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  • Etonnant Père Lachaise

    Au cours de récentes pérégrinations au cimetière du Père Lachaise on découvre que la tombe de Paul Eluard est mitoyenne de celle de Maurice Thorez. Quelle insalubre promiscuité !

  • Hugh Cornwell – 2009/04/01 – Paris la Java

    Belleville une soirée de printemps ; des odeurs de shit et de kebab dans la rue, au fond d’une arrière-cour un escalier qui descend vers une cave basse de plafond, un bar à l’entrée et une mini-scène au fond. Bienvenue à La Java !

    Ce soir l’immense Hugh Cornwell, ex fondateur-leader des Stranglers, oui, LE Cornwell des Stranglers, chanteur-guitariste-compositeur anglais des plus belles épopées du post-punk joue pour nous à Paris, et pour nous seuls. Il y a pas plus de 50 fans présents dont beaucoup d’anglais. Certains ont vu l’affiche du concert à la sortie de celui des Stranglers à l’Olympia il y a peu car alors que ses anciens partenaires font l’affiche des grandes salles, Hugh reste fidèle à l’underground, aux sens propre et figuré du terme.

    Cornwell apparaît, un peu décharné, accompagné de Caroline Campbell, bassiste et choriste de 25 ans aussi pulpeuse qu’agile à son instrument où elle tient largement la comparaison avec JJ, mini-jupette léopard, rouge à lèvres curien sur un rictus enfantin, une bass rouge grenat, elle danse, fait les chœurs et déroule ses mélodies de bass comme si sa vie en dépendait. Chris Bell est à la batterie.

    Hugh, habillé de noir, joue, très fort, de sa guitare noire des chansons énergiques. Ces trois là nous développent un rock garage empreint de subtilité britannique. Parfois ironique, souvent désabusé, nous gratifiant de quelques plaisanteries et sourires, Cornwell reste un grand musicien au-delà des années de succès et de galère, des bagarres et des révoltes, animé par le feu sacré, le même qui brûle encore un peu dans le cœur des 50 spectateurs.

    Ces trois là nous donnent deux heures de rock pur et dur. C’est la foi qui les guide, Caroline a reçu le message des Stranglers 5 sur 5 et debout sur le pont, accrochée à sa bass elle sera toujours présente pour assurer la succession lorsqu’elle s’ouvrira. Le dernier disque Hooverdam (en téléchargement gratuit et envente à 10 EUR au bar) est joué intégralement, complété par de redoutables reprises des Stranglers : Golden Brown, Always the Sun, No More Heroes, Hanging Around, Black Hair Black Eyes Black Suit et d’autres jouées en formation à 3, sans clavier bien sûr. Le résultat est exaltant.

    Après ce show décoiffant, 50 fans sonnés migrent vers le bar pour méditer sur la constance et la fidélité, des qualités étranges pour des crypto-punks, mais tellement rassurantes pour les fans quinqua qui les admirent !

  • Hilberg Raul, ‘La destruction des juifs d’Europe’.

    Sortie : 1985, Chez : . 2 400 pages de plongée dans le processus d’extermination des juifs par les nazis. Raul Hilberg, citoyen américain a consacré sa vie à étudier cette catastrophe et à rédiger cette somme. Ce sont 3 volumes qui détaillent les étapes du génocide avec une terrifiante précision : la définition des victimes, l’expropriation, la concentration, les opérations mobiles de tuerie, les déportations, les centres de mise à mort. La totalité du mécanisme de destruction est mise à nu, depuis ses fondements idéologiques jusqu’à sa mise en œuvre. Rien n’est laissé au hasard, on y découvre l’arsenal juridique mis en place pour légaliser le massacre, la bureaucratie obéissante qui déroule les étapes, les tueurs et leurs réactions face à leur « job », l’acharnement nazi contre les juifs jusqu’aux dernières heures précédent la reddition, la participation plus ou moins active, plus ou moins contrainte, d’une grande partie de l’Europe, les réactions parfois désarmantes des communautés juives au cœur des massacres comme à l’extérieur. 2 400 pages qui montrent froidement ce qui s’est passé, ceux qui ont poussé, ceux qui ont suivi, ceux qui ont subi. 3 volumes qui, jusqu’à la nausée, démontrent comment la vieille Europe, celle des lumières et de Brahms, a organisé l’un des pires massacres de l’Histoire de l’Humanité, au cœur d’une guerre qui a laissé un continent détruit, sur un charnier de 50 millions de morts. Une œuvre qui devrait ramener notre continent disqualifié a un peu plus d’humilité.

  • Amy Macdonald – 2009/03/30-31 – Paris l’Olympia

    Et revoici notre quintet écossais pour terminer à Paris une tournée triomphale assise sur un premier disque de toute beauté This is the Life. Après la Maroquinerie en octobre, le Bataclan en novembre, les voici pour deux Olympia en mars. Mais jusqu’où iront-il ?

    Amy explique qu’ils vont maintenant s’arrêter quelques mois après une période intense, retourner à Glasgow pour se remettre immédiatement à l’écriture de nouvelles chansons et nous revenir bien vite. Oui, Amy revient !

    Les deux shows de l’Olympia sont conformes à ceux de l’an passé : toujours autant de sincérité, de bonheur de jouer et de romantisme dans les compositions. La voix d’Amy est à la fois tonitruante sur Run, émouvante sur Footballer’s Wife, enthousiasmante sur Poison Prince. Le groupe est uni comme le pack de rugby du 15 d’Ecosse, l’émotion nous fait frissonner d’aise.

    Let’s start a Band clôture l’unique rappel de ce groupe particulièrement bien parti… Oui, Amy revient, Amy revient !

  • Incompréhensible !

    Mayotte va devenir le 101ème département français. L’échec de la départementalisation des cinq « dom » (département d’outre-mer) actuels n’a pas suffi à empêcher la République de replonger une nouvelle fois.

  • Sophie Hunger – 2009/03/28 – Paris la Boule Noire

    Sophie Hunger passe une semaine à la Boule Noire, alors tout nous pousse ce samedi à partager avec elle et son groupe un pur moment de bonheur musical, naturel et délicat, une soirée intime offerte par une artiste au ton juste, âgée d’à peine 25 ans…

    Suisse alémanique, folkeuse aux accents jazz, compositrice élégante qui ne néglige pas les reprises de ses aînés, rockeuse-guitariste jouant assise sur une chaise ou devant son piano, voix cajoleuse capable de redoutables éclats, brumeuse sur les ballades, soul sur les rythmes appuyés, émouvante sur les reprise, jazzy sur l’ensemble. Sophie est tout ceci à la fois, un mélange explosif de talent et de simplicité. Elle est entourée d’un groupe remarquable, concis et solidaire, dont un tromboniste à la créativité débordante, jouant de ses sourdines comme de véritables cordes vocales et insufflant une partie de l’âme de cette musique multiple.

    Sophie est au centre de la scène, détendue et leader, prévenante et assurée de la tranquillité parfois sereine des créateurs. Elle joue son dernier disque Monday’s Ghost qui se déroule avec naturel. Shape en est le titre emblématique, démarrant dans la douceur de notes pincées à la guitare sur des mots mystérieux et débouchant sur un final enlevé où voix et guitares se déchaînent : And we sculpture a statue to worship and bear/ The chaos that’s behind the glass of who and what and who and what we are.

    Des reprises opportunes avec Like a Rolling Stone de Dylan à la guitare électrique, gai et dynamique, Le Vent l’Emportera de Noir Désir debout devant son micro et son aide-mémoire, d’un français hésitant, et enfin un sublime et bouleversant Avec le Temps de Ferré chanté au piano. Le quatrième rappel est joué sans les amplis, les musiciens assis sur le rebord de la scène.

    On pense à An Pierlé et son White Velvet, à Fiona Apple. On découvre surtout une artiste déjà avérée, originale, débordant de talent, communicative et partageant son plaisir musical.

    Ed Laurie en warm-up.

  • Bashung : regrets et tendresse

    Bashung : regrets et tendresse

    On est allé écouter Bleu Pétrole cette après-midi sur la tombe de Bashung. Il est bien maintenant, au Père Lachaise, sous un monceau de fleurs, de regrets et de tendresse. A réécouter aussi, sa lecture des lettres de Calamity Jane à sa fille sur France Culture, c’est émouvant.

    Paris Match titre sur Bashung le dandy du Rock avec une photo de couverture où l’on voit une main de femme devant son portrait, poser un ongle rouge sur sa bouche. Titre et photos sont tout sauf Bashung, a priori le rédacteur n’a jamais dû écouter un disque de l’artiste ou lire un de ses textes !

  • Ne poussez pas, il y en aura pour tout le monde

    Et pendant ce temps on continue à servir la soupe à la SOCIETE GENERALE (et probablement dans bien d’autres banques) en distribuant des stock-options. Le conseil d’administration de la banque a publié un communiqué du 18/03/2009 pour annoncer un programme de distribution de stock-options aux quatre mandataires sociaux du groupe. Evidemment les prix d’exercice sont proches des cours du jours, donc particulièrement bas par rapport à la moyenne des dernières années.

    Devant la levée de boucliers déclenchée par ces largesses, un nouveau communiqué du 20/03/2009 est publié informant que l’opération concerne également la distribution d’actions gratuites et de stock-options pour les salariés du groupe. Le communiqué se termine en précisant que

    « …afin de favoriser un retour à une plus grande sérénité dans le débat sur la rémunération à long terme des dirigeants, les mandataires sociaux du groupe s’engagent à renoncer à lever ces stock-options tant que Société Générale bénéficie d’un appui en fonds propres de l’Etat. »

    Même si de mauvais goût, toutes ces décisions sont prises bien entendu de façon parfaitement légale par assemblée générale et conseil d’administration. On serait curieux de connaître les mécanismes conduisant les conseils mettre en œuvre ces résolutions de leurs actionnaires. Est-ce qu’il a au moins un administrateur qui lève le doigt en disant à ses camarades que ce n’est peut-être pas le meilleur moment pour de telles distributions ? Est-ce qu’il n’y en a pas même un qui pense que cela pourrait poser un problème éthique ? Ou alors est-ce que tout le monde en est conscient mais s’en fout royalement compte tenu de la capacité de nuisance des banques même en période d’effondrement du secteur financier ? La dernière option est sans doute la plus proche de la réalité.

    Après Merrill Lynch, AIG, les banques françaises, l’une des préoccupations importantes des top-managements des grandes banques mondiales semble être la rémunération des troupes et la leur. La refondation du capitalisme a encore du chemin à faire…

    Lire aussi : La Société Générale sauvée par les contribuables américains – Keep on rockin’ in the free world (rehve.fr)

  • La Société Générale sauvée par les contribuables américains

    Outre les émois provoqués par les bonus versés aux dirigeants d’AIG, assureur américain, n°1 mondial, sauvé de la faillite (pour le moment) par le contribuable de l’Oncle Sam, un point plus ou moins passé sous silence est qu’une bonne partie du prêt de sauvetage d’AIG de 170 milliards de dollars a servi à honorer ses engagements vis-à-vis d’autres banques de la planète. On parle, en milliards de dollars, de 12,9 pour GOLDMAN SACHS, 11,9 pour SOCIETE GENERALE, 11,8 pour DEUTSCHE BANK, 4,9 pour BNP PARIBAS, 2,3 pour CALYON et la liste est longue.

    En renflouant AIG le contribuable américain a sauvé d’une mort probable certaines banques européennes. La SOCIETE GENERALE a affiché 2 Mds EUR de profit en 2008 si elle n’avait pas reçu les 12 d’AIG elle aurait sans doute perdu 10, donc c’était le dépôt de bilan… Hum, hum, hum.

    Et tous ces bons banquiers se sont évidemment bien gardés de dévoiler le pot aux roses. On imagine qu’ils ont « serré les fesses » en attendant de voir si le contribuable américain allait sauver AIG ou pas. Il y a dû y avoir un sacré lobbying entre les capitales européennes et Washington sur le sujet. Si les contribuables américains n’avaient pas payé ce sont probablement leurs homologues européens qui auraient dû le faire,en plus de ce qu’ils ont déjà déboursé, pour sauver leurs banques.

    Dernière interrogation : comment la SOCIETE GENERALE a pu perdre 12 milliards de dollars (!!!) qu’une compagnie d’assurance américaine a dû lui rembourser ? Sans doute des produits « dérivés » auxquels ses traders divas n’ont rien compris à leur création et qui se sont effondrés avec la crise actuelle. Tout ceci devait être couvert par des produits non moins sophistiqués auxquels les traders divas d’AIG n’y comprenaient pas plus. Les engagements réciproques sont montés, montés, sans que personne ne soit capable d’évaluer les risques véritables, pris dans « l’exubérance irrationnelle du marché » et on en est arrivé où nous en sommes.

  • L’irresponsabilité des banques

    Les Etats-Unis découvrent que l’assureur AIG, n°1 mondial, qui a été sauvé de la faillite par le contribuable américain via un prêt public de 150 milliards de dollars en échange d’une nationalisation à hauteur de 80% de son capital, est en train de verser des bonus à ses salariés à hauteur de 450 millions de dollars. L’assureur, empêtré avec des actifs sans valeur (credit defaut swap) a perdu 99,3 milliards de dollars en 2008. Le pédégé du groupe auditionné par les parlementaires a déclaré :

    « Nous devons continuer à gérer notre entreprise comme une entreprise… en tenant compte de la froide réalité. A cause de cela et de certaines obligations légales, AIG a récemment versé des bonus, dont certains sont une faute de goût. »

    Une faute de goût, c’est peu dire. Il s’est aussi engagé à demander à ses cadres de reverser la moitié des bonus perçus pour ceux qui ont touchés plus de 100 000 USD.

    Quand il parle de « froide réalité » c’est l’un des paradoxes de cette gigantissime escroquerie aux contribuables : ceux qui ont mis en place ces instruments financiers « dérivés » tellement complexes que plus personne, pas même eux, n’y comprend plus rien, et qui ont générés les faramineuses pertes actuelles du système financier sont les seuls à pouvoir essayer de « démêler les pelotes ». De ce fait les banques en quasi-faillite sont tout de même obligées de garder les coupables dans leurs effectifs et, qui plus est, de leur verser des bonus en principe destinés à récompenser leurs performances, sous peine de les voir partir à la concurrence…

    On marche sur la tête et ce type de situation a le don d’exaspérer les contribuables. On peut le comprendre. C’est la négation même des principes capitalistes.

  • Le dogme et la maladie

    Benoît 16 soupapes fait encore une sortie de son cru. Rien de bien neuf sous le soleil, toujours une vision très conservatrice du monde qui l’entoure. Mais pourquoi changerait-il ? Il a été élu pour ça.

    Il s’agit cette fois-ci de préservatifs qui ne seraient pas la solution du problème du sida en Afrique, et même l’aggraverait. Il a dit cela dans l’avion qui l’emmenait à Yaoundé donc cela a créé un léger buzz sur les ondes médiatico-mondaines. Il ne s’agit pas d’une gaffe ou d’un raté de communication mais de sa pensée profonde sur le sujet. C’est un dogme, comme l’immaculée conception, et il ne faut pas s’attendre à ce qu’il en change. Voir un jour le pape distribuer des préservatifs sur le marché de Douala, c’est un peu comme si Fidel Castro montait un hedge fund à Wall-Street ! Cela ne se produira pas, ne rêvons pas. S’attendre à ce qu’il passe ses convictions sous le tapis n’est guère plus réaliste.

    Mais après tout, est-ce si grave ? N’a-t-on pas tendance à surestimer l’influence de la parole papale ? Combien d’individus sur les 22 millions de malades du sida en Afrique ont été sensibles aux pensées de Benoît 16 soupapes ? Sans doute seulement une infinitésimale minorité, donc le pape peut pérorer ses dogmes et ses convictions tant qu’il le voudra sans que cela ne change plus la face du Monde, dommage pour lui mais heureusement pour les malades.

    Autant traiter cette sortie comme elle le mérite, pas le mépris plutôt que dans le tintamarre. Si l’on n’aime pas son auteur, il ne fallait pas voter pour lui.

  • Hommage à Bashung

    La France qui compte rend hommage à Bashung : France 2 repasse hier soir La Tournée des Grands Espaces et diverses interviews, Libé ce matin titre : Vertige de la Vie et France Inter rejoue ce soir le concert des Francofolies l’été dernier. Il serait enterré au Père Lachaise vendredi prochain.

  • Un peu de modestie serait bienvenue face au Royaume-Uni

    Les brutes anabolisées étaient de sortie hier et se sont fait étendre par l’équipe d’Angleterre. Eh oui, on ne vainc pas comme ça les descendants de la Reine Victoria qui a étendu son empire sur la planète entière, ni les enfants de la Reine Elisabeth qui en 1940 haranguait son peuple début sur les ruines de Londres ; on ne peut guère contre les contemporains de David Bowie et Mick Jagger ; d’autres s’y sont cassé les dents et mangent les pissenlits par la racine aux Invalides. Les franchouillards avaient pourtant sorti la Bête ; vous savez celui mi-homme de Cro-Magnon mi-loup-garou, celui qui n’est que système pileux-nerveux et qui parade sur les publicités Seat, celui qui a un nom qui ressemble à une marque de bifteck haché. Eh bien même lui n’a pu éviter ce Trafalgar du ballon ovale. Merci à la malicieuse Albion de ramener régulièrement l’orgueil hexagonal à un peu plus de modestie.

  • La dette est remboursable

    Pour lutter contre le surendettement des ménages les banques (qui en sont il est vrai en partie responsables) vont devoir signifier à leurs emprunteurs que : « le crédit est remboursable » ! Cela me fait penser au logo qu’il a fallu ajouter sur les bouteilles d’alcool pour rappeler qu’il est dangereux pour les femmes enceintes.

    Le message sur le crédit est un bon message. Il pourrait avec utilité être complété par une information similaire aux contribuables français, et autres, rappelant que les montagnes de dettes en cours d’empilement par les Etats aux abois devront également être remboursées, et que cela ne pourra être fait que par une augmentation massive des impôts et une réduction drastique des dépenses publiques dès que la fin de la crise sera en vue. Tout gouvernement qui raconterait autre chose devrait être brûlé vif en place publique pour les chefs d’accusation de mensonge, félonie, escroquerie, duperie, manipulation, forfanterie et faux-jettonerie, bref, pour politicaillerie aggravée.

    On a toutefois du mal à imaginer que toute cette dette pourra être intégralement remboursée un jour… Il y aura bien à un moment ou à un autre des accords de rééchelonnement/annulation du style Club de Paris, mais cette fois-ci débiteurs et créditeurs seront sans doute issus du même club de pays riches. L’accord n’en sera que plus compliqué à trouver.

  • Adieu Bashung

    Bashung est parti cette après-midi à 61 ans. C’était attendu mais c’est un jour terriblement triste. Il était apparu mal en point aux dernières victoires de la musique au début du mois. Il y avait trouvé l’énergie de chanter Résident de la République et de souffler dans son harmonica. C’est un artiste immense qui nous a quitté aujourd’hui, poète espiègle, troubadour solitaire, rocker jusqu’au fond de l’âme, ses compositions parfois étranges nous accompagnent depuis 30 ans. Instillant son inspiration dans notre vie de tous les jours, déclinant ses notes sur la bande-son d’une génération, il a montré que l’exigence, la hauteur, l’originalité, la pureté, sont encore des valeurs dans notre civilisation-zapping. Merci pour ça, ce ne fut pas vain.

    Il reste une œuvre d’une immense grandeur, le souvenir de tournées exceptionnelles : celle des Grands Espaces, pleine de rêves nomades ; celle de Bleu Pétrole, imprégnée d’une beauté poignante ; et toutes les autres ; il reste le souvenir d’un Homme qui a su parler aux siens !

    Lire aussi :

  • La fin des CD et la politique

    Luc Ferry explique à la radio que désormais plus personne n’achète des CD, « sauf les vieux ». Bonne nouvelle… Et quelques minutes plus tard Mélanchon cite Radiohead en exemple pour le mode de vente sur internet de son dernier disque.

  • Un syndicaliste éclairé en Guadeloupe

    Très intéressant : un texte antillais de huit pages trouvé sur Internet, le « world wide web » décidément de plus en plus sauvage. Une déclaration de 2000 du syndicat UGTG dont le nouveau patron est Elie Domota, héraut de la rébellion guadeloupéenne de ce début 2009. On y lit quelques perles qui sont frappés au coin du bon sens :

    La classe politique guadeloupéenne a perpétuellement agi pour sa propre reproduction. Toute son énergie a consisté à domestiquer les masses, à contraindre les hommes à agir pour sa propre ascension, à limiter l’action politique collective à la satisfaction de ses intérêts personnels et immédiats. Elle a utilisé la division, elle a encouragé l’assimilation, elle a façonné la lâcheté et la capitulation, elle a zonbifié le peuple de Guadeloupe.

    Tous prétendent que notre majorité, notre identité, notre authenticité ne pourra s’exercer sans le contrôle de la France et le financement de l’Europe. Ils poussent le ridicule jusqu’à réclamer les mêmes droits que les nations libres de la Caraïbe tout en restant Français et Européen. Ils n’ont jamais reconnu que les 50 ans de départementalisation et d’intégration à l’Europe a exclu notre pays de la Caraïbe, a anéanti la créativité, a aliéné notre peuple. Comment en effet vouloir aujourd’hui se réclamer Caribéen après avoir des années durant utilisé les difficultés des pays de la Caraïbe comme repoussoir aux idées indépendantistes, après avoir dénigré et pourchassé les peuples de la Caraïbe vivant en Guadeloupe, après n’avoir juré que par la France ?

    Le développement économique de la Guadeloupe comme fondement de l’équilibre social et de l’épanouissement des hommes est un leurre si elle ne relève pas d’une stratégie politique révolutionnaire tendant à transformer les rapports sociaux, à rompre avec les liens coloniaux qui nous lient à la France et à combattre les rapports de domination capitaliste.

    Nous soutenons, comme depuis décembre 1973 que : Le peuple Guadeloupéen a droit à l’autodétermination ; le droit de la Nation Guadeloupéenne à la pleine souveraineté et à l’Indépendance Nationale est inaliénable ; les intérêts de la classe ouvrière, des producteurs et des créateurs Guadeloupéens ne seront préservés que par leur engagement dans la lutte.

    Lire le texte intégral : ici

    S’en suivent un appel à la grève général et une liste d’objectifs à « arracher » dont certains sont légitimes comme la promotion de l’histoire de la Guadeloupe, la conception de programmes d’éducation populaire, le développement économique et néanmoins durable, etc. mais parfois aussi quelques dérapages révolutionnaires du style la production par des « entreprises réellement guadeloupéennes », « l’arrêt du génocide par substitution de notre peuple » ainsi que l’énigmatique point 15 de cette liste à la Prévert qui stipule « le financement de tous nos projets par la dette coloniale ».

    Très finement Elie n’a pas mêlé de revendications autonomistes aux négociations de février 2009, il aurait pollué le débat et donné à ses adversaires la corde pour le pendre. Il lui reste maintenant à diffuser ses idées indépendantistes auprès de « ses frères », je crains que la tâche ne soit autrement plus ardue que de faire plier un préfet de la République sur des augmentations de salaire qui seront réglées par le contribuable, y compris antillais d’ailleurs.

  • Total poursuit sa route

    Ils n’ont pas un communiquant chez Total ? A priori non car sinon ils auraient sinon été un plus discrets pour virer 600 personnes un mois après avoir annoncé un profit consolidé de 14 milliards. Il aurait sans doute suffi de laisser faire tranquillement les départs naturels plutôt que des annonces de licenciement évidemment mal à propos. Cela aurait peut-être coûté quelques centaines de milliers d’euros supplémentaires mais serait resté plus anonyme. On ne nous fera pas croire que Total est à ça prêt. Même un actionnaire, financièrement rapace, intellectuellement borné et géographiquement domicilié à Andorre est capable de comprendre, parfois, la nécessité d’un investissement « politique ». Soit cette boîte le fait exprès soit elle manque du plus élémentaire sens politique. J’avoue qu’entre les deux hypothèses mon cœur balance.

  • Madoff le trader-fraudeur du siècle plaide coupable

    Madoff risque 150 ans de prison, il va plaider coupable. Il sera sans doute plus tranquille à Sin Sin pour le restant de ses jours car sinon, en liberté, on peut craindre qu’un jour ou l’autre un investisseur ruiné ne le pende par ses boyaux à un lampadaire de Time Square ! D’ailleurs il paraît que la police lui fait porter un gilet pare-balles lorsqu’elle l’amène voir le juge.

  • La Corse dans toutes ses contradictions

    Les accusés corses au procès en appel du meurtre du préfet Erignac changent de version comme de cagoule. Ils s’accusent les uns les autres, se renient, se dénient, se nullifient. Ils sont malins, ils jouent avec le système et en tirent les ficelles devant un tribunal ébahi et Madame Erignac dépitée. Les avocats (corses généralement) se lancent dans des tirades sans fin sur les atteintes à la démocratie, se disent victimes de la raison d’Etat. Les journalistes à sensation présentent comme un coup de théâtre le fait qu’Alessandri s’accuse du crime alors qu’il ne fait que renouveler sa position de 2004. Pendant ce temps le comité de soutien de Colonna vend des T-shirts sur un site web Yvan Colonna. Tout ceci n’est guère brillant.