L’avenir de la Nouvelle Calédonie incertain, comme toujours

Malgré les visites régulières de représentants de l’Etat français en Nouvelle-Calédonie il n’y a pas moyen pour le moment de faire s’entendre les communautés sur un avenir commun, dans le cadre de la République, celui d’une autonomie ou de l’indépendance, statut ultime auquel cette ancienne colonie française est promise un jour ou l’autre. Le ministre de l’intérieur français est revenu de Nouméa fin novembre après avoir fait chou blanc, si l’on ose dire, à unifier les positions des Kanaks (population « de souche ») et des Caldoches (descendants des colons).

Les accords de Matignon de 1988 puis de Nouméa en 1998 ont échoué à mener l’archipel vers son émancipation et près de 40 ans après le lancement d’un processus intelligent et pacifique lancé sous l’autorité avisée du premier ministre Michel Rocard la République française a toujours ce caillou calédonien dans sa chaussure et cela commence à lui faire mal. Après les trois référendums qui ont dit « Non » à l’indépendance les loyalistes considèrent que la messe est dite, qu’il faut en prendre acte et que la Nouvelle-Calédonie doit être définitivement ancrée dans la France et, accessoirement être sortie de la liste des territoires à décoloniser des Nations Unies. Pour les indépendantistes qui président actuellement le gouvernement de Nouvelle-Calédonie (avec des pouvoirs beaucoup plus étendus que ceux d’une simple région française) il ne saurait être question d’accepter cette position. Ils refusent d’ailleurs de reconnaître le résultat du troisième référendum de décembre 2021 qu’ils ont boycotté pour cause de pandémie de Covid19 qui ne leur laissait pas assez de temps pour faire le deuil de leurs morts.

Le désaccord est quasi-complet sur les perspectives : composition du corps électoral, rétrocession des terres aux Kanaks, intégration du droit coutumier local dans le système juridique, modification de la Constitution, etc. Un consensus entre les trois parties, Kanaks, Caldoches et Etat français paraît improbable et il faudra pourtant le trouver. La question existentielle est toujours la même : a-t-on une chance de voir un jour les Kanaks accepter les droits et devoirs de la République française de façon apaisée ? La réponse est non. Il y aurait donc avantage à trouver la voie de l’émancipation, et si possible celle de l’indépendance, même dans une perspective à long terme, avant que ne ressurgisse la violence qui elle risque de revenir à court terme !

Si les parties ne sont pas en mesure de trouver un accord innovant comme celui signé en son temps par MM. Tjibaou et Lafleur avec M. Rocard, c’est l’Etat français qui va se retrouver une nouvelle fois en première ligne et être critiqué par tous, y compris le comité de décolonisation de l’ONU. Est-ce qu’une nouvelle génération de dirigeants calédoniens sera capable de laisser partir la Nouvelle-Calédonie dans le grand vent de son indépendance et de sortir ainsi le caillou acéré de la chaussure de la France ?

La France médaille d’or de la dépense publique

Alors que les jeux olympiques (JO) d’été 2024 avaient été attribués à la France par défaut d’autres candidats, ceux-ci s’étant retirés lorsque de Comité international olympique (CIO) avait fait part de ses exigences financières : exonération fiscale totale de ses activités commerciales et garantie financière des Etats d’un minimum d’activité, voilà que la France est de nouveau la seule candidate pour l’organisation des jeux d’hiver 2030 et la seule à accepter ce racket financier.

Tout de même conscient de la gabegie de dépenses publiques générés par ces JO pour un pays déjà surendetté qui n’arrive déjà plus à financer son fonctionnement courant, le Sénat, de majorité conservatrice, vient de voter un amendement au projet de loi de finances 2024 visant à annuler les nouvelles exonérations fiscales dont l’Etat veut faire bénéficier la trentaine de fédérations sportives internationales reconnues par le CIO, déjà nstallées sur le territoire national ou projetant de s’y installer. Hélas, cette proposition sera certainement rejetée par le gouvernement qui aura le dernier mot et fera sans doute adopter la loi de finances de façon « autoritaire » comme l’autorise la Constitution par le biais de son article 49.3.

Non content de dépenser des sommes considérables pour l’organisation de compétitions sportives internationales, l’Etat exonère fiscalement les fédérations organisatrices (impôt sur les sociétés [IS], impôt foncier, TVA) ainsi que les salaires versés à leurs employés. La fédération de rugby a déjà bénéficié de ce statut pour la coupe du monde 2023 et le CIO en est bénéficiaire pour les JO 2024. Une telle « générosité » est proprement incompréhensible pour les contribuables français et parfaitement injustifiée s’agissant de fédérations sportives généralement très riches, le plus souvent, installées dans des paradis fiscaux et, régulièrement, mises en cause pour corruption.

Lire aussi : Les ministres Philippe, Darmanin et Maracineanu jettent l’argent public par les fenêtres et signent leur méfait

Le dernier budget en équilibre de la République française date de 1974, depuis, l’Etat dépense systématiquement plus qu’il ne gagne et finance les déficits en augmentant une dette publique qui vient de dépasser le seuil des 3 000 milliards d’euros et que nos enfants devront rembourser. Malgré cette situation financière significativement dégradée, des dirigeants de rencontre octroient des avantages fiscaux indus à des fédérations sportives et cherchent à organiser des jeux du cirque plutôt que de financer la recherche ou l’enseignement… Une nouvelle fois la France se distingue par son incapacité à hiérarchiser ses dépenses. C’est irresponsable et incompréhensible ! Alors que de plus en plus les Etats occidentaux se retirent de l’organisation de ces compétitions ne voulant pas en assurer les coûts prohibitifs, l’hexagone en profite pour se placer et dépenser toujours plus. Autant certaines dépenses peuvent être considérées comme « contraintes », autant organiser des JO en 2023 et en 2030 relève d’une aberration purement volontaire et que l’on pourrait facilement éviter. C’est une espèce de masochisme budgétaire qui caractérise la puissance publique qui rejette avec allégresse la misère sur les générations futures.

Dans le projet de loi de finances 2024 les intérêts à payer sur la dette publique s’élèvent à plus de 50 milliards d’euros et devraient croître jusqu’à 60 milliards en 2026. De tels montants sont le résultat de la hausse continue de cette dette résultant de la mauvaise gestion publique et de l’augmentation des taux d’intérêt résultat des forces du marché. A titre de comparaison, le budget de l’enseignement scolaire est de 64 milliards en 2024 dans le même projet de loi, celui de la recherche et enseignement supérieur est de 32 milliards, celui de la justice de 10 milliards… Comment dans ces conditions ne pas jouer sur tous les leviers disponibles pour reprendre le contrôle de la dette ?

Cette permanence dans la gabegie des sous prélevés sur les contribuables est… désespérante.

L’amendement proposé par le Sénat

ARTICLE 3 SEXVICIES

Supprimer cet article.

Objet

Le présent article prévoit d’exonérer les fédérations sportives internationales reconnues par le Comité international olympique (CIO) de l’impôt sur les sociétés, de la cotisation foncière des entreprises et de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Il prévoit également d’exonérer d’impôt sur le revenu leurs salariés pour une durée de cinq ans.

Premièrement, cet article soulève des questions sérieuses de conformité à la Constitution. La portée du régime fiscal introduit par cet article ne semble pas proportionnée à l’objectif, qui est d’inciter les fédérations sportives internationales à s’installer en France, ce qui pourrait constituer une rupture d’égalité devant les charges publiques. De plus, laisser le CIO décider des fédérations internationales qui sont éligibles ou non à ces exonérations n’est pas respectueux de la compétence du Parlement en matière fiscale.

L’argument selon lequel les fédérations sportives internationales pourraient être assimilées à des organisations internationales n’est pas recevable. Il faut rappeler tout d’abord que les organisations internationales ont un système d’imposition interne, ce qui n’est pas le cas des fédérations sportives internationales. Ensuite, et plus fondamentalement, le caractère dérogatoire des exonérations bénéficiant aux institutions internationales est justifié par l’intérêt commun des États souverains qui décident de s’associer entre eux. Les fédérations sportives internationales ne réunissent pas des États, leur statut n’est pas réglé par des conventions internationales, et certaines d’entre elles poursuivent des objectifs de rentabilité sans aucun rapport avec l’intérêt général.

Au-delà des arguments juridiques, la mise en place d’un régime fiscal particulièrement dérogatoire, pour des motifs qui ne relèvent pas de manière évidente de l’intérêt de la Nation, est de nature à nuire au consentement à l’impôt. Alors que des efforts importants sont aujourd’hui nécessaires pour réduire le déficit et la dette, un tel « cadeau fiscal » du Gouvernement est tout simplement inacceptable.

https://www.senat.fr/enseance/2023-2024/127/Amdt_I-170.html

Deux guerres et les mêmes « experts de plateaux télévisés »

Une deuxième guerre chaude s’est déclenchée au Proche-Orient après celle d’Ukraine qui dure depuis février 2022. Du coup, la bande de Gaza a remplacé celle du Donbass du jour au lendemain sur les chaînes d’information en continue et les mêmes « experts » de plateaux télévisés, un quarteron de généraux en retraite, recyclent leurs analyses des plaines de l’Asie aux sables du Sinaï. Ils ont toujours aussi peu de choses à dire sinon quelques informations récupérées sur Internet et les réseaux dits « sociaux ». Certes, tous ces galonnés ont certainement encore quelques numéros de téléphone à appeler de leurs camarades d’active ou de collègues en Israël ou en Ukraine, mais le propre des opérations militaires est d’être secrètes et, en principe, non annoncées sur les antennes alors nos « experts » ressassent les mêmes évidences qui s’avèrent régulièrement être de fausses informations.

Au début de la guerre d’Ukraine ils avaient annoncé que le président russe était malade et devait mourir sous peu, que la Russie était à court de missiles, que l’armée russe allait s’effondrer, puis que « la Russie avait d’ores et déjà perdu la guerre », et patati et patata… Presque deux ans plus tard, M. Poutine semble toujours en bonne santé, les missiles russes tombent comme à Gravelotte et l’armée russe, certes n’avance pas, mais paraît tenir solidement ses positions.

Aujourd’hui ils prévoient ce qui va advenir à l’armée israélienne si elle se décide à envahir la bande de Gaza. En réalité, personne n’en sait rien. Que les journalistes échafaudent des inepties semble dans le cours de choses, mais que d’anciens militaires se compromettent dans leur sillage est plus problématique. Ne sont-ils pas soumis à un devoir de réserve ? Sans doute plus une fois l’heure de la retraite sonnée. Peut-être faudrait-il revoir ce point et étendre ce devoir dans le temps ? Des journalistes incompétents qui ne savent pas dire « je ne sais pas », on est habitué, mais des généraux bavards c’est plus problématique d’un point de vue éthique et militaire.

L’extrême gauche française est extrême

Kiro / Le Canard Enchaïné (11/10/2023)

Un débat sémantique agite le microcosme politico-médiatique franchouillard pour savoir si l’attaque du mouvement religieux Hamas contre Israël est de nature « terroriste » ou non. Devant la barbarie des exactions massives commises contre les civils israéliens lors des attaques du 8 octobre, une grande partie de l’échiquier politique français s’accorde à le penser et à le dire quand le parti La France insoumise (LFI) s’y refuse, parlant certes de crimes de guerre commis par les combattants du Hamas, mais évitant de les qualifier de « terroristes ».

Les politiciens de plateaux télévisés s’en émeuvent et les journalistes qui les interrogent sont bien jeunes pour se souvenir des liens qui ont toujours unis l’extrême-gauche française avec les mouvements palestiniens. Depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, la gauche, et pas uniquement extrême, a soutenu la cause palestinienne, y compris parfois dans ses actions illégales. Dans les années 1960-1980 nombre de militants révolutionnaires français sont allés se former à la guérilla dans les camps palestiniens. Le groupe terroriste Action Directe commet des attentats en France dans les années 1980 contre des intérêts israéliens, en solidarité avec le nationalisme palestinien. Des intellectuels français ont également fait le voyage en Palestine. Le curriculum vitae de l’avocat Jacques Vergès (1924-2013) mentionne une période blanche d’une dizaine d’années sur laquelle il ne s’est jamais clairement exprimé mais certains de ses biographes estiment qu’il aurait pu séjourner durant une partie de cette période en Palestine. L’écrivain-dramaturge Jean Genet (1910-1986) y a fait plusieurs séjours et forgé son antisionisme teinté d’antisémitisme. Le trotskisme qui a irrigué la pensée de la gauche française depuis l’après-guerre l’a naturellement poussée vers la cause palestinienne, après avoir soutenu fort logiquement l’indépendance de l’Algérie. En effet, cette cause rassemblait nombre des idées force de l’internationalisme propre au trotskisme : l’autodétermination des peuples, l’anti-impérialisme (dirigé contre les Etats-Unis, soutien permanent d’Israël), l’anticolonialisme et, plus généralement, la défense des plus défavorisés et maltraités par l’Histoire… L’extrême-gauche française de la fin du XXème siècle s’est engouffrée dans cet espace, parfois un peu gênée aux entournures car Israël était le peuple qui avait affronté la Shoah et l’antisémitisme dévastateur de certains peuples européens durant la seconde guerre mondiale. L’intellectuel Jean-Paul Sartre a navigué d’une position à l’autre, soutenant la création d’Israël et les actions de son gouvernement dans les années 1950-1960, puis apportant un soutien intellectuel aux mouvements palestiniens, même dans certaines de leurs dérives terroristes à partir des années 1970, sans contester pour autant l’existence d’Israël.

Le patriarche de LFI, Jean-Luc Mélanchon (né en 1951) a participé à ce mouvement intellectuel dès 1968. Les autres dirigeants de LFI sont les enfants de cette génération « révolutionnaire ». Leur demander de changer leur position historique propalestinienne est juste peine perdue d’autant plus qu’une partie de leur électorat d’origine arabe est naturellement en faveur de la cause comme le confirment les manifestations propalestiniennes qui se déroulent dans différentes villes françaises. Qu’ils refusent de qualifier le mouvement Hamas de « terroriste » n’a rien d’étonnant et n’est finalement de guère d’importance. Ils en ont le droit. Les positions de Jean-Luc Mélanchon et de LFI n’exercent aucune influence sur l’évolution du conflit alors le mieux est de cesser de gloser à l’infini sur un adjectif manquant dans leur discours et de passer à autre chose. Que ceux qui ne sont pas d’accord avec LFI ne votent pas pour eux, c’est encore la meilleure attitude à adopter.

Lire aussi : Un nouveau front ouvert en Israël

La Corse veut toujours s’éloigner de la République

Le Canard Enchaîné (07/12/2022)

L’Etat français a lancé des négociations avec des représentants de l’institution « collectivité de Corse » pour arrêter les contours d’une « autonomie » renforcée par rapport à celle déjà octroyée à cette île. Le 5 juillet 2023, la « collectivité » a adopté à la majorité un texte de délibération de 106 pages intitulé « Autonomia » qui stipule notamment, dans son article 2 :

… que l’autonomie se définit comme le statut juridique permettant à un territoire d’adopter ses propres lois dans tous les domaines, à l’exception de ceux relevant des prérogatives régaliennes de l’Etat.

Que ce statut implique le transfert irréversible de certaines compétences, l’octroi d’un pouvoir législatif dans le champ de celles-ci, une autonomie fiscale et financière non exclusive des transferts financiers de l’Etat et des moyens nécessaires à l’exercice de ces compétences.

L’article 3 mentionne les objectifs de cette autonomie :

  1. La reconnaissance juridique du concept de « peuple corse »
  2. Le statut de coofficialité de la « langue corse »
  3. La « constitutionnalisation » du « lien entre le peuple corse et sa terre » qui pourrait prendre la forme de l’instauration d’un statut de « résidant corse »

Ceci devant donner lieu à une modification de la constitution française, le texte poussant même la délicatesse jusqu’à proposer une rédaction des articles à modifier ou créer ainsi que la liste des pouvoirs à transférer de la République vers la « collectivité autonome », dont l’autonomie fiscale permettant à la Corse de décider de tous les impôts, bases de calcul et taux d’imposition.

L’article 19 rappelle néanmoins que « que tout statut d’autonomie implique nécessairement la garantie de transferts financiers en provenance de l’Etat, affirmation de la solidarité nationale, et prévoit les modalités de leur mise en œuvre. »

Le groupe de droite composant l’opposition à la majorité autonomiste et indépendantiste de la collectivité a voté pour sa propre délibération qui appelle à un simple « pouvoir d’adaptation » des lois françaises. Les deux textes ont été présentés à l’Etat et le président de la République de passage en Corse fin septembre a pris quelques engagements de modifier la constitution pour y mentionner la Corse sachant qu’il est peu probable que l’assemblée nationale et le sénat arrivent à s’accorder sur un texte unique, condition préalable indispensable à tout changement constitutionnel.

Les vrais indépendantistes corses ont marqué leur choix pour une indépendance pleine et entière en déclenchant une nouvelle « nuit bleue » dimanche dernier avec une vingtaine de plastiquages de maisons privées, le plus souvent des résidences secondaires appartenant à des propriétaires que les indépendantistes de veulent pas voir sur leur ile. C’est l’illustration de ce que représente le concept de « résident corse » demandé même par les autonomistes : on choisit qui a le droit de détenir ou pas un bien immobilier en Corse. Les indépendantistes font passer le message à coups de bombes, les autonomistes cherchent à changer la loi, mais l’objectif est commun.

La Corse veut, globalement, le divorce avec pension alimentaire. Devant les déclarations présidentielles plutôt favorables à une évolution vers l’autonomie corse dont il reste à s’accorder sur les limites, la région Bretagne a rappelé son souhait de suivre un chemin comparable. La Corse risque non seulement de quitter la République mais aussi d’en changer significativement la structure si les autres régions s’avisent de l’imiter. Les lendemains risquent d’être douloureux !

Un président du sénat réélu malgré son âge de 74 ans

Gérard Larcher, 74 ans, vient d’être réélu pour un énième mandat à la présidence de cette institution. Il occupe ce fauteuil depuis 12 ans compte tenu d’une interruption de trois ans entre 2012 et 2014. Il est âgé, pas antipathique mais néanmoins âgé. Il aurait été de bon ton qu’il envisage de céder sa place à un collègue plus jeune et dynamique. Il n’a pas démérité mais douze ans « ça suffit ». Sauf évènement imprévu il en prend pour trois années supplémentaires ce qui lui fera quinze années de présidence, si ce n’est plus dans le cas, pas improbable, où il se représenterait en 2026…

Par son insistance à rester collé à son maroquin il symbolise l’immobilisme français d’une caste politique accrochée à des postes sous les dorures d’une République qui traite plutôt bien ses employés « VIP ». Ces hommes se croient indispensables à la survie d’un pays tiraillé entre l’attentisme d’une classe politique rance et la violence d’une jeunesse bigarrée et impatiente. Gérard Larcher est l’un des derniers dinosaures de la Vème République, il aurait été tout à son honneur qu’il sorte en beauté cette année, et avec les honneurs, pour prendre une retraite à peu près méritée (et lucrative puisque le « régime spécial » de la retraite des sénateurs a été maintenu en place). Il en a décidé autrement, hélas !

LFI révise son histoire de France

Dutreix / Le Canard Enchaîné (27/09/2023)

L’union de la gauche issue des élections législatives de 2022, dénommée « Nouvelle union populaire, écologique et sociale » (NUPES), dont on ne sait toujours pas s’il faut prononcer « Nupesses » ou « Nupss », est en train de se déchirer entre son parti principal, La France Insoumise (LFI) dirigée par Jean-Luc Mélanchon et « coordonnée » par Manuel Bompart, se distingue par le niveau de ses injures tous azimuts, y compris contre les autres partis composant cette nouvelle union.

Ces derniers temps c’est le chef du parti communiste français (NUPES), Fabien Roussel, qui est la cible privilégiée des attaques du clan LFI. Il vient récemment d’être comparé à Jacques Doriot par Sophia Chikirou, députée LFI et actuellement empêtrée dans des affaires financières de surfacturation de prestations effectuées par sa boutique de « communication » à LFI. Un peu lassé de se faire insulter par l’état-major de LFI, Roussel s’achemine sans doute vers la sortie du PCF de la NUPES. C’est à cette occasion que Mme. Chikirou l’a comparé à Doriot (1898-1945).

Sans doute pas grand monde dans l’électorat de la NUPES ne sait qui est ce Monsieur Doriot. Les plus jeunes apprendront à cette occasion que le garçon, après une valeureuse participation à la guerre de 1914-1918 il fut décoré de la Croix de guerre puis devient chef des Jeunesses communistes. A ce titre il séjourne deux ans en Union soviétique (1921 & 1922) où il prend fait et cause pour le parti bolchévique puis consacre son engagement à diffuser la bonne parole soviétique à travers les partis communistes européens. Puis il sera élu maire et député. Dans les années 1930 il va probablement s’éloigner du communiste dont les grandes lignes sont arrêtées à Moscou, l’opposition portant sur la meilleure façon de lutter contre le fascisme qui montre son nez en Allemagne et risque de s’étendre dans les pays avoisinants. En 1934 il est exclu du PCF. Outré de cette sanction il va progressivement se rapprocher de l’Allemagne nazie par rejet du communisme. En 1936 il crée le Parti populaire français (PPF) qui prône la « révolution nationale » et le pacifisme. Mobilisé en 1940 sous le drapeau français il gagne une seconde Croix de guerre sur le front avant d’être démobilisé. Après la signature de l’armistice en juin 1940 il se rapproche du gouvernement de Pétain puis commence à sérieusement dériver vers la collaboration avec l’Allemagne jusqu’à porter l’uniforme allemand sur le front de l’est contre les soviétiques. Après le débarquement de 1944 en Normandie il fuit en Allemagne. Sa voiture est mitraillée par un avion en février 1945, il est tué. Il n’a jamais été établie clairement si l’avion était allemand ou allié.

La comparaison Doriot/Roussel établie en toute délicatesse par Mme. Chikirou a dû faire particulièrement plaisir au récipiendaire de l’insulte. Même si Fabien Roussel en tant que patron du PCF doit aussi assumer une lointaine responsabilité des errements du parti communiste durant la seconde guerre mondiale, le comparer à Jacques Doriot qui a porté l’uniforme de la Wehrmacht durant cette guerre manque pour le moins d’empathie et de subtilité. Cela marque les comportements des élus LFI qui ont rallié en force l’assemblée nationale après les élections législatives de 2022 avec plus de 140 députés dont 72 pour LFI qui se sont illustrés par leurs tentatives multiples de blocages institutionnels, insultes proférées à la tribune et dans les couloirs, chahuts divers, bref, des comportements de gougnafiers dans l’un des palais de la République qu’il conteste puisqu’ils veulent en créer un VIème, sans doute à leur image.

Ainsi va la vie démocratique, ils ont été élus régulièrement, alors ils siègent et utilisent toutes les ficelles du système qui a été fondé sur la base de députés de bonne foi et non d’élus qui utilisent des méthodes de forbans pour nuire au fonctionnement fluide de l’assemblée nationale. Les concepteurs de la Vème République avaient une bonne anticipation de la capacité de nuisance des partis politiques qui, déjà, jouaient contre l’intérêt national sous la IVème, au bénéfice des combines partisanes, ont incorporé dans la constitution toute une série d’outils (article 49.3 entre autres) permettant de passer outre les blocages d’élus de mauvaise foi. Les insultes ou les références historiques douteuses peuvent être sanctionnées en application du règlement intérieur de l’assemblée, et elles le sont généralement, tant que LFI n’a pas la majorité dans l’assemblée…

Si les électeurs ne veulent plus de tels errements il suffit de ne plus voter pour de tels représentants. En attendant, ils sont là et prospèrent avec l’argent de la République.

Un kif de ouf pour le remaniement

A l’occasion d’un remaniement ministériel en France, sans grand intérêt, on apprend que la nouvelle sous-ministre de la ville, Sabrina Agresti-Roubache, une marseillaise, a signé et publié en 2022 un livre qui s’intitule « Moi la France, je la kiffe ! ».

Ça promet…

Le retour des sauvageons

Biche / Charlie Hebdo (09/06/2023)

A la suite de la mort d’un gamin de Nanterre le 27 juin lors d’un contrôle de police qui a mal tourné, les émeutes ont repris dans un nombre important de villes françaises durant plusieurs nuits. Le policier qui a tiré a été mis en examen et attend la suite des évènements en prison. Le jeune de 17 ans conduisait une grosse berline sans permis et aurait refusé d’obtempérer au contrôle. La politicaille franchouillarde se déchaîne, rivalisant de slogans et d’absence d’analyse, la presse frétille en invitant sur ses plateaux et en montant les uns contre les autres les commentateurs les plus inconsistants et les « experts-sécurité » les plus répétitifs. L’enquête et l’éventuel procès en diront plus sur ce qui s’est vraiment passé et sur le profil des personnes impliquées dans ce drame.

Les émeutiers n’ont pas attendu et sont descendus dans la rue pour tout casser, visant tout spécialement les bâtiments publics, et les forces de sécurité. Le pillage a été aussi une activité très pratiquée durant ces nuits de violence et nombre de magasins ont été dévalisés. Le journal Le Monde fait état d’un premier bilan font de 5 000 véhicules brûlés, 10 000 feux de poubelle, 1 000 bâtiments brûlés, dégradés ou pillés, 250 attaques de commissariats ou de gendarmerie et plus de 700 blessés du côté des forces de l’ordre. On a retrouvé une balle « réelle » dans le gilet pare-balle d’un policier en banlieue parisienne et une autre balle perdue a tué un citoyen en Guyane.

Les images de ces émeutes sont marquantes et ce qu’on y voit relève de la guérilla urbaine. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu plus de morts et de blessés. L’arme favorite des émeutiers est le mortier de feu d’artifice dont ils semblent avoir stocké des quantités importantes leur permettant de tenir un siège. Tous ce petit monde se promène bien entendu avec des smartphones dernier cri et les abonnements internet leur permettant de communiquer sur les réseaux dits « sociaux » pour adapter leurs tactiques de minute en minute, et diffuser les vidéos de leurs exactions. Ce ne sont pas vraiment les émeutes de la pauvreté ! Le maire de L’Haÿ-les-Roses a vu le portail de sa maison défoncé par une voiture bélier et un début d’incendie forcer son épouse et ses deux enfants à fuir chez les voisins alors que le maire était à son bureau.

Chappatte / Le Canard Enchaïné (05/07/2023)

Les premiers jugements d’émeutiers attrapés par la police et présentés devant la justice en comparution immédiate montrent un nombre important de mineurs impliqués dans ces évènements et des citoyens lambda qui sont entrés « par hasard » ou « pour suivre » dans les magasins en cours de pillage. Un certain nombre sont allés directement du tribunal en prison. Et ce n’est pas fini, nombre de cas n’ayant pas encore été jugés.

Bien entendu toutes ces dégradations de biens publics seront réparées aux frais des contribuables, dans un délai plus ou moins long. Les dégradations privées seront au moins partiellement payées par le secteur privé des assurances, pour les victimes qui ont souscrit des polices d’assurance. Toutes choses égales par ailleurs, la dette publique et les cotisations aux assurances privées vont augmenter. Le moral des victimes risque par ailleurs de connaître un « trou d’air » pour un moment et la Rassemblement national va se rapprocher encore un peu plus du pouvoir.

Les pays en froid avec la France ne manquent pas une occasion de faire de l’ironie. En Russie, on se souvient que le président Poutine avait déjà rappelé que le système de retraite russe était bien plus généreux que le français et ne déclenchait donc pas de protestation du peuple, le ministre des affaires étrangères russe propose aujourd’hui que le sommet de l’OTAN soit consacré « aux divisions de la France, à la faiblesse de son armée et de ses services de sécurité ».

L’Algérie communique par l’intermédiaire de son ministère « des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger » :

Communiqué – L’Algérie suit avec beaucoup d’intérêt les développements de l’affaire du décès du jeune Nahel

Le Ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’Etranger a appris avec choc et consternation la disparition brutale et tragique du jeune Nahel et des circonstances particulièrement troublantes et préoccupantes dans lesquelles elle est intervenue.

Le Ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’Etranger exprime ses très sincères condoléances à la famille du défunt et l’assure que son deuil et sa peine sont largement partagés dans notre pays.

Le Ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’Etranger fait confiance au gouvernement français à assumer pleinement son devoir de protection, soucieux de la quiétude et de la sécurité dont doit [SIC] bénéficier nos ressortissants sur leur terre d’accueil.

Le gouvernement algérien continue à suivre avec une très grande attention les développements de cette affaire tragique, avec le souci constant d’être aux côtés des membres de sa communauté nationale au moment de l’adversité et de l’épreuve.

https://www.mfa.gov.dz/fr/announcements/communique-algeria-is-following-with-great-interest-developments-in-the-case-of-the-death-of-young-nahel-1

Il faut lire le communiqué algérien pour apprendre que l’adolescent tué a à voir avec l’Algérie, la presse française n’en parle pas. Le ministère demande à la France de prendre soin de « nos ressortissants » et de « sa communauté nationale ». En fait Nahel est de nationalité française, a priori, né en France mais l’Algérie continue probablement à assimiler à sa « communauté nationale » les descendants de ses émigrés. D’ailleurs le nom du ministère intègre « la communauté nationale à l’étranger », ajoutant à la confusion qui règne déjà dans la relation entre les deux pays.

Même l’ONU ne se prive pas de sermonner la France dans un communiqué du 20/06/2023 :

Après une troisième nuit d’émeutes et de manifestations à travers la France à propos du meurtre par la police d’un adolescent d’origine algérienne et marocaine, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a déclaré vendredi qu’il était temps pour le pays de s’attaquer aux « profonds problèmes » de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre.

https://news.un.org/fr/story/2023/06/1136572

Au-delà de ces réactions internationales finalement de peu d’importance, ces émeutes, destructions du bien public et pillages qui reviennent à intervalle régulier ne font que confirmer le chemin de décadence déjà emprunté par le pays depuis quelques décennies et que ses dirigeants et élus n’arrivent à pas à inverser. Ce n’est pas étonnant, on a les dirigeants qu’on mérite. Les nôtres sont à l’image de leurs électeurs : râleurs permanents, nombrilistes impénitents, imperméables à la notion d’intérêt général, l’injure et la violence érigés en modes de fonctionnement, les élus se limitant, pour le moment, à la violence verbale. Les conditions d’une réconciliation nationale semblent s’éloigner de jour en jour. Ainsi va la France !

La Corse déracinée

Simone Weil (1909-1943)

Dans son œuvre majeure “Enracinement » écrite en 1943, quelques mois avant son décès à 34 ans, la philosophe française Simone Weil écrivait :

Paoli, le dernier héros corse, dépensa son héroïsme pour empêcher son pays de tomber aux mains de la France. Il y a un monument en son honneur dans une église de Florence ; en France on ne parle guère de lui. La Corse est un exemple du danger de contagion impliqué par le déracinement. Après avoir conquis, colonisé, corrompu et pourri les gens de cette île, nous les avons subis [soumis ? NDLR] sous forme de préfets de police, policiers, adjudants, pions et autres fonctions de cette espèce, à la faveur desquelles ils traitaient à leur tous les Français comme une population plus ou moins conquise. Ils ont aussi contribué à donner à la France auprès de beaucoup d’indigènes des colonies, une réputation de brutalité et de cruauté.

80 ans plus tard, il n’y a rien à ajouter ou retirer.

Jack Lang (83 ans) reconduit à l’IMA

L’Institut du monde arabe (IMA) communique sur son site :

L’ancien ministre socialiste de la Culture Jack Lang a été reconduit pour trois ans à la tête de l’Institut du monde arabe (IMA), a annoncé vendredi l’institution, dans un communiqué.

Le Haut conseil de l’IMA qui rassemble tous les ambassadeurs des pays arabes, puis le Conseil d’administration se sont réunis dans la matinée à Paris.

« Jack Lang a été reconduit à l’unanimité par le Conseil d’administration », a précisé le communiqué. Le Conseil, dans lequel un plus grand nombre de femmes font leur entrée, a aussi nommé un nouveau bureau comprenant six membres.

https://www.imarabe.org/fr/actualites/l-ima-au-jour-le-jour/2020/jack-lang-reconduit-comme-president-de-l-institut-du-monde

Ainsi l’Etat français a cédé devant l’insistance indécente de cette personne âgée de 83 ans, les cheveux noirs de teinture (sauf le bout de ses pattes où il laisse apparaître un peu de blanc…), qui s’estimait indispensable à l’avenir de l’IMA qu’il préside déjà depuis déjà plus de dix ans, sans avoir démérité d’ailleurs. De quels moyens de persuasion, voire de pression, peut disposer un cacique socialiste de 83 ans, sur le retour, pour imposer sa personne à l’Etat ? C’est un mystère ! La République ne peut-elle imposer un nécessaire renouvèlement et rajeunissement pour nommer les titulaires à ce genre de maroquins ?

A priori non, et c’est là un des drames français, pas le plus grave, bien sûr, des multiples maux qui font régresser le pays, mais symbolique de l’inertie et de l’immobilisme qui rongent la République. Le plus troublant dans cette affaire est que ce type de problème est facile à régler, il suffit de shooter sur un marronnier du Vème arrondissement pour qu’en tombent une multitude de candidats tout aussi compétents, sortis des meilleurs écoles, arabisants, acceptables pour les administrateurs de l’Institut, et avec 40 années de moins. Eh bien non, on préfère renouveler un vieillard qui a déjà servi plus de 10 ans à ce poste pour d’obscures raisons de copinage ou de crainte de polémiques en une période qui n’en manque pas.

Déprimant !

Lire aussi :

La Polynésie française suit la voie de la Nouvelle Calédonie

La Polynésie française vient d’élire à la tête de son gouvernement local un indépendantiste, M. Moetai Brotherson, comme la Nouvelle-Calédonie l’a fait fin 2021. Dans le même temps, l’assemblée territoriale polynésienne a élu un président autonomiste. Les deux vastes territoires français dans le Pacifique marquent leur volonté de s’éloigner de la France. Les trois parties ont intérêt à ce que le processus se passe de façon intelligente, apaisée et coordonnée.

Même si M. Brotherson serait un indépendantiste « modéré » le message envoyé à la métropole est clair : il faut accompagner progressivement ces régions (la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie) vers l’autonomie, puis, l’indépendance. Le processus va être long et probablement chaotique, il va falloir faire preuve de subtilité et ce chemin va nécessiter des responsables visionnaires. Paris va devoir avaler son chapeau et affronter une blessure d’ego à l’idée de perdre des territoires, Nouméa et Tahiti vont devoir faire preuve de responsabilité face à un objectif qui va les faire passer du stade d’enfants à celui d’adultes. Ce n’est pas gagné et, sans cesse, il faudra remettre l’ouvrage sur le métier. Il y aura des échecs (comme celui des référendums calédoniens de la période 2018-2022), sans doute des violences, cela prendra des générations mais cette direction doit être maintenue. L’indépendance des colonies africaines dans les années 1960 était aussi inévitable. La France l’a réalisée dans des conditions acceptables dans la majorité des cas. L’exception est évidemment l’Algérie où une guerre sauvage a été menée pour aboutir finalement… à l’indépendance de ce pays, suivie de décennies de mauvaises relations entre Paris et la nouvelle République algérienne.

L’indépendance de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française est écrite. Il reste maintenant à l’exécuter dans des conditions acceptables. L’une des conditions à la réussite des ces indépendances est de donner la garantie à ces territoires que la France continuera à les financer pendant une durée raisonnable en attendant leur pleine émancipation économique. C’est l’intérêt de tous.

La Nouvelle-Calédonie attend de la métropole les orientations de son avenir

La Nouvelle Calédonie a élu fin 2021 un dirigeant indépendantiste, Louis Mapou, à la tête de son « gouvernement collégial » qui est l’exécutif qui gouverne cet archipel. C’était une bonne nouvelle pour l’avenir du processus de décolonisation entamé avec les accords dits « de Matignon » (1988), puis « de Nouméa » (1998) qui n’ont pas pu aboutir à une issue heureuse en 2022. Un nouveau processus est maintenant à mettre en place pour définir l’avenir de cette colonie pour les décennies à venir et personne ne sait très bien par quel bout prendre le problème.

Lire aussi : La dépendance de la Nouvelle-Calédonie reste légèrement majoritaire à l’issue du référendum du 4 octobre

M. Mapou était récemment en visite à Paris et a déclaré à différents médias que les propositions d’avenir devaient venir de l’Etat :

C’est le moment de la République. Les derniers points en discussion sont en lien avec la République. A trop demander aux Calédoniens eux-mêmes de trouver la solution, on risque de ne pas y parvenir


Le Monde 13/05/2023

Il est tout de même un peu inattendu qu’un dirigeant indépendantiste attende que les propositions sur le futur calédonien viennent « de la République ». Certes, elles seront ainsi plus faciles à critiquer mais on peut douter qu’elles satisfassent localement les partis indépendantistes. Pourquoi cette fuite ? Peut-être car, après le rejet lors de trois référendums, plus personne ne sait que proposer…

Le gouvernement calédonien qui dispose d’une quasi autonomie en matières économiques, sociales et culturelles a par ailleurs besoin de sous et Louis Mapou était aussi à Paris pour demander une rallonge aux contribuables métropolitains puisqu’il ne souhaite pas augmenter les impôts des contribuables locaux, tout en reconnaissant la nécessité d’une réforme fiscale.

Malgré les habituels effets de manche de Nouméa à Paris, pas sûr que nous aboutissions rapidement à l’indépendance de la Nouvelle Calédonie ! Comme pour le cas de la rétrocession de Mayotte aux Comores, la France est prise à son propre piège et ne sait pas comment s’en sortir sinon en maintenant le statuquo et les dépenses publiques conséquentes.

Lire aussi : L’éternel syndrome des citoyens d’anciennes colonies françaises

L’éternel syndrome des citoyens d’anciennes colonies françaises

Alors que la situation de l’Île de Mayotte dans l’archipel des Comores ne cesse de se dégrader, sans solution viable en vue autre que sa rétrocession aux Comores, le journal Le Monde nous informe que le ministre des affaires étrangères comoriens et son épouse bénéficient de la nationalité française. Cette dernière résiderait à La Réunion où le couple serait impliqué dans une fraude aux prestations sociales.

Evidemment cela ne manque pas de sel alors que ledit ministre était encore récemment à Paris au sein d’une délégation officielle comorienne dans le cadre des relations bilatérales entre les deux pays. Il apparaît que d’autres ministres comoriens de l’actuel gouvernement bénéficient également de la nationalité française. Alors que les Comores revendiquent légitimement le retour de Mayotte dans leur giron, on imagine le conflit d’intérêt existant lorsque lesdits ministres s’assoient au Quai d’Orsay devant leurs homologues français quand le site web du ministère français publie un extrait de son point de presse du 02/05/2023 :

Les mises en cause du ministère des Affaires étrangères n’ont pas lieu d’être. Il y a une seule position du gouvernement, tous ministères confondus : Mayotte est un territoire de la République française, par le choix des mahorais d’être et de demeurer français. Nous défendons ce choix dans les enceintes régionales et internationales, comme dans notre dialogue avec les Comores.

https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/comores/evenements/article/comores-q-r-extrait-du-point-de-presse-02-05-23

Au-delà de la situation judiciaire du ministre franco-comoriens et de sa femme résidant à La Réunion, finalement de peu d’intérêt, et alors que le débat fait rage en France sur l’immigration illégale comorienne à Mayotte, il est étonnant que personne sur les plateaux télévisés mondains n’ose aborder l’hypothèse d’une ouverture de négociations avec les Comores sur la rétrocession de Mayotte qui est demandée à la France par l’assemblée générale des Nations Unies. On imagine aisément le tonnerre de polémique qui serait déclenché par un tel débat mais au fond d’eux-mêmes, la majorité des débatteurs savent bien qu’il n’y a aucun espoir que les choses s’arrangent tant l’attrait de la richesse et de du système social de Mayotte aimante les Comoriens, dont même le ministre des affaires étrangères bénéficie des prestations…

La France se berce de l’illusion de sa puissance en détenant ce confetti qui lui octroie un domaine maritime dans le canal du Mozambique. Ce confetti de l’empire n’est qu’une source d’ennuis pour la métropole, une aberration juridique issue de la décolonisation du XXème siècle, à l’origine d’une montagne de frustrations : à Mayotte où les Français y résidant s’estiment oubliés par Paris et aux Comores où les autorités nationales s’estiment spoliés par l’ancienne puissance coloniale qui a conservé sous sa souveraineté une partie de l’archipel comoriens sur lequel elle n’avait aucun droit.

Pour la France qui a globalement échoué dans son processus de décolonisation, le syndrome post-colonial génère aujourd’hui toujours de sérieux effets négatifs, en Algérie, au Mali, aux Comores…

Lire aussi : L’erreur tragique de 1974 sur Mayotte, ses conséquences inextricables

L’erreur tragique de 1974 sur Mayotte, ses conséquences inextricables

Depuis l’erreur tragique commise en 1974 par la France en manipulant le référendum d’autodétermination de l’archipel des Comores de façon que le scrutin soit décompté par île et non pas pour l’archipel d’un seul bloc, la République française compte un territoire perdu dans le canal du Mozambique, Mayotte, et ce confetti va de Charybde en Scylla, s’enfonçant toujours plus dans la misère et la violence sans guère de solutions pour sortir de ce marasme. La départementalisation proposée par un gouvernement stupide en 2010 via un référendum local qui fut bien entendu approuvé à plus de 95%, n’a rien changé sinon accroître encore les attentes et les frustrations des mahorais.

Ces dernières années, l’île de Mayotte s’est transformée en plateforme d’immigration illégale de migrants venant des autres îles de l’archipel des Comores devenues indépendantes en 1974, attirés par le niveau de vie français et la possibilité d’être un jour régularisés en obtenant la nationalité française. Nombre de parturientes comoriennes viennent accoucher à Mayotte afin que leurs enfants y bénéficient du droit du sol et obtiennent automatiquement un passeport français, rendant ainsi plus difficile l’expulsion des parents en situation illégale. Ce droit « du sol » a même été restreint par l’administration pour tenter de décourager les candidats à la traversée des Comores vers Mayotte qui ne fait qu’une petite centaine de kilomètres mais durant laquelle plusieurs milliers de migrants ont déjà péri en mer.

Ces derniers mois une violence endémique s’est développée sur ce caillou où la simple compréhension des lois de la République par les citoyens relève du rêve, et leur application strictement s’avère impossible. Les Comores indépendantes passent des accords avec la France en contrepartie d’aides financières mais savonnent consciencieusement la planche de Paris puisqu’elles ont pour objectif de réunifier Mayotte à sa mère patrie, d’autant plus que la France n’a pas laissé que des bons souvenirs aux Comores. On se souvient des « exploits » du mercenaire Bob Denard que Paris a laissé co-diriger le pays pendant des années avant de mettre fin à cette galéjade par une opération militaire qui permit d’arrêter le mercenaire et sa troupe de pieds nickelés en 1995.

La communauté internationale va dans le même sens et l’Organisation des Nations Unis (ONU) a inscrit Mayotte dans la lite des pays à décoloniser. Dans différentes résolutions, systématiquement renouvelées, son l’Assemblée générale rappelle « la nécessité de respecter l’unité et l’intégrité territoriale de l’archipel des Comores, composé des îles d’Anjouan, de la Grande Comore, de Mayotte et de MohéliRéaffirme la souveraineté de la République fédérale islamique des Comores sur l’île de Mayotte » et « prie instamment le Gouvernement français d’accélérer le processus de négociation avec le Gouvernement comorien en vue de rendre rapidement effectif le retour de l’île de Mayotte dans l’ensemble comorien ». Cela va de soi.

Lire aussi : UN_Mayotte_1994.pdf

A chaque assemblée générale de l’ONU le président comoriens réaffirme sa volonté de réunification de Mayotte soutenu par les pays membres.

Devant l’exaspération des mahorais en situation légale et la récupération politique à laquelle de se livrent les partis d’opposition en métropole avec gourmandise afin de stigmatiser « le laxisme » du gouvernement, le ministre de l’Intérieur déclenche cette semaine une opération « nettoyage » prévoyant la destruction des bidonvilles construits par les migrants et l’expulsion des illégaux. Comme ils viennent à plus de 90% des îles proches des Comores, les dirigeants de pays ont déjà averti qu’ils refuseraient de réadmettre leurs citoyens… C’est grosso-mode le genre de refus qu’essuie la France de la part de toutes ses anciennes colonies lorsqu’elle veut y expulser leurs ressortissants en situation illégale ou, pire, condamné pour délinquance. C’est la revanche des anciens damnés de la terre. Bienvenue dans le monde des relations post-coloniales !

En réalité la France n’a aucune autre solution pour se sortir de ce bourbier que de restituer cette île colonisée à sa « maison-mère ». Personne n’ose le dire mais tout le monde le pense (sauf les mahorais bien sûr). Ce sera évidemment tragique, une sorte d’indépendance algérienne en modèle réduit. Le problème serait essentiellement humain puisque les citoyens français installés sur l’île, d’origine mahoraise ou expatrié, s’opposeraient à cette décolonisation. Il faudrait pouvoir leur donner le choix : soit rester sur place, soit émigrer dans un autre territoire français. Il y doit y avoir aujourd’hui environ 300 000 habitants à Mayotte dont 1/3 d’illégaux. Il faudrait donc pouvoir accueillir au maximum 200 000 citoyens en France si Mayotte était restituée aux Comores.

Ce ne sera pas simple à réaliser mais ce serait conforme au droit international et la seule solution pour se débarrasser du problème sans trop nuire aux habitants français de l’île qui auraient ainsi la possibilité de garder cette nationalité s’ils le souhaitent. Continuer sur la voie actuelle ne fera qu’amener de nouveaux déboires, et probablement des drames bien plus graves que ceux rencontrés jusqu’ici. Le statuquo ne fera qu’empirer la situation et plus on attendra, plus le passif à régler sera lourd. Aller sur cette voie sera long et demandera un courage politique à la hauteur de celui que MonGénéral a déployé en 1962 pour conclure l’indépendance de l’Algérie. Espérons pour les générations futures qu’un dirigeant français osera initier ce processus d’indépendance de Mayotte. A défaut, le problème sera reporté sans fin sur nos enfants.

La devise du Département : « Ra Hachiri » signifie « Nous sommes vigilants », on ne saurait mieux dire !

Lire aussi : Mayotte… encore et toujours

Booba Robin de Bois

On connaît le poète Booba et ses compositions romantiques (lire aussi : Les idoles de la jeunesse), on ignorait son côté Robin de Bois volant à la rescousse des gogos escroqués par les « influenceurs et influenceuses », une espèce extrêmement nuisible au développement intellectuel des citoyens.

Nabilla est la parfaite représentante de ces VRP (voyageur représentant placier) du XXIème siècle : charcutée par la chirurgie esthétique (poitrine démesurée, lèvres refaites…) et peu gâtée par la nature en termes de neurones connectés, ex-vedette de la télé-réalité, habituée des magazines à scandales, résidante à Dubaï et prête à tenter de vendre n’importe quoi aux suiveurs des réseaux dits « sociaux » qu’elle anime (trois millions sur Twitter notamment).

Lire aussi :
Nabilla et le bitcoin
Nabilla ou l’effondrement intellectuel d’une population

Booba fait la une (le « buzz » comme on dit aujourd’hui) depuis plusieurs semaines sur les réseaux dit « sociaux » dans le cadre du combat qu’il mène contre ceux qu’il qualifie « d’influvoleurs ». Il s’en prend tout particulièrement à l’une d’entre elles qui dirige une entreprise mettant en rapport les sociétés commerciales et des « influenceurs » censés promouvoir leurs produits. La nunuche visée n’est probablement pas plus voleuse que ses coreligionnaires mais c’est elle qui prend. Booba, avec la délicatesse d’un rappeur musculeux dans un magasin de porcelaine attaque « l’influvoleuse » à coups de tweets vengeurs et peu délicats. Le garçon ayant 6 millions de suiveurs (contre 40 mille à sa cible) ses tweets sont relayés par ses fans qui y ajoutent souvent des insultes et parfois des menaces de mort envers la malheureuse « influenceuse ».

Harcelée, elle et sa famille, depuis un an, elle vient de porter plainte contre la plateforme Twitter qui laisse faire le rappeur ! Booba qui harcèle une « influenceuse » sur Twitter c’est l’hôpital qui se moque de la charité. La situation serait risible si elle n’étai pas si symptomatique de l’effondrement moral de notre époque qui glorifie le vide la pensée, le narcissisme ravageur de ses acteurs, la vulgarité endémique de ses héros.

Il ne manquerait plus que Booba et cette influenceuse soient invitées sur le plateau de Cyril Hanouna pour couronner cette affaire de si peu d’intérêt !

L’armée française à la rescousse des musculeux ?

L’organisation des Jeux Olympiques (JO) d’été en 2024 à Paris est annonciateur de beaucoup de difficultés pour très peu d’avantages. L’une d’entre elle concerne la sécurité qu’il faudra assurer en ces temps troublés de guerre et de terrorisme. Pour canaliser les foules grégaires et avinées vers les stades et autres lieux où se tiendront ces jeux dispendieux il est prévu de recruter des milliers d’agents de sécurité et il semble que l’organisation des JO ait du mal dans ce recrutement, même après avoir réduit les critères d’exigence appliqués à ces personnels, ce qui n’est pas très rassurant par ailleurs.

Pour résoudre ce problème, il est question d’essayer de procéder à des recrutements complémentaires à l’étranger dans les pays francophones ou, en dernier recours, de faire appel à l’armée comme le fit le Royaume-Uni lors de ses JO en 2012. Une telle hypothèse, si elle se réalisait, serait une nouvelle dérive dans l’organisation de jeux sportifs qui coûtent déjà très chers aux contribuables. L’armée n’est pas là pour faire la circulation. Elle a des tâches bien plus urgentes et vitales à mener pour la République dans le cadre de son budget. Si les jeux ne sont pas capables d’autofinancer leurs activités eh bien il faut faire exactement comme le ferait une entreprise : réduire la voilure pour adapter les dépenses aux revenus. C’est un concept assez simple à comprendre.

Aujourd’hui le Comité international olympique (CIO) grand maître des jeux du cirque, organisation richissime dont le siège est à Lausanne en Suisse (sans doute pas uniquement pour l’air vivifiant des Alpes) exige des exonérations fiscales des Etats dans lesquelles il opère. En France une telle exonération a été octroyées en 2020 par décret signé par les ministres Edouard Philippe, Gérald Darmanin et Roxana Maracineanu pour les JO Paris 2024.

Lire aussi : Les ministres Philippe, Darmanin et Maracineanu jettent l’argent public par les fenêtres et signent leur méfait

Cet abandon de recettes fiscales vient déjà s’ajouter aux dépenses publiques prises en charge par l’Etat à hauteur d’une petite dizaine de milliards d’euros, non compris les inévitables dépassements budgétaires qui pourraient presqu’être érigés en discipline olympique tant ils sont récurrents à chaque organisation de JO. Eh bien, en France, comme ce fut le cas au Royaume Uni, on risque de devoir en plus mettre en œuvre l’armée pour suppléer aux déficiences du privé. Le pays est ainsi assuré de garder son titre de champion olympique de la dépense publique.

Lire aussi : Jeux Olympiques : Paris essaye de limiter le racket

Nous avons voulu collectivement ces JO, eh bien, nous allons payer pour les avoir.

La droite d’opposition a échoué de peu à faire tomber le gouvernement

Felix / Charlie Hebdo (15/03/2023)

Par suite de l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution française pour faire adopter un peu en force la réforme des retraites, deux motions de censure du gouvernement ont été déposées par le groupe « d’opposition centriste » Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) et par le Rassemblement National groupe de franche opposition de droite.

Les groupes d’opposition de centre (LIOT) et de droite (RN – Rassemblement National) ont massivement voté pour la censure que les partis de gauche, bien qu’opposants, n’ont pas voté ne voulant pas mêler leurs voix à celles de la droite. Plus consternant, il s’est trouvé 19 députés du parti Les Républicains (LR) sur un groupe de 61 pour voter la censure du gouvernement et il s’en est fallu de 11 voix seulement pour que le gouvernement ne soit pas renversé. On avait sous-estimé la haine que vouent les députés LR au pouvoir actuel et tout particulièrement à son président qui avait mis sur la table une réforme des retraites dont la mesure phare était de repousser l’âge de départ de 62 à 64 ans, c’est-à-dire un de moins que les 65 ans réclamés à corps et à cris par ce même parti depuis des années, et tout particulièrement dans le programme électoral de sa candidate aux dernières élections présidentielles.

L’arrivisme et les convictions changeantes de ces députés laissent pantois. Leur haine politique à l’encontre d’un président qui par deux fois a fait échouer leur propre candidat-président dans les grandes largeurs, François Fillon en 2017 et Valérie Pécresse en 2022. Aucun des deux ne réussit à passer le barrage pour accéder au deuxième tour et Emmanuel Macron fut élu en 2017 et en 2022. Il applique depuis une politique que l’on peut qualifier de centre-droit avec des réformes comme celle du statut de la SNCF que LR avait toujours rêvé de faire sans jamais oser se lancer.

Comment ce parti conservateur, lointain successeur du Rassemblement du peuple français (RPF) créé par MonGénéral peut-il ainsi avoir joué avec le feu en faisant le jeu des partis démagogiques de gauche comme de droite dure ? De Gaulle a dû s’en retourner dans sa tombe à Colombey-les-Deux-Eglises. Les chefs LR avaient appelé leurs troupes à voter pour la réforme et donc à ne pas voter pour la censure. Le moins que l’on puisse dire est que leur autorité vacille.

La logique aurait voulu que LR, qui dispose de la majorité au sénat, convienne d’un accord de gouvernement avec Renaissance, le parti présidentiel qui n’a qu’une majorité relative à l’assemblée nationale, puisqu’ils sont d’accord sur la majorité des sujets. Mais nous sommes en France et, malgré la situation déclinante du pays, le consensus politique est un concept qui n’est pas reconnu par les partis et ceux qui les composent. Les haines recuites, les insultes, la mauvaise foi et les retournements de veste sont érigés en mode de fonctionnement. La gauche nous avait déjà habitués à ces pratiques, le fait que la droite « de gouvernement » s’y mette également symbolise la décadence dans laquelle s’enfonce la Nation.

Résultats des deux motions

Motion Bertrand Plancher, groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT)

  • 18 députés du groupe LIOT sur 20 ont voté la censure
  • 19 députés du groupe Les Républicains (LR) sur 61 ont voté la censure
  • 88 députés du groupe Rassemblement National (RN) ont voté la censure
  • Les autres votants sont plus attendus

Motion Marine Le Pen, groupe Rassemblement National (RN)

  • 3 députés du groupe LR ont voté la censure
  • 88 députés du groupe Rassemblement National (RN) ont voté la censure
  • Les autres votants sont plus attendus

Aucune de ces deux motions n’a été adoptée.

La réalité et la révolution

La France est à nouveau la proie des émeutes. Avec une constance qui force l’admiration les accusations de violences policières refont surface. Les images de casseurs-émeutiers déclenchant des incendies ou cassant des vitrines de banques lors de manifestations urbaines contre la réforme des retraites, incendiant des véhicules de la gendarmerie et visant leurs occupants militaires à coups de fusées de feu d’artifice et de cocktails molotov dans les champs pour contester la construction de réservoirs d’eau à ciel ouvert pour l’irrigation de l’agriculture, sont assez édifiantes pour comprendre qui attaque qui.

Ce ne sont pas les véhicules des manifestants qui brûlent, ce ne sont pas les façades de leurs maisons qui sont saccagées, mais qu’importe, les forces de l’ordre sont accusées d’être violentes et de provoquer les émeutes. Avec la même mauvaise foi que le Kremlin accusant l’Occident de l’avoir attaqué dans la guerre d’Ukraine, la gauche française ne parle plus que des « violences policières » pour tenter de relativiser les dérives guerrières de la rue auxquelles on assiste et qui ont poussé le gouvernement à annuler une visite du Roi britannique qui devait avoir lieu ce week-end.

Forte de son passé révolutionnaire et comme toujours, cela dure depuis 1968 et même avant, la France regarde les contestataires violents d’un œil attendri. Ceux-ci se croient en mesure de défier la loi pour faire valoir ce qu’ils pensent être « l’intérêt général », même par la violence, alors que l’Etat estime comme relevant de son pouvoir régalien de faire respecter l’ordre, au besoin en utilisant la force « légitime » que lui octroie la Loi.

Il existe aujourd’hui en France une offre politique alternative qui n’a pas emporté la majorité des suffrages. M. Mélanchon qui s’émeut dans ses tweets et sur différentes scènes des « violences policières » n’a jamais été élu président de la République malgré plusieurs candidatures. Il suffit de voter pour lui et il appliquera un programme probablement plus conforme à ce qu’attendent les émeutiers actuels. Aujourd’hui il existe un choix démocratique possible dont on a même réduit la périodicité à cinq ans.

N’ayant pas réussi à faire élire un représentant qui les satisfasse, et probablement réalistes sur l’absence de perspective à en faire élire un à court terme, les émeutiers mènent le combat dans la rue. A défaut de majorité dans les urnes ils appliquent le vieux principe révolutionnaire maoïste : « action, réaction, révolution ». Passer des urnes au cocktail molotov a un peu été un principe politique français. Sans remonter à 1789, le XXème siècle a vu défiler les mouvements de contestation violents en France : la « révolution bourgeoise » de 1968 (qui s’est terminée par une dissolution de l’assemblée nationale et la réélection d’une chambre majoritairement de droite), les mouvements violents « Gauche Prolétarienne », « Action Directe » et bien d’autres, qui ont émaillé la vie politique des années suivantes, le plus souvent soutenus intellectuellement par une partie de l’intelligentsia, ont marqué le paysage politique français. Mao et Trotski ont été les inspirateurs de la gauche de cette époque. Les émeutiers actuels sont les successeurs de ces mouvements, le soutien des intellectuels en moins.

Mais le pays reste irrigué par les remugles de cette pensée d’un autre âge qui tend à justifier la violence politique et à condamner quasi-systématiquement la réaction des forces de sécurité. C’est ainsi et les partis conservateurs qui se sont succédé au pouvoir depuis la seconde guerre mondiale en France n’ont pas vraiment réussi à inverser cette influence, certes plus diffuse aujourd’hui, mais toujours prégnante.

Heureusement il reste Christine Boutin pour apporter son soutien au pouvoir mais son tweet n’a été retweeté que… 2 fois. C’est tout de même une bonne nouvelle dans un océan de catastrophes de savoir qu’elle n’intéresse plus grand monde :