française à la demande des autorités locales. Ils ont généralement été signés dans la foulée des indépendances et ont généré des interventions militaires discutables, essentiellement pour maintenir des dictatures au pouvoir : au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Mali… Ces accords sont des survivances d’une époque révolue où la France voulait maintenir son statut d’ex-puissance coloniale en mal d’influence sur le monde.

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Ce temps est désormais passé, les pays partenaires dénoncent les accords les uns après les autres et la France évacuent ses bases militaires, parfois pour les remplacer par une coopération avec la Russie. C’est ainsi et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour Paris ! Par les temps qui courent le redéploiement des militaires français sur l’Europe et la réaffectation des dépenses budgétaires engagées en Afrique ne présentent pas que des inconvénients. Dans le contexte de la guerre d’Ukraine des troupes françaises sont présentes en Roumanie et dans les pays baltes où elles sont a priori bien mieux accueillies qu’à Bamako ou à Ouagadougou, le choix est donc assez simple à faire.

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Après le départ de l’armée française du Burkina il restera encore des troupes au Niger, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, à Djibouti, au moins pour ce qui concerne l’Afrique et pour autant que l’on sache. Le sort à terme de ces bases militaires à l’étranger sera immanquablement posé un jour ou l’autre.

Un autre sujet de démantèlement qui lui n’avance pas beaucoup est celui du Franc CFA, monnaie commune de nombre de pays africains ex-colonies françaises du continent et dont la convertibilité avec l’euro est garantie par la France. La fin de cette monnaie commune et son remplacement par l’Eco ont été annoncés en 2019 mais le choses n’ont pas beaucoup bougé depuis et le Franc CFA a toujours cours dans ces pays. Dans le projet initial la France était toujours engagée à maintenir la convertibilité de l’Eco. Après la dénonciation de certains accords de défense il est temps de ressortir des cartons ce projet de réforme monétaire, de le mettre en œuvre, voire de l’ajuster en fonction du nouveau contexte des relations franco-africaines. Ce projet intéressant est au point mort, il mérite d’être relancé.

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L’Europe réarme, les LR en France en veulent plus

Alice / Charlie Hebdo (29/05/2019)

L’Occident réarme pour pouvoir de nouveau être en mesure de mener, et de gagner, une guerre dite de « haute intensité ». La dernière fois que cela s’est passé, les années 1940, cela s’est certes terminé en faveur dudit Occident, mais cela aboutit aussi à environ 60 millions de morts, 2,5% de la population mondiale… Donc on n’est pas très sûr que le réarmement en cours soit vraiment une bonne nouvelle !

Il donne lieu en tout cas à une minable passe d’arme politicienne franchouillarde. Le président de la République vient d’annoncer une enveloppe de 413 milliards d’euros pour la prochaine loi de programmation militaire (LPM) qui devrait courir sur la période 2024-2030, soit sept ans. C’est un montant très significatif mais à ne pas vraiment prendre au pied de la lettre tant les engagements budgétaires français au-delà de deux ou trois ans ont toujours été très-très aléatoires et soumis à nombre d’imprévus. De plus, en période de retour d’inflation, qui peut vraiment savoir à 30% près combien coûtera un char ou un chasseur dans cinq ans… Le seul enseignement que l’on peut vraiment en tirer est que la LPM est en hausse par rapport à la précédente. Le reste n’engage que ceux qui y croient.

Eh bien, ne voilà-t-il pas qu’un député du parti conservateur LR (Cédric Perrin) se plaint que cette somme est insuffisante et que « A moins de 430 milliards, on ne conservera pas un modèle d’armée complet ». Personne ne sait d’où il sort son chiffre ni ce qu’il financerait en plus des 413 Mds pour conserver son « modèle d’armée complet » à 430 Mds. Cela ressemble furieusement au sens de la contradiction systématique développé par LR depuis que la majorité de droite actuellement au pouvoir et à laquelle elle s’oppose, applique les programmes dont LR a toujours rêvé sans jamais oser les voter !

La Corse et ses démons

La Corse est l’objet ces dernières semaines de descentes de police dans les milieux nationalistes et mafieux qui ont donné lieu à de nombreuses gardes à vue. Ce sont souvent les mêmes têtes qui réapparaissent, marquant les liens oh combien troubles entre les milieux nationalistes et ceux du grand banditisme. C’est un peu chaque fois les mêmes histoires de personnes lourdement armées, récidivistes, circulant sur l’Ile dans des voitures blindées, détenant des armes sérieuses à leurs domiciles et dans leurs voitures, impliquées dans des évènements violents et des trafics en tous genres et, souvent, dans les milieux politiques « nationaliste », tous protégés par une omerta de rigueur en Corse tant les traditions claniques y sont fortes et dangereuses pour ceux qui s’en exonèrent.

Cette situation est devenue si difficile à cacher que l’assemblée corse elle-même a estimé nécessaire de s’en saisir sans que l’on ne sache vraiment ce qui est sorti de cette auto-saisine par une institution où cohabitent majoritairement des indépendantistes et des nationalistes. Vu les pédigrés de certains élus il y en a qui ont dû tousser lors des débats…

L’assemblée de Corse devant la violence endémique qui prospère sur l’ile

L’arrestation de Charles Pierri (72 ans) est caractéristique à cet égard : dirigeant de différents courants du FLNC (Front de libération national corse) qui a été multi-condamné pour extorsion de fonds, financement du terrorisme et autres joyeusetés du même ordre, a fait de la prison, qualifié dans un tweet la femme du préfet Erignac assassiné en 1998 d’être « le symbole de la femme française. Ces courageuses femmes françaises qui, de 1940 à 1944 réussirent à faire 400 000 petits bâtards aux valeureux soldats du 3e Reich. » (Délicat !). Il vient d’être à nouveau mis en examen en décembre dernier pour association de malfaiteurs et détention d’armes. C’est à désespérer !

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Au-delà de sa personne qui ne représente qu’un intérêt mineur, il est symbolique de l’incompatibilité de la Corse avec la République française et « l’Etat de droit », base de son organisation démocratique. Les négociations sur « l’autonomie » de l’île ont démarré cahin-caha avec l’Etat français à l’été 2022. Elles doivent véritablement déboucher sur une autonomie-responsabilisation de ce territoire comme prémices à son indépendance. Celle-ci sera longue, douloureuse et coûteuse à obtenir (surtout pour les contribuables continentaux) mais elle doit être clairement la direction fixée.

L’exemple de la Nouvelle-Calédonie et du processus initié en 1988 par Michel Rocard, premier ministre, est un modèle en ce sens. Certes il n’a pas encore permis de rendre son indépendance à cet archipel colonisé, mais il a été mené entre gens intelligents et constructifs qui ont décidé de mettre fin aux violences pour chercher une solution commune vers une indépendance librement consentie par référendum. Une majorité en ce sens n’a pas encore été trouvée en Nouvelle-Calédonie pour le moment mais elle pourrait peut-être émerger en Corse si l’on s’occupe sérieusement du sujet tant à Paris que sur « l’Ile de beauté » plutôt que de se parler à coups de pétoires ou de procédures judiciaires.

Il faut identifier des gens courageux à Paris comme en Corse pour oser proposer des solutions définitives et la méthode pour y parvenir. C’est l’intérêt de la Corse comme celui de la France !

La dette française en passe d’être dégradée

La dette française au 30/09/2022 : 2 957 milliards d'euros

La société de notation Standard & Poor’s (S&P) a assorti la note de la dette française d’une perspective « négative » en décembre dernier. L’agence Fitch avait déjà fait de même. Cela veut dire que dans six mois la note elle-même sera sans doute aggravée, la dette française serait alors considérée comme plus risquée. Toutes choses égales par ailleurs, le taux d’intérêt demandé sera donc augmenté pour couvrir ce risque, indépendamment des hausses de taux actuellement générées sur les marchés par les banques centrales pour lutter contre l’inflation.

Le ralentissement de la croissance annoncé en France, et surtout la mauvaise gestion des finances publiques générant des déficits significatifs hors de contrôle inquiètent les prêteurs potentiels qui vont donc demander des intérêts supérieurs. On les comprend.

Fouteballe et Salle Pleyel

Un samedi ordinaire à Paris que le bobo-rive-gauche met à profit pour aller assister à un concert de rock à la Salle Pleyel dans le VIIIème arrondissement. Hélas, trois fois hélas ! ce n’est pas un samedi tout à fait ordinaire car nous sommes en plein championnat du monde de fouteballe au Qatar (tout de même assez loin de Paris) et, ce samedi, se déroule un premier match impliquant le Maroc (ancien protectorat franco-espagnol jusqu’en 1956) à 16h et un second avec la France à 20h.

Il apparait que le Maroc a gagné son match et, immédiatement, la communauté française d’origine marocaine, détenant la double nationalité ou simplement marocaine, nombreuse en France, spécialement à Paris, sort dans les rues en braillant, drapée dans des drapeaux marocains. Dans la capitale, les Champs Elysées sont le point de ralliement habituel pour les festivités sportives, malheureusement pour notre bobo qui, venant de la rive gauche, doit les traverser pour rejoindre la Salle Pleyel. L’avenue est déjà envahie par des hordes de supporters criant leur joie et bloquant la circulation des citoyens ordinaires. On dirait que les émeutiers ne supportent pas vraiment l’équipe de France…

Une longue file de camions de forces de sécurité stationne au milieu des Champs, tous gyrophares clignotants, entre la place de l’Etoile et la place Franklin D. Roosevelt. Dans toutes les rues adjacentes des brigades à moto dont pré-positionnées pour parer aux émeutes qui ne vont pas manquer de se produire. Le dispositif sécuritaire est impressionnant et on a du mal à croire qu’il ne s’agit que de sport.

A 23 heures, à la sortie de la Salle Pleyel, le bobo enchanté par son concert se retrouve tristement confronté à la déplorable réalité de la baballe. Il comprend rapidement que la France a elle-aussi gagné son match : des voitures tous avertisseurs déclenchés convergent vers les Champs Elysées au milieu des hurlements de fans déjà avinés drapés dans des drapeaux français. Il est temps de fuir le VIIIème arrondissement.

Le plus inquiétant dans cette affaire est que le Maroc doit affronter la France dans un nouveau match mercredi prochain ! Quelle que soit l’issue de cette confrontation de la baballe, l’effet va être détonnant pour la liberté de circuler des citoyens ordinaires et la dévastation du mobilier urbain et autres incivilités qui devraient en résulter.

Une nouvelle fois on constate l’état de délabrement mental accéléré dans lequel le fouteballe plonge ses amateurs et l’emprise dans laquelle il maintient même les plus raisonnables d’entre eux. Dans le cas d’espèce, le statut du Maroc qui fut un protectorat français explique la présence d’une nombreuse communauté marocaine ou d’origine marocaine dans l’hexagone, plus ou moins influencée par le gloubi-boulga « décolonialiste » servi par une intelligentsia en mal de pénitence. Un match Maroc-France mercredi prochain dans un tel contexte est la plus mauvaise nouvelle qui puisse advenir en ce qu’elle va charrier revendications et dévastation, qui que soit le vainqueur. Les contribuables qui déjà finance l’équipe de France de foute et ses frais annexes, les forces de l’ordre qu’il est maintenant indispensable de déployer à chaque compétition fouteballistique, vont également payer pour la remise en état après les émeutes générés par des matchs de baballe se déroulant à 3 000 km de chez eux. C’est la mondialisation du fouteballe !

Aux dernières nouvelles il n’y a pas eu d’émeutes ni au Qatar ni au Maroc à la suite de ces matchs.