Le nouveau monde à la peine…

Les Etats-Unis d’Amérique sont déjà rentrés dans la campagne électorale pour les présidentielles qui se dérouleront en novembre 2024. Les deux grand candidats déclarés, Joe Biden (né en 11/1942) et Donald Trump (né en 06/1946) présentent une moyenne d’âge de à 78 ans aujourd’hui, qui sera donc de 80 au jour de l’élection. Certes ce sont donc des hommes « d’expérience » mais on ce n’est quand même pas vraiment une bonne nouvelle de voir la première puissance mondiale, si fort et si créative, se donner à la gérontologie, telle le Kremlin dans les années Brejnev !

Comment peut-il se faire que ce pays ne soit pas en mesure de renouveler son élite politique au point de s’apprêter à élire un nonagénaire ? Soit les partis politiques ont pris soin de tout verrouiller pour empêcher tout intrus dans le fromage, soit il n’y a plus de volontaires, soit sans doute un peu des deux. Alors que les Etats-Unis ont su faire émerger un Bill Clinton (président de 1993 à 2001) ou un Barak Obama (président de 2009 à 2017), l’un et l’autre assez peu connus à l’époque de leur élection, l’élection de 2024 devrait se jouer entre deux vieilles carnes sur le retour. Pas sûr que ce soit un message très convaincant à envoyer à tous les pays et leurs dirigeants qui veulent mettre à bas la démocratie !

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« Les âmes perdues » de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne

Un documentaire glaçant sur l’affaire « César », du nom de code de ce photographe de l’armée syrienne qui a pris plus de 50 000 clichés des cadavres d’opposants syriens torturés puis tués par la police du régime au cours des années 2010 : fuyant Damas, il remit ses photos aux autorités occidentales (gouvernements, organisations non gouvernementales [ONG] et institutions multilatérales) qui les utilisent pour documenter les crimes du gouvernement syrien.

Le film suit surtout les démarches initiées par des familles syriennes exilées en France et en Espagne, bénéficiaires de la double-nationalité et qui ont reconnu des parents sur les photos des victimes, pour déposer plainte dans les pays d’accueil contre des dirigeants syriens. Ces processus judiciaires avancent difficilement car mettant en jeu des aspects politiques et diplomatiques, outre ceux ayant trait aux droits de l’homme. Toutefois des premières condamnations tombent en Allemagne contre des officiers syriens qui s’y étaient installés après avoir suivi la route des réfugiés en 2015 puis été identifiés par certaines de leurs victimes. La France s’apprête de son côté à juger par contumace trois généraux syriens pour crime contre l’humanité.

Les photos de « César » sont juste survolées. Même floutées elles montrent l’horreur à laquelle ont été soumises les victimes, hommes et femmes, jeunes et vieux. Elles illustrent aussi le sentiment de total impunité des autorités syriennes qui ont-elles-mêmes documenté leurs crimes avant d’émettre les certificats de décès nominatifs pour toutes victimes décédées, reconnaissant ainsi les faits… Un juriste explique dans le documentaire que les crimes syriens sont bien mieux documentés que l’ont été ceux des nazis au procès de Nuremberg en 1945 contre les 24 principaux responsables du régime nazis encore vivants à la fin de la seconde guerre mondiale.

Par les temps qui courent on peine à imaginer qu’un procès similaire puisse être tenu contre la famille al-Assad qui gouverne ce pays d’une main de fer depuis 1971, le fils Bachar ayant succédé à son père Hafez ayant en 2000. En réalité, sans doute la majorité des pays de la planète ne voit pas véritablement de problème dans la gestion de la Syrie. Le film montre d’ailleurs la Chine et la Russie voter contre une résolution du conseil de sécurité des Nations Unies (ONU) condamnant le régime syrien, bloquant ainsi toute action de la communauté internationale.

Le concept des « droits de l’Homme » que l’on croyait universel depuis 1945 après la découverte des horreurs nazis est en train de faire naufrage. Même si la communauté des pays réunis au sein de l’ONU en a approuvé le principe à travers nombre de traités et conventions, les régimes autoritaires les récusent désormais par leurs actes. La guerre d’Ukraine en cours ne fait que confirmer cette tendance. Les migrants et les victimes, eux, votent avec leurs pieds en faveur des droits de l’Homme et viennent se réfugier dans les pays occidentaux qui respectent encore le concept. On voit même des tortionnaires se joindre aux flux des réfugiés pour tenter de se réinstaller en Europe. L’officier syrien en rupture de ban qui a été arrêté et condamné à perpétuité en Allemagne n’a pas choisi d’émigrer en Russie ni en Chine, mais… en Allemagne. L’oncle du dictateur Bachar as-Assad, Rifaat, ancien vice-président de son frère Hafez est venu se réfugier à Paris après un coup d’Etat manqué en 2004. Il serait récemment retourné en Syrie après avoir été condamné par contumace à quatre années de prison dans l’affaire des « biens mal acquis » concernant sa fortune immobilière constituée en France pour une somme estimée à 90 millions d’euros, ce patrimoine a été saisi par la justice.

C’est d’ailleurs la seule note d’espoir de ce film terrifiant, le fait que même les tortionnaires choisissent de s’installer et mener leurs affaires en Occident plutôt que chez leurs « amis » politiques semble indiquer que la démocratie a encore un peu d’avenir sur la planète. Il suffit sans doute de rester ferme sur les principes et… patient.

Fin de conflit en vue Yémen

Le Yémen est un vieux pays dont on retrouve des traces plusieurs millénaires avant Jésus-Christ. Mais une nation à problèmes dans l’histoire contemporaine, sans arrêt entre deux guerres civiles et trois coups d’Etat, en permanence le jouet d’interventions extérieures pour des motifs idéologiques divers, dont religieux bien entendu. Placé géographiquement au sud de l’actuelle Arabie Saoudite, le Yémen a été dirigé par différents califats islamiques, puis colonisé par les Ottomans, les Britanniques, puis partitionné en deux Yémen distincts dans les années 1960, dont l’un d’inspiration communiste, puis de nouveau réuni en un seul pays en 1990.

Depuis les années 2000 une énième rébellion agite les tribus, soutenue par l’Iran ennemi juré de l’Arabie Saoudite qui a toujours voulu exercer une sorte de tutelle sur le Yémen. Du coup, énervée par suite d’une tentative de coup d’Etat menée par la rébellion Houthis (pro-iranienne chiite), Ryad prend la tête d’une coalition arabe (sunnite, opposante à l’Iran) en 2015 et se met en tête de réduire la rébellion. Aussitôt décidée, l’opération « Tempête décisive » met en branle une armada arabe sunnite menée par l’Arabie Saoudite qui lance ses avions, ses chars, son artillerie et son infanterie contre les Houthis. Comme très souvent les guerres d’invasion à visée coloniale échouent. Celle-ci ne déroge pas à la règle. Sept ans plus tard le pays affronte l’une des plus graves crises humanitaires jamais endurée dans le monde selon l’ONU, des millions de déplacés, des destructions considérables, des milliers de morts de chaque côté, des hôpitaux bombardés, des cessez-le-feu non respectés, et, surtout, aucun but de guerre n’a été atteint par les uns ni par les autres, on est au point mort et le pays a régressé d’un siècle.

Plusieurs trêves sont convenues en 2022, plus ou moins respectées. En 2023, sous les auspices de la Chine, l’Arabie Saoudite et l’Iran se parlent et rétablissent leurs relations diplomatiques. Sans doute le sort de la guerre du Yémen faisait partie de l’accord ? Conscientes que cette guerre est vaine et couteuse, les deux parrains de Ryad et Téhéran poussent leurs affidés à s’entendre. Ils ont déjà procédé à des échanges de prisonniers et la trêve semble durer. Peut-être un accord de paix sera la prochaine étape ?

La fin d’une guerre au Yémen est une bonne nouvelle, même si elle est sans doute aussi fondée sur l’anti-occidentalisme de ses principaux acteurs. Elle pourrait inspirer les parties à la guerre d’Ukraine en cours, largement aussi meurtrière et, sans doute, sans plus d’avenir, que celle du Yémen. Et si la Chine est capable de mettre son grain de sel dans l’affaire ukrainienne pourquoi ne pas lui donner la main. Il faut mettre fin à ce conflit avant d’en perdre le contrôle et, si possible, sans attendre sept longues années comme au Yémen.

Lire aussi : La Chine a proposé un plan de paix pour la guerre d’Ukraine

Transition au Soudan

Général Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan (Soudan)

Le galonné qui avait pris le pouvoir au Soudan lors d’un coup d’état en novembre 2021 voit sa position contestée par un autre galonné, qui faisait d’ailleurs partie de l’équipe ayant mené le putsch de 2021. Les deux galonnés s’affrontent à Khartoum, le premier à la tête de l’armée « légale », le second dirigeant une bande de mercenaires, ex-rebelles, en cours d’intégration dans l’armée officielle. Tout ce petit monde semble relativement bien armé et les combats font rage. En principe les munitions devraient se tarir assez vite, les convictions des uns et des autres s’émousser tout aussi rapidement et un vainqueur émerger sous peu.

Lire aussi : Les galonnés aiment le pouvoir en Afrique

Cette soldatesque s’est plutôt illustrée ces dernières années par ses crimes de guerre contre les tribus du Darfour, le trafic d’otages et celui de réfugiés, ou le pillage des ressources locales, que par son sens de la discipline et de la défense de l’Etat. On se souvient qu’une autre guerre civile à forte connotation religieuse entre les musulmans du nord et les chrétiens du sud avait amené à l’indépendance du Soudan du Sud, Etat créé de toutes pièces en 2011 au terme d’un conflit sauvage qui fit deux millions de morts. Ce nouvel Etat est quasiment en guerre civile depuis sa création. On scinde les Etats pour résoudre les guerres civiles, mais telle la division cellulaire, les guerres civiles se divisent également et se multiplient dans les nouveaux Etats tout en se maintenant dans les anciens.

Au-delà des combats en cours qui ont tout de même fait quelques centaines de morts, dont des civils, cette montée de tension enfonce sans doute un dernier clou dans le cercueil des illusions occidentales sur la démocratisation en Afrique. Le coup d’Etat devient désormais le mode privilégié de changement de pouvoir sur le continent, largement approuvé par les pays « illibéraux » anti-occidentaux comme la Chine et la Russie qui n’arrêtent pas de ressasser que le système démocratique est minoritaire sur la planète et que le mode de gouvernance international doit maintenant évoluer en faveur de leur système autoritaire.

General Mohamed Hamdan Daglo, Sudan’s deputy head of the Transitional Military Council, attends the signing of the constitutional declaration with protest leaders, at a ceremony attended by African Union and Ethiopian mediators in the capital Khartoum on August 4, 2019. (Photo by ASHRAF SHAZLY / AFP)

Il n’est pas sûr qu’une telle évolution se réalise, en attendant, les réfugiés soudanais lorsqu’ils en ont la possibilité choisissent plutôt la route vers l’Occident que celle vers la Chine ou la Russie…

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L’ancien président russe Medvedev toujours en pointe et en subtilité

Dans un tweet vengeur, l’ancien président russe Medvedev règle ses comptes avec le droit international suite au lancement de mandats d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président russe en poste, M. Poutine, et Mme. Maria Lvova-Belovasa, Commissaire aux droits de l’enfant au sein du Cabinet du Président. Tous deux sont accusés « du crime de guerre de déportation illégale de population (enfants) et du crime de guerre de transfert illégal de population (enfants), et ce, de certaines zones occupées de l’Ukraine vers la Fédération de Russie (au sens des articles 8-2-a-vii et 8-2-b-viii du Statut de Rome). »

Lire aussi : https://www.icc-cpi.int/fr/news/situation-en-ukraine-les-juges-de-la-cpi-delivrent-des-mandats-darret-contre-vladimir

Il a été effectivement documenté des transferts d’enfants ukrainiens vers la Russie, officiellement pour sauver des orphelins des horreurs de la guerre. Moscou s’en est d’ailleurs officiellement enorgueillit mais il s’avère que nombre de ces enfants ne seraient pas du tout orphelins et que leurs parents ont été trompés. Il s’agirait de familles résidant dans les territoires ukrainiens occupés par les Russes à qui les autorités d’occupation auraient annoncé que leurs enfants partaient en vacances en Crimée pour quelques semaines. Ces gamins n’auraient pas été renvoyés en Ukraine à l’issue de leur séjour et seraient en voie de russification : changement de nom, attribution d’un passeport russe, inscription dans les écoles russes et processus accéléré de naturalisation adopté via un décret signé par le président russe le 30 mai dernier.

Pour « régler » ce problème, M. Medvedev propose d’envoyer un missile hypersonique sur La Haye où se trouve le siège de la CPI :

Les juges de la CPI étaient inutilement agités. Regardez, disent-ils, nous sommes courageux, nous n’avons pas osé lever la main contre la plus grande puissance nucléaire. Hélas, messieurs, tout le monde marche sous Dieu et les fusées. Il est tout à fait possible d’imaginer l’application ponctuelle d’un transporteur hypersonique de la mer du Nord d’un navire russe au palais de justice de La Haye.

Traduction Microsoft du Medvedev complet

Il y a eu un effondrement final du système de droit international On l’admet : il n’était pas très efficace avant. Surtout ses institutions internationales.

La Société des Nations s’est effondrée, l’URSS songeait à se retirer de l’ONU, les conventions et autres actes internationaux sont adoptés aujourd’hui avec difficulté, il y a un parti pris complet et un diktat d’un groupe de pays anglo-saxons.

Mais le principal défaut du système de droit international public est son inefficacité. Les pays ne veulent pas mettre en œuvre les actes biaisés de l’Assemblée générale des Nations Unies, opposer leur veto aux décisions du Conseil de sécurité de l’ONU, quitter diverses institutions de l’ONU. La raison en est leur injustice, qui est basée sur l’inadmissibilité de la coercition par un groupe de pays souverains des mêmes États souverains. POUR PAR IN PAREM NON HABET IMPERIUM. L’égal n’a aucun pouvoir sur l’égal.

Prenons cette CPI stupide et inutile, créée sur la base du Statut de Rome, à laquelle les plus grands États n’ont pas adhéré. Qui a-t-il tenu responsable ?

Trois douzaines d’inconnus. Le président soudanais a craché sur ces accusations et, malgré un coup d’État militaire dans le pays, n’est pas disponible pour la « justice ». Le reste ne vaut pas la peine d’être mentionné du tout. En d’autres termes, l’efficacité de leurs activités est nulle. Il ne s’agit pas de tribunaux ad hoc de Nuremberg et de Tokyo. Ou même le douteux Tribunal pour l’ex-Yougoslavie. C’est compréhensible.

Après tout, il est possible de juger un pays et ses dirigeants dans deux cas: 1) lorsque le pays lui-même est extrêmement affaibli, a presque perdu sa souveraineté et a décidé de reconnaître le jugement de lui-même; 2) lorsque le pays a perdu la guerre et s’est rendu. C’est impossible autrement. Et tout le monde le comprend. Soit dit en passant, l’épisode le plus discréditant, qui a tué l’autorité déjà presque nulle de la Cour, est associé aux crimes américains en Afghanistan et en Irak. Le tribunal était complètement dérangé et ne pouvait rien faire. De toute évidence, le cri puissant des États-Unis selon lequel nous, disent-ils, n’avons pas du tout ratifié le Statut de Rome, fuck off pigmies, a provoqué une envie animale parmi les juges de répondre à des besoins naturels qui ne sont pas liés à la justice.

Et puis ils ont décidé de juger le président d’une autre puissance nucléaire qui ne participe pas à la CPI pour les mêmes raisons que les États-Unis et d’autres pays. De toute évidence, l’introduction la plus difficile possible est venue du même Pindostan. Il est clair qu’il n’y a pas de valeur pratique, mais merci de vous en souvenir.

Mais les conséquences pour le droit international seront monstrueuses. Après tout, c’est l’effondrement des fondations, des principes du droit. Y compris des postulats sur l’inévitabilité de la responsabilité. Maintenant, personne n’ira dans les organismes internationaux, tout le monde sera d’accord entre eux. Toutes les décisions stupides de l’ONU et d’autres structures vont éclater. Un sombre coucher de soleil de tout le système des relations internationales approche. La confiance est épuisée.

Encore une chose. Les juges de la CPI étaient inutilement agités. Regardez, disent-ils, nous sommes courageux, nous n’avons pas osé lever la main contre la plus grande puissance nucléaire. Hélas, messieurs, tout le monde marche sous Dieu et les fusées. Il est tout à fait possible d’imaginer l’application ponctuelle d’un transporteur hypersonique de la mer du Nord d’un navire russe au palais de justice de La Haye. Il ne peut pas être abattu, hélas. Et la Cour n’est qu’une organisation internationale misérable, pas la population d’un pays de l’OTAN. Par conséquent, la guerre ne sera pas commencée. Ils auront peur. Et personne ne le regrettera. Alors, citoyens juges, regardez attentivement le ciel…

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La Chine a proposé un plan de paix pour la guerre d’Ukraine

L’ambassade de Chine à Paris a publié la proposition d’un plan de paix entre la Russie et l’Ukraine mis en ligne sur le site web de son ministère des affaires étrangères ce 24 février. Immédiatement tout le monde s’y est opposé ce qui semble indiquer que c’est un bon point de départ.

La première phase du premier point est sans doute la plus intéressante en ce qu’elle fait référence à la « souveraineté de tous les pays » au « droit international universellement reconnu » ainsi qu’aux buts et principes de la Chartre des Nations Unies :

Respecter la souveraineté de tous les pays. Le droit international universellement reconnu, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies, doit être strictement observé. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement garanties. Les pays, qu’ils soient grands ou petits, puissants ou faibles, riches ou pauvres, sont membres égaux de la communauté internationale.

Le reste est très consensuel et peu de pays peuvent décemment s’y opposer ; la Russie et l’Ukraine se contenteront de ne pas mettre en œuvre les recommandations de ce texte extrêmement général. Il y est question de « cesser les hostilités », de « lancer des pourparlers de paix », de « régler la crise humanitaire », de « protéger les civils et les prisonniers de guerre », de « mettre fin aux sanctions unilatérales », etc.

Il reste maintenant à la Chine d’essayer de mettre les belligérants autour d’une table et de poser ce texte au milieu, on verra bien qui s’assied et qui accepte de passer en revue les douze points de ce plan ! On ne peut pas complètement exclure qu’elle y parvienne car la fatigue commence à atteindre les combattants.

de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.

Michel de Saint Pierre (1916-1987) fut un écrivain prolifique de XXème siècle, ancien résistant, plutôt conservateur, un peu « catho-tradi », un peu « Algérie française », anti-communiste féroce, presque tombé aux oubliettes de la littérature. Il n’en demeure pas moins l’auteur de nombreux romans, essais, dont on a parlé à l’époque. Le « Drame des Romanov » n’est sans doute pas un livre historique au sens scientifique du terme mais le récit d’un écrivain passionné par la Russie et fasciné par le destin tragique de cette famille de tsars qui l’a dirigée d’un main de fer.

Ce premier tome part de l’avènement de la dynastie Romanov jusqu’à la victoire de la Russie, emmenée par le tsar Alexandre 1er, contre Napoléon. Ivan IV le Terrible puis Boris Godounov de la dynastie de Rurik ont fondé l’Etat russe entre 1547 et 1605 avant de passer la main au premier Romanov après le rocambolesque épisode du « faux Dimitri » qui se faisait passer pour le fils d’Ivan le Terrible. Une fois Dimitri assassiné, la voie était libre pour Mikhail, le premier tsar Romanov de 1613 à 1645. Alexis, Féodor et la régente Sophie précédèrent l’arrivée de Pierre 1er (dit « Pierre le Grand »), tsar de 1689 jusqu’à sa mort au pouvoir en 1725.

Pierre le Grand va agrandir l’empire russe vers la mer d’Azov, la mer Baltique, le moderniser, créer ce qui est devenu Saint-Pétersbourg, mener moulte guerres (victoires et défaites contre la Suède et l’empire Ottoman notamment), ouvrir le pays à l’extérieur, soumettre le pays à la religion orthodoxe, voyager en Occident, écraser des rébellions intérieures, ouvert un conflit avec son fils Alexis qui se terminera par la condamnation à mort de celui-ci après de sévères tortures. Saint Pierre note que « La Russie de Pierre le Grand n’a que deux ennemis au monde : l’athéisme et l’Asie ».

« Les grands Empires ne sauraient se passer de ports de mer : ce sont les artères qui font battre le cœur d’un Etat de façon plus saine et régulière »

Pierre 1er

A sa mort c’est sa seconde femme qui hérite du poste sous le nom de Catherine 1ère pour deux années (1725-1727), puis Pierre II prend la relève, puis Anne 1ère, puis Ivan VI et, enfin, Elisabeth qui laisse la place à Pierre III « le tsar fou », petit-fils de Pierre 1er, pour quelques mois de 1762 avant de mourir assassiné dans un complot ourdi par sa femme, qui deviendra Catherine II, et déclara : « Il était le premier à conspirer contre lui-même« .

Il laisse donc la place à son épouse qui fut surnommée « la Grande Catherine » de 1762 à 1796. Elle était prussienne sans une goutte de sang slave et dut se convertir à la religion orthodoxe pour épouser Pierre III. Elle agrandit considérablement l’empire en dépouillant la Pologne (déjà) avec la Prusse et l’Autriche et une partie de l’empire Ottoman (encore). Catherine, féminine et philosophe, va innover pour son pays d’adoption en matières juridiques, législatives et institutionnelles, multiplier les amants qu’elle place aux postes du pouvoir, correspondre avec Voltaire, investir dans l’éducation, le tout dans le cadre de l’autocratie et du « droit divin ».

Son fils Paul lui succède pour un bref règne qui se termine en 1801. Il est détesté par sa mère et accusé d’être trop proche de la Prusse. Il est assassiné à l’issue d’un complot comme la Russie sait en provoquer. Alexandre 1er, petit-fils de Catherine II, prend alors le pouvoir et son règne va être marqué par l’affrontement avec Napoléon.

Les deux autocrates vont à la fois se séduire et se faire la guerre. Celle-ci se terminera par la retraite de Russie, crépuscule de l’empire napoléonien. Alexandre 1er est alors considéré en Europe comme le vainqueur de l’empire français ce qui donne un poids considérable à la Russie. Ses troupes sont entrées dans Paris en 1814 avec Alexandre à leur tête. Un triomphe !

L’agrandissement de l’empire initié avec constance par ses prédécesseurs reste son but et il participe en personne au congrès de Vienne de 1815 qui redéfinit l’Europe après la défaite française de Waterloo. Autocrate éclairé il tente de remettre en cause le statut du serf qui pèse encore sur le monde rural russe et participe au maintien d’une écrasante inégalité dans la population, sans doute bien au-delà de celle régnant dans les pays d’Europe. Il y renonce finalement devant le poids de l’inertie générale et des intérêts de la noblesse. Il maintient son pays sous contrôle policier, s’égare dans des crises mystiques, et rend l’âme fin 1825, laissant la Sainte Russie au summum de sa gloire.

En 1825 l’empire est devenue l’un des plus importants fournisseurs de produits agricoles et de matières premières sur les marché mondiaux mais le régime reste moyenâgeux et le pays est tellement immense qu’il est impossible à gérer et à moderniser. La révolution est déjà passée en France, elle rôde en Russie où le régime impérial échoue à se réformer.

Lire aussi :
de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.
de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘
de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

La chaîne FR2 tente de se justifier

On se souvient de l’émotion crée dans ces colonnes par l’interview nauséabonde d’une gamine ukrainienne par la télévision publique France 2.

Lire aussi : Le racolage de journalistes indignes

Cette émotion fut telle que nous avons jugé utile d’en faire fart au « médiateur information » de la télévision publique ce 8 mars par le message suivant déposé sur la plateforme de France Télévisions.

« Date de diffusion : 26/02/2023

Le commentaire : Le JT du soir a présenté un reportage d’une famille ukrainienne de retour dans son village. Une adolescente est interviewée et il lui est fait raconter la mort de sa mère dans un bombardement russe, puis l’interview se termine avec la question « ta mère te manque ? ». Les larmes qui affleurent dans les yeux de la jeune fille sont éloquentes. Je trouve fort peu délicate cette interview d’une gamine sur ce sujet. BIen sûr que sa mère « lui manque » !!! Ne serait-il pas opportun que la journaliste face preuve d’un peu plus de subtilité, de sensibilité, devant la peine de cette ado ? Fallait-il vraiment la faire pleurer pour que le reportage soit diffusable ? Ce type d’interview m’apparaît peu éthique. On peut évoquer la tragédie de la guerre d’Ukraine sans accroitre encore le traumatisme des enfants qui la vivent. »

La réponse du médiateur est tombée dans la même journée :

« Bonjour Monsieur,

Merci pour votre message.

Nous pouvons totalement comprendre votre remarque. Cependant, si ce type de questions est posée par nos reporters, ce n’est pas pour faire « pleurer dans les chaumières » ni pour torturer ces victimes, mais pour rendre éloquentes les horreurs de la guerre. Bien sûr, certains téléspectateurs en ont déjà conscience et peuvent être choqués par ces interviews, mais d’autres mesurent l’étendue du drame seulement lorsque des images et des témoignages comme ceux-ci sont portés à leur connaissance.

Néanmoins, et encore une fois, nous vous accordons que cette question précise peut apparaitre comme déplacée. Nous transmettons donc votre message aux équipes du JT qui sont très attentives aux retours des téléspectateurs.

Bien cordialement,

Le service de la médiation de France Télévisions »

La réponse est un peu langue de bois en chêne massif mais éclaire sur la vision que les journalistes ont de leurs téléspectateurs considérant que sans « faire pleurer dans [leurs] chaumières » ils ne comprendront pas ce qui se passe dans cette guerre. C’est sans doute vrai lorsque l’on sait que la France est un pays qui compte plus de 7 millions de followers du compte Twitter d’un Cyril Hanouna et près de 3 millions pour Nabilla, mais cela ne devrait pas empêcher la télévision publique d’essayer d’améliorer le niveau moyen en s’interdisant le racolage médiatique et, dans le cas d’espèce, de traumatiser une gamine ukrainienne qui n’a vraiment pas besoin de ça pour le moment.

Notons quand même que le service « Médiation » de France Télévisions fonctionne à peu près correctement. Voyons maintenant si les « équipes du JT qui sont très attentives aux retours des téléspectateurs » réagiront.

Mais de quoi se mêle-t-on ?

Capitaine Traoré (à gauche) et Colonel Goïta

Le président de la République française vient de faire un voyage officiel de quelques jours en Afrique sub-saharienne pour y asséner des messages un peu surannés, très peu utiles et annonciateurs de problèmes :

« Il faut bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable [avec l’Afrique] »

Combien de fois a-t-on déjà entendu ce genre de billevesées finalement très peu suivies d’effets ? La France, ex-puissance colonisatrice est en bonne voie de retrait du continent, parfois poussée très fort dans le dos par les ex-colonisés. Il faut en prendre acte et ne pas chercher à rentrer par la fenêtre après avoir été poussé vers la sortie par la porte.

Lire aussi : L’armée française a quitté le Burkina Faso

Compte tenu du passé colonial de la France, la relation ne sera jamais « équilibrée, réciproque et responsable », ou tout au moins pas avant plusieurs générations. Alors laissons le secteur privé français faire du business sur le continent à ses propres risques s’il l’estime utile mais cessons d’y faire de la politique. Après tout les groupes Bolloré, CMA-CGM et d’autres ont plutôt bien réussi. Et pour l’aide au développement ou humanitaire il est plus approprié que la France la prodigue désormais via les institutions de l’Organisation des Nations Unies (ONU) qui sont là pour ça. Les équipes diplomatiques, financières, militaires françaises présentes à grand frais sur le continent seront parfaitement bien réemployées sur le territoire national.

Il faut également accélérer le démantèlement de la « Zone Franc », survivance préhistorique du passé qui déresponsabilise ses pays membres, et laisser les pays africains qui le souhaiteraient mettre en place une monnaie commune ou unique, mais sans lien avec le Trésor français qui, encore aujourd’hui, garantit la valeur du franc CFA avec l’EUR.

Hélas, Paris ne semble pas vraiment emprunter cette voie. La dernière étape du voyage présidentiel se déroulait en République populaire du Congo (RDC, ex-Zaïre), en conflit quasi ouvert avec son voisin oriental le Rwanda. Le président Macron s’est encore senti poussé des ailes de médiateurs et tente de réconcilier les présidents congolais et rwandais. La France est tout sauf légitime à interférer dans ce conflit régional compte tenu de son implication des deux côtés : avec l’ex-Zaïre dont elle a gâté l’ex-dictateur Mobutu, avec le Rwanda qui l’accuse ouvertement d’avoir participé au génocide des Tutsis en 1994… Il y a des pays (vraiment) neutres ou les instances de l’ONU qui savent bien mieux faire ce genre de négociations dans lesquelles il n’y a que des coups à prendre, tout spécialement pour un pays comme la France qui a été à ce point impliqué (parfois à son corps défendant) dans les dérives dans lesquelles ces pays se sont abandonnées au cours des dernières décennies.

Lire aussi : Les frères siamois du Sahel

L’Afrique de toute façon vogue vers son destin et celui-ci se fera sans la France. Evitons qu’il ne se fasse contre elle !

Le Mali franchit le Rubicon à l’ONU

L’assemblée générale des Nations Unies (ONU) a voté ce 23 février une résolution demandant le retrait des troupes russes de l’Ukraine. 141 sur des 193 Etats membres se sont prononcés :

  • 7 ont voté contre – Russie, Biélorussie, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Erythrée
  • 32 se sont abstenus, dont la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud
  • Et donc 102 ont voté pour

Cette résolution mentionne qu’elle « exige de nouveau que la Fédération de Russie retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays, et appelle à une cessation des hostilités » (https://news.un.org/fr/story/2023/02/1132607)

Le délégué russe s’est exprimé au cours du débat précédant le vote pour rappeler la position de son pays, c’est-à-dire celle d’une « guerre contre l’Occident pour la survie, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants, et pour notre identité » et celle de « la renaissance du néo-nazisme en Ukraine et la glorification de criminels du nazisme » qui justifierait aussi le combat russe.

Rien de nouveau à ce stade, une partie de ce que dit la Russie, avec excès bien entendu, n’est d’ailleurs pas tout à fait inexact mais son péché originel restera d’avoir déclenché la guerre et que son armée et ses milices se comportent sur le terrain comme des forbans sans foi ni loi ce qui, vu de « l’Ouest collectif », est contraire au droit international, mais pour les pays qui la soutiennent et ceux qui se sont abstenus (c’est à dire la majorité de la population de la planète) est un mode de gouvernance « normal ». Là est le souci de l’Occident : il est minoritaire en nombre mais semble néanmoins présenter quelque intérêt pour tous ces autocrates et oligarques qui investissent massivement en Occident et envoient leurs enfants dans les universités américaines. La vraie question serait de comprendre pourquoi un oligarque russe dépense des dizaines de millions pour acquérir des villas de nabab à Saint-Jean Cap-Ferrat plutôt que sur les bords de Mer Noire ? Pourquoi un milliardaire chinois rachète à grand frais des vignes dans le Bordelais plutôt que de se lancer la viticulture dans son pays d’origine ?

L’attractivité de « l’Ouest collectif » pour ces régimes autoritaires, dits par fois « illibéraux », reste forte. La guerre d’Ukraine va probablement rebattre les cartes. Déjà les oligarques russes qui l’on put sont allés ancrer leurs yachts clinquants sur les bords de la Mer de Marmara ou dans le Golf persique. La mise sous sanctions occidentales d’un certain nombre de hiérarques russes va probablement leur faire mieux comprendre le concept de « risque politique » : quand on investit à l’étranger, cela peut rapporter plus mais on est aussi soumis aux potentielles humeurs du pays où l’on dépense ses sous, risque qui est moindre lorsqu’on investit chez soi où, cependant, existe un risque fiscal significatif. La Russie pourra toujours investir chez ses nouveaux amis mais il n’est pas sûr que le Mali ou le Nicaragua attisent véritablement l’appétit des investisseurs russes.

L’Histoire dira si l’Occident, même minoritaire au niveau « des valeurs » dans cette guerre d’Ukraine, reste néanmoins le leader en termes d’attractivité, d’innovation et de réussite économique ! En cela, cette guerre sauvage annonciatrice de révisions déchirantes pour le monde de demain, ou pas !

Déclaration du délégué russe

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a souligné qu’il y a un peu plus d’un an, « l’Ukraine et ses parrains occidentaux » ont convoqué la onzième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale des Nations Unies, ce qui a prêté à confusion pour de nombreux États. Depuis lors, de nombreux pays ont compris ce qui s’est passé et ce qui se passe, et le camp occidental a beaucoup plus de difficulté à mobiliser les États Membres de l’ONU en faveur de leur croisade contre la Russie, a-t-il dit. Ceci est également attesté « par un projet de résolution au rabais » qui sera mis aux voix, a relevé le représentant en le qualifiant de « texte antirusse et malveillant ». Il a rappelé que « le régime nationaliste criminel », qui est arrivé au pouvoir à Kiev grâce au soutien occidental par un coup d’État anticonstitutionnel, a mené une guerre sanglante contre les habitants du Donbass dont le seul défaut était qu’ils voulaient rester russes.

Le délégué a relevé que grâce aux révélations bien connues d’un certain nombre de dirigeants occidentaux à la retraite, il ne fait aucun doute que les accords de Minsk, approuvés par le Conseil de sécurité, avaient pour but de préparer l’Ukraine à une guerre contre la Russie. Toutes ces années, le « régime de Kiev » a poursuivi selon lui sa politique inhumaine de bombardement des villes pacifiques des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Au vu des actes des Occidentaux en Ukraine, nous n’avions pas d’autre choix que de protéger la population du Donbass et assurer la sécurité de notre pays par des moyens militaires, a—t-il justifié. Il a exprimé les préoccupations russes de voir s’étendre l’infrastructure de l’OTAN jusqu’à ses frontières, alors que des déclarations « hypocrites » font croire que c’est la Russie qui est responsable de la destruction des systèmes de sécurité régionaux et mondiaux. Il a rappelé que fin 2021, la Russie avait pourtant avancé un certain nombre d’initiatives de désescalade et de renforcement de la confiance dans la zone euro-atlantique. Nous avons invité les États-Unis et l’OTAN à signer des accords de garanties de sécurité, a-t-il dit. Nous avons donné une chance à la diplomatie, a-t-il poursuivi, soulignant que ces propositions furent rejetées avec arrogance par les États-Unis et leurs alliés. Pourtant, si elles avaient été mises en œuvre, ces initiatives auraient permis d’éviter ce que nous voyons aujourd’hui, a-t-il regretté.

Le délégué a affirmé qu’un an après le début de la phase active de la crise ukrainienne, peu de gens doutent aujourd’hui du fait que la Russie n’est pas en guerre avec l’Ukraine, qui a gaspillé son potentiel militaire dans les premières semaines du conflit, mais plutôt avec « l’Ouest collectif » représenté par les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN et de l’UE. Non seulement ils fournissent armes et munitions à Kiev, mais ils lui communiquent également des informations du renseignement et s’entendent sur des cibles pour les frappes de missiles. Il a dit que ces alliés ont abandonné toute pudeur et fixé un objectif : armer l’Ukraine, infliger une défaite stratégique à la Russie, puis la démembrer et la détruire. Au nom de cet objectif, a-t-il relevé, ils ont fermé les yeux en Occident, et les ferment encore maintenant, sur la renaissance du néo-nazisme en Ukraine et la glorification de criminels du nazisme. Il a ensuite évoqué l’hégémonie des États-Unis et de ses alliés qui ne veulent laisser personne gouverner la planète, parce qu’ils la considèrent comme la leur et seulement la leur.

Quant à notre pays, a expliqué le représentant, nous percevons tout cela comme une guerre contre l’Occident pour la survie, pour l’avenir de notre pays et de nos enfants, et pour notre identité. Une guerre dans laquelle, comme il y a 80 ans, nous avons été défiés par un ennemi insidieux et puissant qui voulait nous soumettre, a-t-il expliqué en évoquant des chars allemands à nouveau envoyés afin de tuer les Russes. Et l’Ukraine, dans tout ce schéma, n’est rien de plus qu’une monnaie d’échange, a-t-il analysé. Selon lui, le texte soumis par l’Ukraine ne contribuera pas à la paix, car il vise plutôt à encourager l’Occident dans ses actions, à donner à nos adversaires une raison de prétendre que la Russie est soi-disant isolée dans le monde. « Cela signifie continuer la ligne militariste russophobe, en se cachant derrière un prétendu soutien des États Membres de l’ONU. » De plus, dans les conditions où beaucoup d’entre vous font face à la pression la plus sévère et le chantage de Washington et ses alliés, a lancé le représentant à l’endroit des délégations, il faut soutenir les « amendements d’équilibrage » qui sont devant vous et qui ont été présentés par le Bélarus. Si ces derniers sont rejetés, alors le projet de la résolution restera tel qu’il est maintenant : unilatéral et dénué de toute réalité, a-t-il conclu.

Source : https://press.un.org/fr/2023/ag12491.doc.htm

Engels toujours là

A l’occasion d’un bombardement par un drone ukrainien sur une base aérienne russe pour bombardiers à long rayon d’action en décembre dernier on découvre que la base s’appelle « Engels » du nom du copain de Karl Marx. Au moins en Russie il n’y a pas de wokisme ni de déboulonnage des idoles !

L’armée française a quitté le Burkina Faso

Partisans du capitaine Ibrahim Traoré défilent avec un drapeau russe dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso), le 2 octobre 2022. SOPHIE GARCIA / AP

L’armée française a annoncé avoir terminé le repli de sa troupe du Burkina Faso à la suite de la dénonciation par ce pays de l’accord de défense le liant à la France. C’est une bonne chose, les troupes françaises et les économies budgétaires ainsi réalisées pourront être utilement redéployées sur des terrains plus en rapport avec les intérêts de la France et de ses citoyens. Il reste maintenant à poursuivre ce repli des militaires français de l’Afrique de l’Ouest où subsistent encore des bases, notamment au Niger et en Côte d’Ivoire.

Cela devrait se faire assez naturellement désormais. Le ministre français de la défense vient d’ailleurs de faire une visite à Abidjan le 20 février et de convenir d’une « réarticulation » (signifiant « réduction » en français) du nombre de soldats français stationnés dans ce pays, 950 à ce jour. Le journal Le Monde a rapporté ses propos :

L’armée de Côte d’Ivoire n’a rien à voir aujourd’hui avec celle d’il y a dix ans […] Cela fait de la Côte d’Ivoire un pays de stabilité dont le rôle de puissance d’équilibre régionale s’établit de plus en plus.

Peut-être le ministre français croie à ses propos, peut-être pas. Le mieux à faire est effectivement de tester ce « rôle de puissance d’équilibre » et de laisse la Côte d’Ivoire face à son destin.

Ce même journal Le Monde informe que les Etats-Unis d’Amérique auraient proposé en décembre 2022 à la République Centrafricaine (RCA) de former son armée et d’accroître son aide humanitaire en échange du renvoi des mercenaires russes de la milice « Wagner ». Ceux-ci assurent non seulement la protection rapprochée du président centrafricain mais sont investis dans l’économie du pays qui leur a délégué, non seulement l’exploitation de mines de métaux et quelques autres activités économiques, mais aussi le contrôle des douanes locales qui sont la principale source de revenus publics dans ce genre de pays.

Cette proposition américaine est raisonnable car la transformation de ces pays en Etats mafieux présente un risque pour le continent et même pour l’Occident, mais elle est vouée à l’échec tant ce pays a fait la preuve de son incompatibilité avec toutes normes minimales de gouvernance. Il est hélas à craindre que le gouvernement centrafricain continue de faire affaire avec la milice Wagner ou d’autre forbans du même acabit, qui seuls sont en mesure de s’adapter aux pratiques de la RCA. Les Etats libéraux et démocratiques, et même l’ancienne puissance coloniale, se sont révélés impuissants à comprendre et à collaborer avec ce pays. Une nouvelle tentative des Etats-Unis devrait connaître le même sort. C’est regrettable mais faut-il insister pour tenter une nouvelle fois d’accompagner la RCA sur une voie qu’elle ne veut pas prendre ?

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Catégorisé comme Afrique

La Russie vue par Michel de Saint Pierre en 1967

Relire l’essai de Michel de Saint Pierre (1916-1987) « Le drame des Romanov » est intéressant. Il fut un écrivain prolifique de XXème siècle, ancien résistant, plutôt conservateur, un peu « catho-tradi », un peu « Algérie française », anti-communiste féroce, tombé aux oubliettes depuis. Il n’en demeure pas moins l’auteur de nombre de romans, essais, dont on a parlé à l’époque. Le « Drame des Romanov » n’est sans doute pas un livre historique au sens scientifique du terme mais le récit d’un écrivain passionné par la Russie et fasciné par le destin tragique de cette famille de tsars qui l’a dirigée d’un main de fer.

Dans le premier chapitre, Saint Pierre trace un sentiment global de ce qu’est « l’âme russe » en citant certains auteurs russes. Certaines d’entre elles sont édifiantes à la lumière de la guerre d’Ukraine menée aujourd’hui par Moscou.

Le Russe a toujours besoin de dépasser la mesure, d’arriver au précipice, de se pencher sur le bord pour en explorer le fond et souvent même s’y jeter comme un fou. C’est le besoin de la négation chez l’homme le plus croyant, la négation de tout, la négation des sentiments les plus sacrés, de l’idéal le plus élevé, des choses les plus saintes de la patrie. Aux heures critiques de sa vie personnelle ou de sa vie nationale, le Russe de déclare avec une précipitation effrayante pour le bien ou pour le mal.

Dostoïevski (Journal d’un écrivain)

Une définition des Romanov :

Dans la maison des Romanov comme dans celle des Atrides une malédiction mystérieuse passe de génération en génération. Meurtre sur adultère, du sang sur de la boue, « le cinquième acte d’une tragédie jouée dans un lupanar », Pierre 1er tue son fils, Alexandre 1er tue son père, Catherine II tue son époux. Et, parmi ces victimes célèbres, les petits, les inconnus, les malheureux avortons de l’autocratie, dans le genre d’Ivan Antonovitch, étranglés comme des souris dans les recoins obscurs, dans les cachots de Schlusselbourg. Le billot, la corde, le poison, tels sont les vrais emblèmes de l’autocratie russe. L’onction de Dieu sur le front des tsars s’est transformée en la marque et la malédiction de Caïn.

Merejkowski (écrivain et critique littéraire russe 1865-1941)

La Russie, un empire nihiliste qui respecte ses traditions malgré le temps qui passe.

L’Ukraine et le Brexit

Chappatte/Le Canard Enchaîné (30/12/2020)

Le président ukrainien fait une visite surprise au Royaume Uni pour remercier Londres très engagée dans le soutien de Kiev sous tous ses aspects. L’aspect ironique de ce déplacement est que l’Ukraine fait le forcing pour intégrer l’Union européenne quand le Royaume Uni vient d’en claquer la porte avec fracas. Même si certains sondages semblent indiquer que les citoyens britanniques se demandent s’ils ont pris la bonne décision, on aimerait connaître ce que le premier ministre anglais a dit au président ukrainien sur sa demande d’adhésion à l’Union ?

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Catégorisé comme Ukraine

Les experts de plateaux télévisés

Coco/Charlie Hebdo (28/12/2022)

Dans la guerre d’Ukraine l’armée russe semble reprendre du poil de la bête. Alors que les « experts » de plateaux télévisés l’avait déjà enterrée après la contre-offensive ukrainienne plutôt victorieuse de l’été dernier, ils sont en train d’avaler leurs képis et, finalement, d’admettre du bout des lèvres que la soldatesque russe dispose encore d’une certaine capacité de nuisance contre l’Ukraine et l’Occident. Outre l’inquiétude de voir cette guerre encore perdurer, cela pose la question de la crédibilité de la presse télévisuelle française quasi-unanimement pro-ukrainienne et antirusse. Les généraux en retraite qui peuplent les plateaux, experts d’un jour à fort égo, généralement formés à l’ombre de la guerre froide et de l’anticommunisme, dévident à longueur de programmes des banalités et des certitudes sur les sujets militaires pour lesquels ils ne sont évidemment pas dans le secret des opérations.

D’une façon plus générale il est des sujets qu’il ne fait pas bon aborder en ce moment sous peine d’être taxé d’être un « munichois », un défaitiste voire un traître. L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne qui va entraîner des révisions déchirantes pour les pays fondateurs, la cohabitation future avec une Russie génétiquement anti-occidentale, les coûts de la reconstruction qui vont s’accroissant à chaque jour de guerre qui passe, les accords de Minsk qui n’ont jamais été appliqués par les parties mais qui restent probablement un bon plan de départ pour une future négociation, la volonté occidentale d’éviter de mettre les doigts dans une guerre directe avec la Russie pour éviter une guerre mondiale… tous ces sujets sont globalement interdits pour le moment. Ils reviendront sur le devant de la scène forcément un jour.

En attendant la guerre continue et les experts de plateaux télévisés n’ont guère de solution à proposer si ce n’est la victoire militaire totale de Kiev qu’ils estiment, dans la phrase suivante, peu probable. Quelques voix plus politiques, comme celles de l’ex-ambassadeur Araud ou l’ancien ministre Lelouche écrivent des articles pour dire qu’il est temps maintenant de parler paix pour arrêter une guerre ravageuse initiée par le clan au pouvoir au Kremlin, et même envisager des compromis pour ce faire avec l’éternel ennemi : la Russie. Ils sont plutôt ostracisés, voire insultés, sur les plateaux d’experts qui certifiaient encore il y a deux mois que la Russie avait perdu la guerre.

Malgré tout il faut bien arrêter cette guerre qui dévaste les hommes… et les budgets. Le concept d’’autodétermination des peuples pourrait être mis en œuvre pour les régions contestées dans un cadre légal international comme proposition pur mettre fin aux hostilités ? Le modèle appliqué par la France en Nouvelle Calédonie pourrait être un exemple à suivre. Quelle que l’issue de la guerre d’Ukraine, la Russie restera une puissance maléfique qui n’aime pas l’Occident. Il faudra en tenir compte pour quelques siècles dans le futur avant, peut-être, de pouvoir une relation « normale » entre voisins.

Tom Verlaine est mort

Le guitariste et chanteur-compositeur américain Tom Verlaine est mort hier à 73 ans (1949-2023). C’est l’un derniers représentants du rock underground américain qui s’échappe ainsi. Il a fondé le groupe éphémère Television en 1973 avec Richard Hell. Leur célèbre disque Marquee Moon, comme le premier disque du Velvet Underground (celui avec la banane) a été peu vendu en son temps mais a été écouté par tout ce qui comptait de la scène new-yorkaise de cette époque. Verlaine a influencé nombre de musiciens de l’époque et a continué une carrière solo discrète. Son nom de scène était un hommage au poète français.

Il joue sur Horses (1975) et Gone Again (1996) de Patti Smith qui doit désormais se sentir bien seule… C’est le crépuscule d’une époque musicale, ils sont tous en train de partir.

Lire aussi : Television – 2016/04/02 – Paris la Philharmonie

L’armée française quitte le Burkina Faso

Partisans du capitaine Ibrahim Traoré défilent avec un drapeau russe dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso), le 2 octobre 2022. SOPHIE GARCIA / AP

Le Burkina-Faso a dénoncé l’accord de défense qui le liait à la France et se traduisait, notamment, par le stationnement d’une base militaire française dans ce pays. Ces accords prévoient aussi généralement la possibilité d’intervention militaire française à la demande des autorités locales. Ils ont généralement été signés dans la foulée des indépendances et ont généré des interventions militaires discutables, essentiellement pour maintenir des dictatures au pouvoir : au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Mali… Ces accords sont des survivances d’une époque révolue où la France voulait maintenir son statut d’ex-puissance coloniale en mal d’influence sur le monde.

Lire aussi : Le Mali a toujours un coup d’avance sur Paris

Ce temps est désormais passé, les pays partenaires dénoncent les accords les uns après les autres et la France évacuent ses bases militaires, parfois pour les remplacer par une coopération avec la Russie. C’est ainsi et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour Paris ! Par les temps qui courent le redéploiement des militaires français sur l’Europe et la réaffectation des dépenses budgétaires engagées en Afrique ne présentent pas que des inconvénients. Dans le contexte de la guerre d’Ukraine des troupes françaises sont présentes en Roumanie et dans les pays baltes où elles sont a priori bien mieux accueillies qu’à Bamako ou à Ouagadougou, le choix est donc assez simple à faire.

Lire aussi : Bonne stratégie diplomatique au Burkina Faso

Après le départ de l’armée française du Burkina il restera encore des troupes au Niger, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, à Djibouti, au moins pour ce qui concerne l’Afrique et pour autant que l’on sache. Le sort à terme de ces bases militaires à l’étranger sera immanquablement posé un jour ou l’autre.

Un autre sujet de démantèlement qui lui n’avance pas beaucoup est celui du Franc CFA, monnaie commune de nombre de pays africains ex-colonies françaises du continent et dont la convertibilité avec l’euro est garantie par la France. La fin de cette monnaie commune et son remplacement par l’Eco ont été annoncés en 2019 mais le choses n’ont pas beaucoup bougé depuis et le Franc CFA a toujours cours dans ces pays. Dans le projet initial la France était toujours engagée à maintenir la convertibilité de l’Eco. Après la dénonciation de certains accords de défense il est temps de ressortir des cartons ce projet de réforme monétaire, de le mettre en œuvre, voire de l’ajuster en fonction du nouveau contexte des relations franco-africaines. Ce projet intéressant est au point mort, il mérite d’être relancé.

Lire aussi : Une bonne nouvelle pour l’Afrique

Le discours de Jean Jaurès sur l’Arménie en 1896

En 1896, l’Arménie fait partie de l’empire Ottoman et, déjà, les Arméniens (à majorité chrétienne) sont maltraités par les forces turques aidés par des tribus kurdes. On estime à 200 000 morts le bilan des massacres commis contre les arméniens entre 1894 et 1896. Ce furent les prémices du génocide arménien intervenu en 1915 et qui s’est soldé par plus d’un million de morts dans des conditions de barbarie élevées.

Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès (1859-1914), homme politique de gauche, prononce un célèbre discours devant l’assemblée nationale française dans lequel il tance le gouvernement devant son inaction face aux massacres d’Arméniens, et, surtout, au non-respect des engagements de protection de l’Arménie délivrés par le Royaume-Uni, la France et la Russie.

En 1896, l’Arménie fait partie de l’empire Ottoman et, déjà, les Arméniens sont maltraités par les forces turques aidés par des tribus kurdes. On estime à 200 000 morts le bilan des massacres commis contre arméniens entre 1894 et 1896. Ce furent les prémices du génocide arménien intervenu en 1915 et qui s’est soldé par plus d’un million de morts dans des conditions de barbarie élevées.

Le 3 novembre 1896, Jean Jaurès (1859-1914), homme politique de gauche, prononce un célèbre discours devant l’assemblée nationale française dans lequel il tance le gouvernement devant son inaction face aux massacres d’Arméniens, et, surtout, au non-respect des engagements de protection de l’Arménie délivrés par le Royaume-Uni, la France et la Russie. Ces trois pays auraient pu entrer en guerre contre l’empire Ottoman ce qui aurait peut-être empêché le génocide arménien de 1915, ou peut-être pas…

Plus fondamentalement cet article vieux de 130 ans posait déjà la question de la guerre préventive pour éviter une guerre plus grave. L’Histoire a montré que ce concept de guerre préventive a toujours été difficile à mettre en œuvre de façon efficace. Il est aujourd’hui facile de dire que si la France et le Royaume-Uni avaient attaqué l’Allemagne en 1933 (année de l’arrivée au pouvoir d’Hitler), le monde aurait évité les ravages du nazisme. Et ensuite ? Les armées françaises et britanniques auraient de nouveau occupé l’Allemagne quinze années après la fin de la première guerre mondiale ? Imagine-t-on un instant que cette réoccupation aurait été paisible et que les Allemands seraient sagement revenus vers la République de Weimar ? Qui peut véritablement savoir à quoi elle aurait mené ?  La solution aurait-elle été plus saine que le problème ?

Les dirigeants et le parlement d’un pays doivent sans doute s’y reprendre à deux fois avant d’engager leurs nations dans une guerre. En 1870 la France déclare la guerre à la Prusse, les Français sont défaits en quelques mois ce qui soude l’unité allemande et l’empire allemand est fondé par Guillaume 1er dans… la galerie des glaces du Château de Versailles !

En 2003 les Etats-Unis d’Amérique partent en guerre contre l’Irak soupçonné de développer des « armes de destruction massive », accompagnés de quelques alliés. La coalition occidentale mettra plus de huit ans à se sortir du piège irakien qui a transformé tout le Moyen-Orient en poudrière dévasté par le terrorisme et le renouveau religieux. Le dictateur local a certes été arrêté, jugé et pendu, mais le chaos laissé dans la région a été dévastateur et dure encore, portant ses scories dans le monde entier.

En février 2022 la Fédération de Russie envahit à titre préventif l’Ukraine qui la « menaçait ». Elle y est encore et personne ne sait bien comment sortir de ce conflit qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts de part et d’autre et a des conséquences mondiales désastreuses que nous vivons aujourd’hui.

Déclarer ou entrer dans la guerre est sans doute l’une des décisions politiques les plus dures à prendre, tout particulièrement dans les démocraties qui n’envisagent que rarement de gaîté de cœur d’envoyer leurs enfants au combat ni de plonger leurs pays dans l’incertitude. Elle est bien plus facile à prendre à la tribune ou sur les réseaux dits « sociaux »… La critique est facile mais l’art est difficile. Même M. Jaurès a semblé avoir un peu oublié le dicton.

Bonne stratégie diplomatique au Burkina Faso

Partisans du capitaine Ibrahim Traoré défilent avec un drapeau russe dans les rues de Ouagadougou (Burkina Faso), le 2 octobre 2022. SOPHIE GARCIA / AP

Alors que Burkina Faso est l’objet d’attaques religieuses régulières faisant des dizaines de morts dans les populations locales, le gouvernement burkinabé est en train de suivre la voie déjà empruntée par le Mali du rejet de la France et du tapis rouge déployé pour accueillir la Russie en remplacement. Une lettre adressée par le ministre burkinabé à son collègue français du Quai d’Orsay qui a « fuité » demanderait le remplacement de l’ambassadeur de France qui n’a plus l’heur de plaire au gouvernement local.

Il faut étudier avec soin cette demande qui va dans le bon sens et rapatrier l’ambassadeur de France sans le remplacer. Un simple chargé d’affaires suffira amplement à gérer la relation franco-burkinabé qui ne représente qu’un intérêt limité pour la France dont le statut d’ancienne puissance coloniale rend vain et inutile toute tentative d’améliorer la relation entre ces deux pays. Le Burkina-Faso lorgne vers la Russie et c’est une bonne chose.

Les intérêts économiques français au Burkina sont minimes, il reste cependant quelques français installés dans le pays, avec un statut de résident permanent ou temporaire, qui seront moins en sécurité si l’ambassade de France réduit son activité et si l’armée française quitte ce pays comme elle a déserté le Mali, poussée dehors par les autorités maliennes. Il y a de nombreux citoyens burkinabés installés en France, avec un statut de résident permanent ou temporaire, légalement ou pas, et leur vie administrative sera certainement rendue plus compliquée par une baisse du niveau des relations diplomatiques entre Paris et Ouagadougou.

L’heure des révisions déchirantes entre la France et ses anciennes colonies a sonné depuis longtemps. Suivons la voie déjà empruntée par la Mali : réduisons les relations diplomatiques avec le Burkina-Faso au minimum vital, résilions les accords de coopération militaires et donnons rendez-vous dans 50 ans pour voir s’il y a lieu de réduire encore ces relations. Les populations respectives de l’un chez l’autre devront prendre en compte ce nouveau contexte qui est désormais incontournable, et souhaitons un avenir fructueux à la coopération entre la Russie d’une part, le Mali et le Burkina-Faso d’autre part.

Lire aussi : Au Burkina Faso : un capitaine putschiste remplace un lieutenant-colonel putschiste

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Le martyr de Moscou

https://t.me/varlamov_news/38074

Le président russe a présenté ses vœux à son pays devant un parterre de militaires sous la forme d’une litanie auto-justificatrice de la guerre d’Ukraine entamée par la Russie le 24/02/2022. Il s’étend sur l’agression dont la Russie serait victime de la part de l’Occident qui « encourage les néo-nazis ukrainiens » et rend hommage à l’héroïsme des combattants russes qui aurait la morale de leur côté :

L’essentiel est le sort de la Russie. La défense de la patrie est notre devoir sacré envers nos ancêtres et nos descendants. La droiture morale et historique est de notre côté.

Cette envolée venant du premier dirigeant du plus grand pays de la planète Terre qui a déclaré une guerre pour envahir son voisin, a déjà annexé unilatéralement une partie du territoire de ce dernier et dont l’armée et ses supplétifs se distinguent depuis lors par ses actes de violence et de barbarie dans les territoires qu’ils occupent et via les bombardements réguliers sur des infrastructures du reste de l’Ukraine, ne manque pas d’ironie.

Probablement croit-il sincèrement à ce qu’il assène. Sans doute le peuple russe qui n’a guère de considération pour ses « frères » ukrainiens est tout prêt à avaler cette fable de la « droiture morale ». Le mieux aurait été sans aucun doute pour la Russie, l’Ukraine et le reste de la planète, que Moscou reste tranquillement à l’intérieur de ses frontières reconnues par le droit international et consacre toute sa belle énergie à développer son pays plutôt que d’aller chercher noise à ses voisins.

TRADUCTION Microsoft

Poutine a prononcé un discours du Nouvel An :

• « Ce fut une année de décisions difficiles et nécessaires, les étapes les plus importantes vers l’acquisition de la pleine souveraineté de la Russie et la puissante consolidation de notre société. Ce fut une année qui a beaucoup mis à sa place, séparant clairement le courage et l’héroïsme de la trahison et de la lâcheté. Il a montré qu’il n’y a pas de pouvoir plus élevé que l’amour pour ses parents et amis, la loyauté envers les amis et les compagnons d’armes, le dévouement à sa patrie.

• « Ce fut une année d’événements vraiment cruciaux et fatidiques. Ils sont devenus la frontière qui jette les bases de notre avenir commun, de notre véritable indépendance. C’est ce pour quoi nous nous battons aujourd’hui, en protégeant notre peuple dans nos propres territoires historiques, les nouvelles régions de la Fédération de Russie.

• « L’essentiel est le sort de la Russie. La défense de la patrie est notre devoir sacré envers nos ancêtres et nos descendants. La droiture morale et historique est de notre côté. »

Pendant des années, les élites occidentales nous ont hypocritement assurés de leurs intentions pacifiques, y compris la résolution du grave conflit dans le Donbass. En fait, ils ont encouragé les néo-nazis de toutes les manières possibles, qui ont continué à mener des actions militaires ouvertement terroristes contre des citoyens pacifiques des républiques populaires du Donbass. L’Occident a menti sur la paix et se préparait à l’agression. »

« Ils [les combattants morts] ont donné leur vie pour protéger la vie des autres. Je comprends à quel point il est difficile maintenant le soir du Nouvel An pour leurs femmes, leurs fils, leurs filles, leurs parents, qui ont élevé de vrais héros. Nous ferons tout notre possible pour aider les familles de nos camarades tombés au combat, élever leurs enfants, leur donner une éducation décente, trouver un métier. De tout mon cœur, je partage votre douleur et je vous demande d’accepter des paroles sincères de soutien. »

• « Ensemble, nous surmonterons toutes les difficultés et garderons notre pays grand et indépendant, nous n’irons qu’à l’avant, à gagner pour le bien de nos familles et pour le bien de la Russie, pour le bien de l’avenir de notre seule patrie bien-aimée. Bonne année, chers amis. »