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  • « Léon Monet – frère de l’artiste et collectionneur » au Musée du Luxembourg

    « Léon Monet – frère de l’artiste et collectionneur » au Musée du Luxembourg

    Léon Monet (1836-1917) était le frère aîné de Claude qui cumula une activité de collectionneur avec sa profession de chimiste, spécialiste dans la création de couleurs. Il a grandi au Havre avec son frère qui y produit ses premiers dessins (y compris des caricatures) et peintures des paysages marins et campagnards de la région. Très tôt intéressé par la peinture, il démarre une collection à partir de 1870 et s’installe comme directeur d’usine pour le chimiste helvétique Geigy. Il va jouer le rôle de mécène de l’impressionnisme naissant dont Claude fut l’un des fondateurs. Par son intermédiaire il rencontre Sisley, Pissaro, Renoir, Morisot et achète certaines de leurs œuvres montrées dans cette exposition. Il s’agit beaucoup de Normandie où Léon passa toute sa vie, des paysages de mer, de la Seine, des champs, assortis de couleurs sublimes, images d’un certain bonheur. Claude lui rend visite régulièrement à Rouen et y peint ses 28 célèbres tableaux de la cathédrale sous différentes lumières.

    Une pièce du musée est consacrée à l’activité industrielle dans laquelle évolue Léon, elle aussi tournée vers les couleurs et l’apparition de la chimie pour les composer.

    A la fin de la vie de Léon, les deux frères s’éloignent un peu à cause de Jean, fils de Claude, chimiste lui aussi, qui travaille avec son oncle et avec qui les relations sont orageuses. Qu’importe cette mésentente n’est rien au regard de l’œuvre immense de Claude à l’élaboration de laquelle Léon aura aussi apporté son écot grâce au soutien affectif et artistique qu’il porta sa vie durant à son frère.

    Lire aussi : Musée des Beaux-Arts de Rouen

  • « Shutter Island » de Martin Scorsese

    « Shutter Island » de Martin Scorsese

    La sympathique chaîne de cinémas parisiens indépendants Portail | Dulac Cinémas (dulaccinemas.com) propose une soirée cinéclub avec le film Shutter Island en « version 35 mm », c’est-à-dire visionné à partir d’une pellicule et non un support numérique. L’animateur qui introduit le film de Scorsese de 2010 présente cette technologie ancienne comme un joyau permettant une re-visitation de ce film de 2010. C’est une affaire de spécialistes car le spectateur moyen ne voit guère de différence entre les deux versions…

    Qu’importe, le film est passionnant et un peu terrifiant. Le thème en est la folie et la noirceur de l’âme. Un hôpital psychiatrique accueillant exclusivement des criminels psychiquement dérangés est installé sur une île au large de Boston et sur laquelle débarquent deux inspecteurs venus enquêter sur la disparition d’une patiente. Nous sommes dans les années 1950, Teddy (Leonardo DiCaprio) a fait partie des troupes américaines qui ont libéré le camp d’extermination nazi de Dachau et il en garde un profond traumatisme. Les deux policiers vont se trouver confrontés à l’équipe soignante et de surveillance dont les comportements sont étranges, notamment deux psychiatres dont l’un est allemands.

    Tout le scénario consiste à faire douter Teddy de son propre état mental. De manipulations en retours sur le passé (sa femme serait décédée dans l’incendie de leur maison), d’évasions en rencontres impromptues, de rêves en cauchemars, de soupçons en délires, le spectateur ne sait toujours pas à la fin du film si Teddy est l’un des patients de l’hôpital depuis deux ans ou un enquêteur de passage depuis deux jours, ni s’il est véritablement un meurtrier. L’histoire se déroule alors qu’une tempête se déchaîne et coupe l’île du reste du monde. Fascinant ! Les plus optimistes espèrent qu’un tel scénario dépasse les bornes de la réalité…

    Nous sommes au Cinéclub alors Florence Colombani qui a écrit un livre sur le jeu d’acteur de DiCaprio vient nous parler de sa performance et de son lien presque filial avec Scorcese. Un court métrage est également projeté en présence de son réalisateur et ses deux acteurs : « Ainsi commença le déclin d’Antoine » de Paul Rigoux, l’histoire d’un garçon qui épie les filles depuis sa table stratégique d’un café de la Place Clichy.

    Merci le cinéma !

  • de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

    C’est le dernier acte de la trilogie de Michel de Saint Pierre consacrée à la dynastie des Romanov. Nous sommes en mars 1917 Nicolas II a abdiqué en faveur de son frère qui ne gardera le pouvoir que 24 heures et le laisse à un gouvernement provisoire dirigé par Kerenski sous l’autorité du Prince Lvov. L’armée russe est secouée sur le front est de la guerre de 1914-1918, la famille impériale est assignée à résidence, les révolutionnaires russes se chamaillent sérieusement sur le vaste territoire national, la guerre civile pointe son nez, Lénine, exilé en Suisse, est renvoyé à Saint Pétersbourg, ce qui ne va pas vraiment apaiser la situation…

    Il se dit que l’Allemagne a favorisé le retour de Lénine afin de renforcer le désordre en Russie et rendre moins dangereux ce pays dans la guerre mondiale en cours. On soupçonnera ensuite Berlin de financer Lénine avec le même objectif. Malgré ses talents oratoires Kerenski est progressivement emporté par l’impact du conflit sur sa politique intérieure. Le pays s’effondre progressivement et le parti bolchévique emmené par Lénine et Trotski cueille le pouvoir comme un fruit mur en octobre 1917 au terme d’une insurrection sanglante : « octobre rouge » et d’un coup d’Etat qui liquide les reste du pouvoir bourgeois flageolant.

    De façon inversement proportionnelle au renforcement du pouvoir bolchévique le sort de la famille impériale se dégrade en captivité. Elle est d’abord transférée du palais de Tsarskoïe Selo près de Petrograd (Saint Pétersbourg) à Tobolsk en Sibérie occidentale puis à Ekaterinbourg dans l’Oural où elle sera massacrée dans le sous-sol de la maison « à destination spéciale » Ipatiev le 16 juillet 1918, avec une partie de sa suite par une soldatesque enivrée par la vodka et l’odeur de la poudre. Leurs restes sont dissous dans l’acide, brûlés puis incinérés dans la forêt voisine. Il est probable que Lénine en personne signa l’ordre d’exécution.

    Les Romanov en 1913

    Saint Pierre déplore évidemment ce massacre royal que d’ailleurs pas grand monde ne défendit à l’époque excepté le nouveau pouvoir bolchévique qui voulait ainsi marquer son arrivée au pouvoir d’un acte fondateur et violent. Il décrit les premiers mois de gouvernement du duo infernal Lénine / Trotski de façon que l’on peut qualifier aujourd’hui de réaliste compte tenu de ce que l’on sait des travaux d’historiens sur la guerre civile russe de ces années et les dérives du pouvoir rouge qui aboutit à l’avènement de Staline qui succède à Lénine après sa mort en 1924, avant de faire assassiner son grand rival Trotski.

    Lénine est déjà décrit comme déployant une incroyable force idéologique et assez peu de sentiments sur les moyens à employer pur atteindre ses buts. Il considère que le « peuple » doit être mené à la force des baïonnettes et il crée la Tchéka (ancêtre du KGB) pour mener l’oppression qui, dès le départ, est nécessaire pour forcer les citoyens « analphabètes et stupides » à mener la révolution face au vieux monde capitaliste qui « s’effondre ». Alors massacrer la famille impériale dont cinq enfants n’est vraiment pas un obstacle qui puisse arrêter la course victorieuse du bolchévisme.

    On sait ce qu’il advint de ce régime révolutionnaire dont les scories continuent aujourd’hui de faire brûler la Fédération de Russie qui a pris la suite de l’empire soviétique, lui-même successeur de l’empire des tsars Romanov.

    Petite anecdote dans la grande Histoire, dans les années 1920, une femme psychiquement malade se fit passer pour Anastasia, la plus jeune fille du couple impérial, qui aurait survécu au massacre de sa famille. Le mystère n’a jamais été vraiment levé malgré nombre de tentatives, y compris judiciaires. Il semble peu probable que la jeune fille (elle avait 17 ans) ait pu échapper aux tueurs bolchéviques mais Michel de Saint Pierre tend à le croire, laissant plutôt parler son cœur que la science historique.

    Lire aussi :
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

  • « Félins » au Muséum d’Histoire naturelle

    « Félins » au Muséum d’Histoire naturelle

    Le Muséum d’Histoire naturelle du Jardin des Plantes présente une exposition consacrée aux félins, du tigre féroce au chat domestique, en passant par lynx, jaguars et autres panthères. Il y a plein de ces animaux naturalisés, des explications pédagogiques sur leur histoire qui remonte à plusieurs millénaires. Des vidéos également montrant leur incroyable talent de prédateur. Evidemment c’est plutôt une exposition à destination des enfants, d’ailleurs nous sommes mercredi et le musée en est envahi. Mais leurs aînés qui vénèrent ces félins y trouvent aussi leur compte.

  • La réalité et la révolution

    La réalité et la révolution

    La France est à nouveau la proie des émeutes. Avec une constance qui force l’admiration les accusations de violences policières refont surface. Les images de casseurs-émeutiers déclenchant des incendies ou cassant des vitrines de banques lors de manifestations urbaines contre la réforme des retraites, incendiant des véhicules de la gendarmerie et visant leurs occupants militaires à coups de fusées de feu d’artifice et de cocktails molotov dans les champs pour contester la construction de réservoirs d’eau à ciel ouvert pour l’irrigation de l’agriculture, sont assez édifiantes pour comprendre qui attaque qui.

    Ce ne sont pas les véhicules des manifestants qui brûlent, ce ne sont pas les façades de leurs maisons qui sont saccagées, mais qu’importe, les forces de l’ordre sont accusées d’être violentes et de provoquer les émeutes. Avec la même mauvaise foi que le Kremlin accusant l’Occident de l’avoir attaqué dans la guerre d’Ukraine, la gauche française ne parle plus que des « violences policières » pour tenter de relativiser les dérives guerrières de la rue auxquelles on assiste et qui ont poussé le gouvernement à annuler une visite du Roi britannique qui devait avoir lieu ce week-end.

    Forte de son passé révolutionnaire et comme toujours, cela dure depuis 1968 et même avant, la France regarde les contestataires violents d’un œil attendri. Ceux-ci se croient en mesure de défier la loi pour faire valoir ce qu’ils pensent être « l’intérêt général », même par la violence, alors que l’Etat estime comme relevant de son pouvoir régalien de faire respecter l’ordre, au besoin en utilisant la force « légitime » que lui octroie la Loi.

    Il existe aujourd’hui en France une offre politique alternative qui n’a pas emporté la majorité des suffrages. M. Mélanchon qui s’émeut dans ses tweets et sur différentes scènes des « violences policières » n’a jamais été élu président de la République malgré plusieurs candidatures. Il suffit de voter pour lui et il appliquera un programme probablement plus conforme à ce qu’attendent les émeutiers actuels. Aujourd’hui il existe un choix démocratique possible dont on a même réduit la périodicité à cinq ans.

    N’ayant pas réussi à faire élire un représentant qui les satisfasse, et probablement réalistes sur l’absence de perspective à en faire élire un à court terme, les émeutiers mènent le combat dans la rue. A défaut de majorité dans les urnes ils appliquent le vieux principe révolutionnaire maoïste : « action, réaction, révolution ». Passer des urnes au cocktail molotov a un peu été un principe politique français. Sans remonter à 1789, le XXème siècle a vu défiler les mouvements de contestation violents en France : la « révolution bourgeoise » de 1968 (qui s’est terminée par une dissolution de l’assemblée nationale et la réélection d’une chambre majoritairement de droite), les mouvements violents « Gauche Prolétarienne », « Action Directe » et bien d’autres, qui ont émaillé la vie politique des années suivantes, le plus souvent soutenus intellectuellement par une partie de l’intelligentsia, ont marqué le paysage politique français. Mao et Trotski ont été les inspirateurs de la gauche de cette époque. Les émeutiers actuels sont les successeurs de ces mouvements, le soutien des intellectuels en moins.

    Mais le pays reste irrigué par les remugles de cette pensée d’un autre âge qui tend à justifier la violence politique et à condamner quasi-systématiquement la réaction des forces de sécurité. C’est ainsi et les partis conservateurs qui se sont succédé au pouvoir depuis la seconde guerre mondiale en France n’ont pas vraiment réussi à inverser cette influence, certes plus diffuse aujourd’hui, mais toujours prégnante.

    Heureusement il reste Christine Boutin pour apporter son soutien au pouvoir mais son tweet n’a été retweeté que… 2 fois. C’est tout de même une bonne nouvelle dans un océan de catastrophes de savoir qu’elle n’intéresse plus grand monde :

  • Anonyme, ‘La Bible – l’Exode’.

    Le deuxième chapitre de l’ancien testament de la Bible raconte l’exode du peuple juif, chassé d’Egypte, traversant la Mer Rouge dont les eaux sont ouvertes par les bras de Moïse avant d’atteindre la terre promise, celle d’Israël. L’histoire est connue, les méchants égyptiens craignent l’expansion des « enfants d’Israël » et les transforment en esclaves. Le roi instruit les accoucheuses de tuer les fils de ce peuple en ne laissant survivre que les filles. Moïse est issu de ce peuple va être le messager de Dieu-Yahvé, d’abord auprès de Pharaon (le roi d’Egypte) pour qu’il laisse partir les enfants d’Israël avec force miracles menaçants générant diverses calamités pour le convaincre. Yahvé déclenche les 10 plaies d’Egypte : la grêle, les moustiques, la mort des nouveau-nés… pour persuader le pharaon de libérer son peuple d’Egypte. Et il y parvient tout en veillant à ce que les Egyptiens soient auparavant dépouillés par les enfants d’Israël qui se font « prêter » bijoux et vêtements qu’ils ne rendront pas avant la fuite.

    Ce sont ensuite les pérégrinations à travers la mer et le désert puis l’arrivée au Sinaï où Yahvé prononcera le décalogue : « tu ne tueras point, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, etc. » Dieu en profite pour établir les bases d’un droit concernant les esclaves, les homicides, le « viol d’une vierge », la morale, etc. Moïse monte sur la montagne où trône Yahvé et en redescend avec « les tables de pierre – la Loi et les commandements ». Viennent ensuite les règlements régissant la vie courante, dont l’impôt ou le repos sabbatique. Une fois réglé ce cadre juridique par Dieu, tout ce petit monde se remet en route pour gagner le « pays où ruisselle le lait et le miel » après avoir pris soin de construire un sanctuaire dont toutes les caractéristiques architecturales sont détaillées dans le texte. Moïse fait son possible pour tenir son peuple sous la coupe de Yahvé en lui évitant de retomber dans ses errements et autres adorations d’idoles. Il brise d’ailleurs les Tables de la Loi sur le veau d’or que ce peuple indiscipliné s’était mis à adorer pendant que Moïse recueillait les instructions de Dieu sur la montagne…

    Le Livre de l’Exode est sans doute l’une des premières traces écrites de la nécessité d’instaurer et de respecter des règles minimales pour vivre en société. Evidemment elles sont aujourd’hui plutôt le fruit de parlements et de systèmes législatifs que de Dieu, au moins dans les démocraties, mais sans règle le peuple revient rapidement à l’anarchie (le veau d’or). Malgré tout, les Etats religieux continuent à adorer Dieu et à mettre en œuvre l’intégralité de ces textes millénaires, un peu dépassés, qui n’ont pas été écrits par Dieu, semble-t-il, mais par des hommes. Dans les régimes démocratiques certaines de ces règles bibliques subsistent encore aujourd’hui sous une forme ou sous une autre, celles qui relèvent du bon sens.

    Lire aussi : Anonyme, ‘La Bible – Genèse’.

  • « Néo-romantiques – Un moment oublié de l’art moderne 1926-1972 » au Musée Marmottan Monet

    « Néo-romantiques – Un moment oublié de l’art moderne 1926-1972 » au Musée Marmottan Monet

    Le mouvement du néo-romantisme est présenté par le musée Marmottan comme l’un des premiers mouvements post-modernes fondé sur la remise en cause de l’abstraction et sur le retour à la figure. L’exposition démarre sur un Picasso qui inspira les néo-romantiques qui cherchèrent aussi à s’en démarquer. Datant de la première moitié du XXème siècle les œuvres prennent parfois un aspect fantasmagorique pas toujours aisé à décrypter. Quelques paysages aux couleurs claires et naturelles paraissent un peu incongrus au milieu de tableaux sombres et excentriques. Ce sont encore les jamais sourire mais ils nous ramènent à leur époque.

    Ce petit monde parisien néo-romantique réunissait des artistes « russes blancs » émigrés de la révolution bolchévique, des anglo-saxons et tous semblaient beaucoup faire la fête où se retrouvaient Jean Cocteau, Gertrude Stein, Julien Green, Max Jacob.

    Comme nous sommes au musée Monet le visiteur descend ensuite au sous-sol où est exposée la superbe collection permanente de tableaux de Claude Monet, histoire de se réconcilier avec la couleur et la peinture plus classique produite par l’un des géants de l’impressionnisme.

  • L’ancien président russe Medvedev toujours en pointe et en subtilité

    L’ancien président russe Medvedev toujours en pointe et en subtilité

    Dans un tweet vengeur, l’ancien président russe Medvedev règle ses comptes avec le droit international suite au lancement de mandats d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président russe en poste, M. Poutine, et Mme. Maria Lvova-Belovasa, Commissaire aux droits de l’enfant au sein du Cabinet du Président. Tous deux sont accusés « du crime de guerre de déportation illégale de population (enfants) et du crime de guerre de transfert illégal de population (enfants), et ce, de certaines zones occupées de l’Ukraine vers la Fédération de Russie (au sens des articles 8-2-a-vii et 8-2-b-viii du Statut de Rome). »

    Lire aussi : https://www.icc-cpi.int/fr/news/situation-en-ukraine-les-juges-de-la-cpi-delivrent-des-mandats-darret-contre-vladimir

    Il a été effectivement documenté des transferts d’enfants ukrainiens vers la Russie, officiellement pour sauver des orphelins des horreurs de la guerre. Moscou s’en est d’ailleurs officiellement enorgueillit mais il s’avère que nombre de ces enfants ne seraient pas du tout orphelins et que leurs parents ont été trompés. Il s’agirait de familles résidant dans les territoires ukrainiens occupés par les Russes à qui les autorités d’occupation auraient annoncé que leurs enfants partaient en vacances en Crimée pour quelques semaines. Ces gamins n’auraient pas été renvoyés en Ukraine à l’issue de leur séjour et seraient en voie de russification : changement de nom, attribution d’un passeport russe, inscription dans les écoles russes et processus accéléré de naturalisation adopté via un décret signé par le président russe le 30 mai dernier.

    Pour « régler » ce problème, M. Medvedev propose d’envoyer un missile hypersonique sur La Haye où se trouve le siège de la CPI :

    Les juges de la CPI étaient inutilement agités. Regardez, disent-ils, nous sommes courageux, nous n’avons pas osé lever la main contre la plus grande puissance nucléaire. Hélas, messieurs, tout le monde marche sous Dieu et les fusées. Il est tout à fait possible d’imaginer l’application ponctuelle d’un transporteur hypersonique de la mer du Nord d’un navire russe au palais de justice de La Haye.

    Traduction Microsoft du Medvedev complet

    Il y a eu un effondrement final du système de droit international On l’admet : il n’était pas très efficace avant. Surtout ses institutions internationales.

    La Société des Nations s’est effondrée, l’URSS songeait à se retirer de l’ONU, les conventions et autres actes internationaux sont adoptés aujourd’hui avec difficulté, il y a un parti pris complet et un diktat d’un groupe de pays anglo-saxons.

    Mais le principal défaut du système de droit international public est son inefficacité. Les pays ne veulent pas mettre en œuvre les actes biaisés de l’Assemblée générale des Nations Unies, opposer leur veto aux décisions du Conseil de sécurité de l’ONU, quitter diverses institutions de l’ONU. La raison en est leur injustice, qui est basée sur l’inadmissibilité de la coercition par un groupe de pays souverains des mêmes États souverains. POUR PAR IN PAREM NON HABET IMPERIUM. L’égal n’a aucun pouvoir sur l’égal.

    Prenons cette CPI stupide et inutile, créée sur la base du Statut de Rome, à laquelle les plus grands États n’ont pas adhéré. Qui a-t-il tenu responsable ?

    Trois douzaines d’inconnus. Le président soudanais a craché sur ces accusations et, malgré un coup d’État militaire dans le pays, n’est pas disponible pour la « justice ». Le reste ne vaut pas la peine d’être mentionné du tout. En d’autres termes, l’efficacité de leurs activités est nulle. Il ne s’agit pas de tribunaux ad hoc de Nuremberg et de Tokyo. Ou même le douteux Tribunal pour l’ex-Yougoslavie. C’est compréhensible.

    Après tout, il est possible de juger un pays et ses dirigeants dans deux cas: 1) lorsque le pays lui-même est extrêmement affaibli, a presque perdu sa souveraineté et a décidé de reconnaître le jugement de lui-même; 2) lorsque le pays a perdu la guerre et s’est rendu. C’est impossible autrement. Et tout le monde le comprend. Soit dit en passant, l’épisode le plus discréditant, qui a tué l’autorité déjà presque nulle de la Cour, est associé aux crimes américains en Afghanistan et en Irak. Le tribunal était complètement dérangé et ne pouvait rien faire. De toute évidence, le cri puissant des États-Unis selon lequel nous, disent-ils, n’avons pas du tout ratifié le Statut de Rome, fuck off pigmies, a provoqué une envie animale parmi les juges de répondre à des besoins naturels qui ne sont pas liés à la justice.

    Et puis ils ont décidé de juger le président d’une autre puissance nucléaire qui ne participe pas à la CPI pour les mêmes raisons que les États-Unis et d’autres pays. De toute évidence, l’introduction la plus difficile possible est venue du même Pindostan. Il est clair qu’il n’y a pas de valeur pratique, mais merci de vous en souvenir.

    Mais les conséquences pour le droit international seront monstrueuses. Après tout, c’est l’effondrement des fondations, des principes du droit. Y compris des postulats sur l’inévitabilité de la responsabilité. Maintenant, personne n’ira dans les organismes internationaux, tout le monde sera d’accord entre eux. Toutes les décisions stupides de l’ONU et d’autres structures vont éclater. Un sombre coucher de soleil de tout le système des relations internationales approche. La confiance est épuisée.

    Encore une chose. Les juges de la CPI étaient inutilement agités. Regardez, disent-ils, nous sommes courageux, nous n’avons pas osé lever la main contre la plus grande puissance nucléaire. Hélas, messieurs, tout le monde marche sous Dieu et les fusées. Il est tout à fait possible d’imaginer l’application ponctuelle d’un transporteur hypersonique de la mer du Nord d’un navire russe au palais de justice de La Haye. Il ne peut pas être abattu, hélas. Et la Cour n’est qu’une organisation internationale misérable, pas la population d’un pays de l’OTAN. Par conséquent, la guerre ne sera pas commencée. Ils auront peur. Et personne ne le regrettera. Alors, citoyens juges, regardez attentivement le ciel…

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  • Le langage change, les faits stagnent

    Le langage change, les faits stagnent

    On ne dit plus « le tiers-monde » depuis longtemps. L’expression avait d’abord été remplacée par « les pays les moins avancées » puis, parce que celle-ci était toujours vécue comme dévalorisante, par « les pays en développement ». Tout ceci n’existe plus aujourd’hui où l’on parle désormais de « Sud global ». La notion recouvre à peu près la même chose, c’est-à-dire les pays qui affichent un faible Produit Intérieur Brut (PIB)/habitant, en y ajoutant une vague notion d’anti-occidentalisme que partageraient ces pays.

  • « Chili 1976 » de Manuela Martelli

    « Chili 1976 » de Manuela Martelli

    Nous sommes au Chili en 1976, la dictature militaire est en place depuis deux ans, sous la férule du général Pinochet. Les institutions démocratiques sont mises au pas, la répression contre les opposants est féroce et les « gauchistes » sont pourchassés, torturés, assassinés à travers le pays, et même à l’étranger. Le film de l’actrice et réalisatrice chilienne Manuela Martelli suit la vie d’une bourgeoise de Santiago se rendant dans sa résidence secondaire au bord de l’océan pour y superviser des travaux de rénovation et qui, un peu malgré elle, va se trouver embringuer dans le soutien à un opposant révolutionnaire blessé.

    Digne et élégante, jeune grand-mère, Carmen est l’épouse d’un médecin de Santiago qui soigne aussi des dignitaires militaires, elle n’a entendu parler de la dictature que via ses deux fils adultes qui s’opposent sur le sujet lors des repas familiaux. Les gens de sa condition ne soutiennent pas forcément les méthodes de la dictature mais préfèrent regarder ailleurs, la destitution du précédent régime de gauche arrangeant globalement leurs affaires. Tout ce petit monde vaque à ses occupations et fréquentent assidûment les églises.

    C’est d’ailleurs à la demande du prêtre du coin que Carmen, ex-volontaire de la Croix Rouge va prodiguer des soins à ce révolutionnaire, jusqu’à rencontrer son réseau pour essayer de le faire exfiltrer une fois l’avoir remis sur pieds. Elle n’en dit rien dans sa famille bien entendu et vit cette intrusion dans la révolution avec angoisse et générosité. Cela se termine tragiquement pour l’opposant et pas trop mal pour elle qui, malgré ses maladresses de rebelle de pacotille, va être protégée par les siens sans le savoir.

    C’est aussi un film sur la difficulté de l’engagement politique lorsque celui-ci fait courir de véritables dangers à ceux qui le prennent. Un danger que n’ont pas hésité à affronter nombre de résistants à différentes époques sur la planète, et qu’affrontent toujours aujourd’hui des opposants en Russie, en Birmanie ou en Chine. Ils sont admirables et c’est souvent grâce à leur combat que des dictatures se sont transformées en démocraties, système où l’engagement politique ne fait plus courir grands risques à ceux qui s’y opposent. Le cas de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale est caractéristique de ces transitions à la fin du XXème siècle. Il n’est pas sûr qu’aujourd’hui les nouvelles dictatures se laissent abattre aussi « facilement »…

    Lire aussi : « Missing » de Costa-Gavras (1982)

  • Déficits, déclassement et mauvaise foi

    Déficits, déclassement et mauvaise foi

    Avec une mauvaise foi propre au monde politique français la bataille fait rage sur la nécessité, ou pas, d’une réforme des retraites. Les opposants admettent désormais que le système est en « léger » déficit sur les prochaines années mais rivalisent d’idées alternatives pour financer ce déficit permettant d’éviter d’augmenter l’âge légal minimum de départ à la retraite de 62 à 64 ans (à taux plein) comme prévu dans le projet de loi qui a été adopté lundi par suite du rejet de deux motions de censure par l’assemblée nationale. Ces idées vont de la taxation des dividendes, à l’augmentation des cotisations patronales ou ouvrières, voire les deux en même temps, en passant par la baisse des pensions. Le gouvernement a choisi une autre option, celle d’augmenter la durée du travail.

    Les sexagénaires qui prennent actuellement leur retraite ont généralement débuté leurs carrières dans les années 1980 à une période où l’âge légal de départ était de 65 ans. Avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 ils ont vu cet âge légal baisser à 60 ans en 1982, accompagné de la réduction de la durée légale du travail hebdomadaire de 40 à 39 heures et de la création d’un « ministère du temps libre » dont la mission était de « de conduire par l’éducation populaire, une action de promotion du loisir vrai et créateur et de maîtrise de son temps ». Quelques années plus tard, en 2000, une nouvelle loi, dite « Aubry », réduisait encore la durée légale du travail hebdomadaire à 35 heures

    C’était le temps des illusions qui se sont assez rapidement heurtées au mur de la réalité d’où un plan en 1983 qualifié de « rigueur » alors qu’il ne consistait qu’à équilibrer les dépenses avec les recettes, c’était donc plutôt un plan de bonne gestion. Mais il n’a pas été touché à l’âge de départ en retraite.

    En 1996, devant l’insoutenabilité de la dette sociale, y compris la partie liée à l’assurance vieillesse (la retraire), qui ne pouvait manifestement plus être remboursée par les seuls cotisants, cette dette est transférée à un machin créé pour l’occasion, la CADES (Caisse d’amortissement de la dette sociale) alimentée par une nouvelle taxe, la CRDS, créée pour l’occasion. Cela veut dire en clair que ce n’est plus le cotisant qui rembourse cette dette mais le contribuable. En gros, on a refourgué les déficits cumulés par la protection sociale ce qui a permis de rendre une nouvelle virginité à l’assurance retraite. La France a toujours su faire preuve de beaucoup de créativité pour masquer ses dépenses. En 2010, le mur de la réalité est toujours en béton armé et l’âge de la retraite doit être augmenté à 62 ans.

    En 2022 les programmes électoraux des partis de droite de gouvernement tablaient tous sur une nouvelle augmentation de l’âge minimum à 65 ans, soit le retour à la situation de 1982 ce qui ne paraît pas intellectuellement complètement incohérent puisqu’il y a moins d’actifs aujourd’hui pour un retraité qu’il y a quarante ans. Les négociations menées avec le parlement ont abouti à revoir cet objectif à 64 ans au lieu de 65 dans le projet initial.

    Malgré tout, les émeutes ont repris dans les rues des grandes villes de France. Les sondeurs frétillent en demandant aux citoyens s’ils sont satisfaits de devoir travailler deux années de plus et, oh surprise, ils répondent par la négative. Les chaînes d’information en continu ressassent ces sondages et glosent à l’infini, avec fébrilité et gourmandise les images de casseurs et de feux de poubelles. Les hommes politiques s’écharpent avec force arguments misérabilistes et reniements variés. Les partis d’opposition ne voient comme seule porte de sortie que de dépenser toujours plus d’argent public.

    En réalité on n’a jamais vraiment trouvé d’autres solutions sérieuses pour accroître la richesse d’une nation que de la faire travailler plus, ce qui ne doit pas empêcher de travailler à une répartition consensuelle de cette richesse créée par le travail et la France à cet égard est dans le peloton de tête des pays occidentaux pour la redistribution via l’impôt. Mais c’est un raisonnement qui n’est pas partagé par la majorité. Comment en serait-il autrement dans un pays qui préfère financer des jeux olympiques ou une coupe du monde de rugby plutôt que ses enseignants, un pays où les campagnes électorales se déroulent sur le plateau de Cyrille Hanouna, animateur de télévision qui se vautre dans la vulgarité et le racolage, œuvrant puissamment à l’abrutissement des masses sur des fréquences attribuées gratuitement par l’Etat. C’est ainsi et c’est notre responsabilité collective, celle d’un avachissement général qui déclasse progressivement le pays. La France a mangé son pain blanc depuis des décennies, vivant largement au-dessus de ses moyens et l’une des contreparties se trouve dans le niveau de sa dette. Alors évidemment il est toujours douloureux de devoir revenir sur des avantages dont tout le monde a profité mais que nous n’avons pas su financer…

    Lire aussi : La dette publique

    Et le problème n’est pas que financier, il relève aussi de l’égo de la nation qui doit admettre qu’elle n’est plus le « grand pays » doté de la cinquième économie mondiale et de la puissance nucléaire qu’elle croit encore être, mais juste un pays moyen parmi les autres, plus déclassé que ses voisins car refusant de voir cette réalité. Le fameux « grand débat » organisé après les émeutes de 2018-2019 devait servir de psychothérapie de groupe, il a échoué et la contestation revient dans la rue.

    Il est probable que cette situation va se régler, comme d’habitude par plus de dépenses publiques jusqu’au jour où le juge de paix, les marchés financiers, refusera de continuer à prêter à la République, ou alors ils le feront à des taux d’intérêt prohibitifs qui forceront ainsi à reprendre le contrôle de la dépense publique. Ce jour pourrait arriver plus vite que prévu, hélas ! La France n’a rarement su se réformer sans contrainte forte.

  • Un peu de douceur dans un monde de brutes

    Un peu de douceur dans un monde de brutes

    Le manège du Jardin du Luxembourg
  • La Chine a proposé un plan de paix pour la guerre d’Ukraine

    La Chine a proposé un plan de paix pour la guerre d’Ukraine

    L’ambassade de Chine à Paris a publié la proposition d’un plan de paix entre la Russie et l’Ukraine mis en ligne sur le site web de son ministère des affaires étrangères ce 24 février. Immédiatement tout le monde s’y est opposé ce qui semble indiquer que c’est un bon point de départ.

    La première phase du premier point est sans doute la plus intéressante en ce qu’elle fait référence à la « souveraineté de tous les pays » au « droit international universellement reconnu » ainsi qu’aux buts et principes de la Chartre des Nations Unies :

    Respecter la souveraineté de tous les pays. Le droit international universellement reconnu, y compris les buts et principes de la Charte des Nations Unies, doit être strictement observé. La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement garanties. Les pays, qu’ils soient grands ou petits, puissants ou faibles, riches ou pauvres, sont membres égaux de la communauté internationale.

    Le reste est très consensuel et peu de pays peuvent décemment s’y opposer ; la Russie et l’Ukraine se contenteront de ne pas mettre en œuvre les recommandations de ce texte extrêmement général. Il y est question de « cesser les hostilités », de « lancer des pourparlers de paix », de « régler la crise humanitaire », de « protéger les civils et les prisonniers de guerre », de « mettre fin aux sanctions unilatérales », etc.

    Il reste maintenant à la Chine d’essayer de mettre les belligérants autour d’une table et de poser ce texte au milieu, on verra bien qui s’assied et qui accepte de passer en revue les douze points de ce plan ! On ne peut pas complètement exclure qu’elle y parvienne car la fatigue commence à atteindre les combattants.

  • de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘

    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘

    C’est le deuxième tome de la saga des Romanov racontée par Michel de Saint Pierre qui va de Nicolas 1er en 1827, petit-fils de la grande Catherine, frère d’Alexandre 1er qui vainquit Napoléon et termina le premier volume, à Nicolas II dont l’abdication en 1917 marquera la fin de la dynastie et la victoire des révolutionnaires bolchéviques. Il couvre presqu’un siècle au cours duquel l’empire va connaître des fortunes diverses, à commencer par l’intronisation de Nicolas qui va déclencher une féroce répression du mouvement des « décabristes » dès les premiers jours du règne.

    A la tête d’un immense empire Nicolas va tenter de s’attaquer à nouveau à l’affranchissement des paysans et l’abolition du servage. Sur le plan extérieur il déclare encore une guerre à la Turquie et s’inquiète de l’opposition de la Pologne dont il est le Roi. Autocrate dans l’âme, il essaye de faire évoluer l’environnement légal de la Russie pour la moderniser. Il se heurte également aux premiers soubresauts révolutionnaires dans le pays et à la contestation de l’élite intellectuelle emmenée par le poète Pouchkine.

    Son fils Alexandre II lui succède à sa mort en 1855. Il annexe la Pologne, c’est plus simple ainsi. Il perd la guerre de Crimée contre les alliés anglais, ottomans et français. Il fait proclamer l’abolition du servage, réforme l’armée, tente une réforme agraire, conclut « l’alliance des 3 empereurs » avec l’Autriche et l’Allemagne, et meurt assassiné par des anarchistes nihilistes en 1881.

    Son fils prend les commandes sous le nom d’Alexandre III et va gouverner sous les règles de l’autocratie et de l’orthodoxie. Il poursuit sans trop de succès la lutte contre la révolution de plus en plus présente et va se rapprocher de la France. Son règne de 13 ans ne fut entaché d’aucune guerre. Il meurt en 1894.

    Nicolas II, fils d’Alexandre III, s’installe au pouvoir à Saint-Pétersbourg pour un règne qui marquera la fin des Romanov et de la monarchie en Russie. La guerre perdue contre le Japon en 1905 sera un désastre pour l’empire qui entraîne de violentes contestations du pouvoir. Raspoutine fait son apparition dans l’entourage de l’empereur où il va progressivement exercer une forte influence que le couple impérial, mêlant politique, religion, médecine parallèle et lubricité. Il est assassiné en 1916 par un prince de la noblesse. Mais Nicolas II affronte surtout l’émergence des révolutionnaires. Même si les principaux meneurs, dont Lénine, sont exilés à l’étranger, la contestation populaire s’exprime de plus en plus dans la rue, donnant lieu à une répression toute autocratique. La Russie intègre en 1914 la guerre contre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’empire Ottoman. L’armée russe est malmenée au combat et affaiblie par le prélèvement d’unités rapatriées en Russie pour lutter contre la subversion.

    Les manifestations et complots sur la scène intérieures, ajoutés à l’aveuglement impérial, amèneront à des rébellions dans l’armée, la police et les cosaques, poussant l’empereur à abdiquer en 1917 en faveur de son frère Michel qui renonce aussitôt, mettant ainsi fin à la monarchie en Russie.

    Lire aussi :
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘
  • « Thomas Demand – Le bégaiement de l’histoire » au Musée du Jeu de Paume

    « Thomas Demand – Le bégaiement de l’histoire » au Musée du Jeu de Paume

    Le musée du Jeu de Paume expose le photographe allemand Thomas Demand, né en 1954, dont le concept artistique consiste à prendre une photo d’un décor, choisi généralement pour une raison bien particulière, puis recréer celui-ci minutieusement en papier et en carton de couleurs, en grandeur réelle, pour rephotographier le décor fictif expurgé des personnages qui existaient éventuellement dans l’original réel et, enfin, détruire le décor en papier.

    Sculpteur de formation, Demand prend un soin infini à recréer le réel dans une parfaite illusion qui donne ensuite aux clichés de grandes dimensions un côté parfaitement clinique et déshumanisé, avec une impression d’immobilité irréelle. Un environnement de poupées Barbie sans les imperfections de la réalité. La préparation des décors est extraordinaire, pour une photo de la canopée il a fabriqué plus de 270 000 feuilles d’arbres en papier…

    Le « bégaiement de l’histoire » qui donne son titre à l’exposition se réfère aussi au choix des évènements tragiques objets des décors photographiés : la salle de contrôle de la centrale nucléaire de Fukushima après le désastre nucléaire, la baignoire où fut retrouvé le corps d’un ministre allemand en 1997, la passerelle accrochée à l’avion qui amena le Pape Jean-Paul II à Berlin en 2001, un bureau dévasté de la Stasi (police secrète est-allemande) après la réunification…

    C’est une étrange démarche artistique que de rendre fictive la réalité pour photographier cette fiction mais le résultat est stupéfiant nous faisant voguer à travers le réel via des photos de décors reconstruits.

    Si vous voulez acheter certaines de ces œuvres, visitez aussi la galerie Esther Schipper place Vendôme.

  • « Toute la beauté et le sang versé » de Laura Poitras

    « Toute la beauté et le sang versé » de Laura Poitras

    C’est un documentaire émouvant de Laura Poitras qui sort en salle cette semaine, centré sur la photographe Nan Goldin. On y retrouve les combats de sa vie, dont le dernier via l’association P.A.I.N. (Prescription Addiction Intervention Now) créée pour ce faire, contre la famille Sackler, dont l’entreprise pharmaceutique Purdue Pharma produisait et diffusait l’OxyContin, un anti-douleur addictif participant à la « crise des opioïdes » qui continue de faire des dizaines de milliers de morts chaque année aux Etats-Unis.

    Née en 1953 à Washington, Nan Goldin est une rebelle qui s’est engagée dans toutes les luttes de sa génération, à titre personnel et à travers son œuvre. Elle a commencé par vivre les affres d’une famille psychorigide et bien-pensante dont la mère fut victime d’agressions sexuelles dans sa jeunesse de la part d’un membre de sa famille et qui fut terrorisée à la puberté de sa fille aînée, qui affichait des tendances lesbiennes, qu’elle ne subisse le même sort. Elle la plaça dans une espèce d’institution-orphelinat ce qui la mena à se suicider après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique. Bien sûr, on ne parle de rien dans la famille et on laisse les non-dits dévaster l’atmosphère.

    Nan s’inscrit à une école de photographie à 15 ans et va plonger dans le monde underground. Elle se déclare bisexuelle, vit de près l’épidémie du Sida durant laquelle elle voit disparaître ses amis les uns après les autres, travaille dans un bordel (pour se payer des pellicules), s’installe dans un squat du Bowery à New York où la drogue et le sexe sont consommés à profusion sur une bande son de Klaus Nomi et du Velvet Underground. Bref, toute une époque d’excès et de carnage qui a vu l’émergence d’un courant artistique de choix dans la musique, la photographie, le graffiti, la poésie.

    Nan Goldin photographie en permanence les gens et les lieux de cette époque un peu morbide mais si bouillonnante. Ses clichés sont toujours en intérieur, sous des lumières violentes, dans un assemblage de couleurs percutantes, et qui ne cachent pas la misère matérielle de cet environnement créatif. Les photographies de l’agonie des malades du Sida sont plus souvent en noir-et-blanc et particulièrement douloureuses.

    Goldin est une rescapée de ce temps qui va encore affronter un nouveau défi dans les années 2010, celui de se désintoxiquer de l’OxyContin qui lui a été prescrit après une tendinite. Elle réussit et initie un combat contre le fabricant de ce produit, la famille Sackler. Avec ses camarades au sein de P.A.I.N. elle arrive à faire arrêter le « sponsoring » et le « naming » que cette famille pratiquait à grande échelle dans les plus grands musées du monde, où parfois Nan Golding, devenue une photographe célèbre, faisait aussi partie des collections permanentes. Le groupe de militants réussit à mettre fin à cette sorte de « art-washing » puis à pousser les Sackler à mettre leur firme Purdue Pharma en faillite (ce qu’ils firent après en avoir extrait toute la valeur: plus de 10 milliards de dollars), pour éviter les poursuites judiciaires et leur corolaire, l’indemnisation des victimes.

    Une transaction est conclue avec les Sackler dans laquelle la famille accepte de payer plus de 4 milliards de dollars contre son immunité et celle de ses descendants. Nan Goldin et les siens parviennent à imposer aussi dans l’accord que les Sackler assistent par vidéo à l’audition des témoins, la plupart victimes, ou parents de celles-ci lorsqu’elles sont décédées. Ils sont trois Sackler, une femme et un homme en vidéo, le troisième refusant la vidéo mais acceptant le son, et on assiste à une stupéfiante séquence où ils écoutent, impassibles, le défilé des témoins racontant l’horreur de cette drogue pharmaceutique si fortement addictive. Ils ne prononcent pas un mot, le deal stipulait juste qu’ils devaient écouter et voir les témoins. Ce fut fait.

    Le film est monté à base des photos de Nan pour le passé et de vidéos sur ses combats actuels. Il est commenté en off par la photographe qui déroule d’une voix blasée et un peu triste toutes les étapes de cette époque qui furent aussi celles de sa vie. La joie revient seulement lorsqu’elle raconte les victoires contre les Sackler.

    La fin du documentaire est bouleversante : Nan filme ses parents devenus âgés, qu’elle pousse à danser dans le salon avant de revenir sur le traumatisme fondateur du suicide de sa sœur Barbara. C’est alors qu’ils laissent transparaître leur peine au rappel de cette absence. La mère se lève pour retrouver la citation de Conrad recopiée par Barbara avant son suicide, où il est question de beauté du monde et de sang versé, extraite, bien sûr, du roman Au cœur des ténèbres… Cette épitaphe de la vie de Barbara pourrait aussi devenir celle de l’œuvre de Nan Goldin.

    C’est une drôle de chose que la vie, ce mystérieux arrangement d’une logique sans merci pour un dessein futile.
    Le plus qu’on puisse en espérer, c’est quelque connaissance de soi-même -qui vient trop tard- une moisson de regrets inextinguibles. 

    Joseph Conrad (Au coeur des ténèbres)

    Un magnifique documentaire qui mérite amplement son Lion d’or décerné en 2022 à la Mostra de Venise !

  • de SAINT PIERRE  Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.

    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.

    Michel de Saint Pierre (1916-1987) fut un écrivain prolifique de XXème siècle, ancien résistant, plutôt conservateur, un peu « catho-tradi », un peu « Algérie française », anti-communiste féroce, presque tombé aux oubliettes de la littérature. Il n’en demeure pas moins l’auteur de nombreux romans, essais, dont on a parlé à l’époque. Le « Drame des Romanov » n’est sans doute pas un livre historique au sens scientifique du terme mais le récit d’un écrivain passionné par la Russie et fasciné par le destin tragique de cette famille de tsars qui l’a dirigée d’un main de fer.

    Ce premier tome part de l’avènement de la dynastie Romanov jusqu’à la victoire de la Russie, emmenée par le tsar Alexandre 1er, contre Napoléon. Ivan IV le Terrible puis Boris Godounov de la dynastie de Rurik ont fondé l’Etat russe entre 1547 et 1605 avant de passer la main au premier Romanov après le rocambolesque épisode du « faux Dimitri » qui se faisait passer pour le fils d’Ivan le Terrible. Une fois Dimitri assassiné, la voie était libre pour Mikhail, le premier tsar Romanov de 1613 à 1645. Alexis, Féodor et la régente Sophie précédèrent l’arrivée de Pierre 1er (dit « Pierre le Grand »), tsar de 1689 jusqu’à sa mort au pouvoir en 1725.

    Pierre le Grand va agrandir l’empire russe vers la mer d’Azov, la mer Baltique, le moderniser, créer ce qui est devenu Saint-Pétersbourg, mener moulte guerres (victoires et défaites contre la Suède et l’empire Ottoman notamment), ouvrir le pays à l’extérieur, soumettre le pays à la religion orthodoxe, voyager en Occident, écraser des rébellions intérieures, ouvert un conflit avec son fils Alexis qui se terminera par la condamnation à mort de celui-ci après de sévères tortures. Saint Pierre note que « La Russie de Pierre le Grand n’a que deux ennemis au monde : l’athéisme et l’Asie ».

    « Les grands Empires ne sauraient se passer de ports de mer : ce sont les artères qui font battre le cœur d’un Etat de façon plus saine et régulière »

    Pierre 1er

    A sa mort c’est sa seconde femme qui hérite du poste sous le nom de Catherine 1ère pour deux années (1725-1727), puis Pierre II prend la relève, puis Anne 1ère, puis Ivan VI et, enfin, Elisabeth qui laisse la place à Pierre III « le tsar fou », petit-fils de Pierre 1er, pour quelques mois de 1762 avant de mourir assassiné dans un complot ourdi par sa femme, qui deviendra Catherine II, et déclara : « Il était le premier à conspirer contre lui-même« .

    Il laisse donc la place à son épouse qui fut surnommée « la Grande Catherine » de 1762 à 1796. Elle était prussienne sans une goutte de sang slave et dut se convertir à la religion orthodoxe pour épouser Pierre III. Elle agrandit considérablement l’empire en dépouillant la Pologne (déjà) avec la Prusse et l’Autriche et une partie de l’empire Ottoman (encore). Catherine, féminine et philosophe, va innover pour son pays d’adoption en matières juridiques, législatives et institutionnelles, multiplier les amants qu’elle place aux postes du pouvoir, correspondre avec Voltaire, investir dans l’éducation, le tout dans le cadre de l’autocratie et du « droit divin ».

    Son fils Paul lui succède pour un bref règne qui se termine en 1801. Il est détesté par sa mère et accusé d’être trop proche de la Prusse. Il est assassiné à l’issue d’un complot comme la Russie sait en provoquer. Alexandre 1er, petit-fils de Catherine II, prend alors le pouvoir et son règne va être marqué par l’affrontement avec Napoléon.

    Les deux autocrates vont à la fois se séduire et se faire la guerre. Celle-ci se terminera par la retraite de Russie, crépuscule de l’empire napoléonien. Alexandre 1er est alors considéré en Europe comme le vainqueur de l’empire français ce qui donne un poids considérable à la Russie. Ses troupes sont entrées dans Paris en 1814 avec Alexandre à leur tête. Un triomphe !

    L’agrandissement de l’empire initié avec constance par ses prédécesseurs reste son but et il participe en personne au congrès de Vienne de 1815 qui redéfinit l’Europe après la défaite française de Waterloo. Autocrate éclairé il tente de remettre en cause le statut du serf qui pèse encore sur le monde rural russe et participe au maintien d’une écrasante inégalité dans la population, sans doute bien au-delà de celle régnant dans les pays d’Europe. Il y renonce finalement devant le poids de l’inertie générale et des intérêts de la noblesse. Il maintient son pays sous contrôle policier, s’égare dans des crises mystiques, et rend l’âme fin 1825, laissant la Sainte Russie au summum de sa gloire.

    En 1825 l’empire est devenue l’un des plus importants fournisseurs de produits agricoles et de matières premières sur les marché mondiaux mais le régime reste moyenâgeux et le pays est tellement immense qu’il est impossible à gérer et à moderniser. La révolution est déjà passée en France, elle rôde en Russie où le régime impérial échoue à se réformer.

    Lire aussi :
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 1/3’.
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 2/3 « La menace »‘
    de SAINT PIERRE Michel, ‘Le drame des Romanov 3/3 « La Chute »‘

  • The Stranglers – 2023/03/12 – Paris l’Olympia

    The Stranglers – 2023/03/12 – Paris l’Olympia

    Toujours debout

    Les Stranglers toujours debout, et même renouvelés ! Face à l’adversité quoi d’autre à faire que de continuer la route et la musique. C’est leur énième passage à l’Olympia et il n’est pas question de manquer la fête. Deux membres historiques sont morts ces derniers mois : Dave Greenfiels (claviers) terrassé par la Covid en 2020 (à 71 ans), Jet Black (batteur) emporté en 2022 (à 84 ans) après une longue vie ponctuée de divers excès. Avec Burnel (chant et bass) et Cornwell (chant et guitare, qui a quitté le groupe en 1990) ils étaient l’âme de ce groupe créé en 1976, devenu un sommet de la légende post-punk.

    Autour de Jean-Jacques Burnel (JJ), jouent désormais Baz Warne (chant et guitare) qui a rejoint le groupe en 2000, Jim Macaulay qui était le roady batterie de Jet et qu’il a remplacé au milieu des années 2010 lorsqu’il n’a plus été en mesure de jouer sur les tournées, et, le petit nouveau, Toby Hounsham, 36 ans, excellent claviériste inspiré par Ray Manzareck (The Doors) et… Dave Greenfields depuis ses débuts. Il a enfilé le costume des Men in black, rehaussé de lunettes noires et il fait l’affaire « dans les chaussures » de son glorieux et créatif prédécesseur.

    Lire aussi : https://thestranglers.co.uk/big-shoes-to-fill-toby-interview/

    Dark Matters

    Un nouveau disque est disponible au titre fort à-propos : Dark Matters. Dave a composé et joué ce disque avant de mourir.

    Le concert démarre avec Toiler on the sea, Duchess et Sometimes, retour fringant sur le début des années 1970, interrompu seulement par JJ qui évoque le « massacre » (53-10) commis par les français cette après-midi contre leur meilleur ennemi au rugby, l’Angleterre dont est originaire ce groupe so british ! Mais qu’importe, le show continue sur une setlist classique ponctuée des dernières compositions.

    « Ça dépote les géraniums », oreilles sensibles s’abstenir, nos quatre rockers s’en donnent à cœur joie. Cheveux gris, cheveux bruns, les musiciens ne comptent pas leur énergie. Mention spéciale pour Baz dont la voix grave et gouailleuse aligne les hits sans lâcher ses cordes. Il accompagne le tout de ses grimaces habituelles sous un crâne chauve et brillant. Sur Nice ‘n’ Sleazy, ses riffs à contre-temps et sa danse finale à côté de JJ, tous les deux accrochés à leur manche ils parcourent la scène synchronisés comme deux ballerines punk, un vrai délice !

    Le pogo des fans fait trembler l’Olympia

    Les nouvelles compostions tiennent la route et méritent manifestement d’être découvertes plus avant. Mais c’est encore sur Hanging Around, Something Better Change, Tank ou No More Heroes que le plancher et les murs de l’Olympia vibrent sous le pogo endiablé des fans heureux et déchaînés.

    Sur The last men on the moon Baz abandonne sa Fender noire pour une guitare orange, on ne l’avait jamais vu se départir du noir, ni pour sa tenue, encore moins pour ses guitares. Pas sûr que l’audience ait noté une véritable différence dans le son produit.

    Quelques chansons « douces » permettent au quatuor de retrouver son soffle : La Folie, Always the Sun… et il faut rappeler aux plus jeunes que malgré sa mélodie sucrée-tristoune Golden brown est une chanson sur la drogue… Tout le monde attend le bizut sur le solo clavier de Walk on by, son interprétation tend à la perfection en duo avec le solo de Baz sur cette sublime reprise de Burt Bacharach devenue un classique du groupe.

    Pour le premier rappel JJ et Baz réapparaissent sur la scène assis sur des chaises de bistrot pour jouer en acoustique The Lines et And If You Should See Dave après une petite introduction dans laquelle JJ explique l’immense perte pour le groupe du décès de deux de ses membres fondateurs, et amis de si longue date. Heureusement il reste l’ami Baz pour JJ et ces deux-là continuent à faire prospérer l’âme et la musique des Stranglers.

    And if you should see Dave
    Say hello

    I was meant to meet him here
    Before the great beyond

    And if you should see my friend
    Say hello

    Le concert se termine sur un No More Heroes joué par nos quatre guerriers sans peur et sans reproche qui se battent au service d’un rock éternel.

    Jean-Jacques Burnel vient de publier sa biographie amsi ce groupe semble ne jamais devoir finir de nous réconforter, que Dieu les préserve !

    Lire aussi : https://thestranglers.co.uk/jj-biography-out-now/

    Setlist : Intro (Waltzinblack)/ Toiler on the Sea/ Duchess/ Sometimes/ Relentless/ Nice ‘n’ Sleazy/ This Song (Disciples of Spess cover)/ Never to Look Back/ Always the Sun/ La folie/ Peaches/ Golden Brown/ The Last Men on the Moon/ (Get a) Grip (on Yourself)/ Sweden/ White Stallion/ Walk On By (Burt Bacharach cover)/ Hanging Around/ Straighten Out/ Something Better Change/ Tank

    Encore : The Lines/ And If You Should See Dave…

    Encore 2 : Go Buddy Go/ No More Heroes

  • Le racolage des médias du groupe Canal+ et les règles de l’ARCOM

    Le racolage des médias du groupe Canal+ et les règles de l’ARCOM

    La ministre française de la culture, Rima Abdul Malak, a exposé dans une interview au journal Le Monde sa position concernant les médias du groupe Canal+, majoritairement indirectement détenu par la famille Bolloré, et dont les chaînes C8 et CNEWS atteignent un niveau himalayen de vulgarité et d’abrutissement des masses.

    L’automne a été marqué par des débordements dans l’émission « Touche pas à mon poste ! », sur C8.

    Les réponses apportées par l’Arcom vous paraissent-elles adaptées, suffisamment rapides, et à la hauteur de l’émoi suscité ?

    Nous ne pouvons pas, d’un côté, reprocher à Cyril Hanouna de réclamer une justice expéditive pour le meurtre de Lola [une adolescente de 12 ans tuée à Paris, mi-octobre] et, de l’autre, faire appel à une forme de justice expéditive pour lui ! Nous sommes dans un Etat de droit, il faut respecter le temps des procédures – je rappelle qu’il est arrivé que le Conseil d’Etat donne tort à l’Arcom.
    L’Autorité dispose d’un panel de moyens d’action et de sanctions prévu par la loi. Elle est intervenue une vingtaine de fois depuis 2019 à propos de C8 et de CNews. Il faut responsabiliser les présentateurs, les chroniqueurs, mais aussi les patrons de chaînes, pour leur rappeler que l’autorisation d’utilisation gratuite de leurs fréquences s’accompagne d’obligations, comme celle de traiter les affaires judiciaires avec mesure, celle de respecter le pluralisme des opinions, etc. Lorsqu’on arrivera, en 2025, au moment de l’analyse de leur bilan pour la reconduction de leurs autorisations de diffusion, l’Arcom saura regarder comment elles ont respecté ces obligations.

    (https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/01/16/rima-abdul-malak-la-vague-du-populisme-sera-tres-violente-pour-la-culture_6158000_3246.html)

    Cette position, somme toute frappée au coin du bon sens, a déclenché un hourvari de réactions contre la ministre sur les médias du groupe Bolloré, accusée de censure et de tous les maux. C’est de bonne guerre mais il suffit de passer un peu de temps sur ces deux chaînes pour rendre hommage à la modération de la ministre.

    Les deux conventions liant C8 et CNEWS sont disponibles en téléchargement sur le site web de l’ex-Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Elles présentent la même structure avec un chapitre 2-3-4 consacré aux droits de la personne :

    [L’éditeur] ne doit diffuser aucune émission portant atteinte à la dignité de la personne humaine telle qu’elle est définie par la loi et la jurisprudence.
    Il respecte les droits de la personne relatifs à sa vie privée, à son image, à son honneur et à sa réputation tels qu’ils sont définis par la loi et la jurisprudence.
    Il veille en particulier :
    – à ce qu’il soit fait preuve de retenue dans la diffusion d’images ou de témoignages susceptibles d’humilier les personnes ;
    – à éviter la complaisance dans l’évocation de la souffrance humaine ainsi que tout traitement avilissant l’individu ou le rabaissant au niveau d’objet ;
    – à ce que le témoignage de personnes sur des faits relevant de leur vie privée ne soit recueilli qu’avec leur consentement éclairé ;
    – …
    Il fait preuve de mesure lorsqu’il diffuse des informations ou des images concernant une victime ou une personne en situation de péril ou de détresse.

    file:///C:/Users/rehve/OneDrive/Documents/02-Quoi/Divers/Presse/ARCOM_CONVENTION%20SIGNEE%20C8%20(2019)%20entr%C3%A9e%20en%20vigueur%202020.pdf

    Les engagements en faveur de l’honnêteté et de l’indépendance de l’information sont du même acabit, et guère plus respectés par ces deux médias d’opinion qui disposent à titre gratuit de fréquences de la télévision numérique terrestre (TNT) délivrées par l’ARCOM (ex-CSA) sous réserve qu’ils respectent leurs engagements formalisés dans les conventions.

    Regardez 10 mn l’émissions de C8 « Touche pas à mon poste » (TPMP) et vous comprendrez rapidement que le respect de l’engagement sur les droits de la personne peut être discuté tant les monceaux d’ordure, de bêtise crasse et de racolage des bas instincts déversés sur les téléspectateurs sont écrasants. L’Arcom a déjà eu à décider d’amendes à l’encontre d’animateurs et des chaînes elles-mêmes pour non-respect des conventions d’attribution des fréquences TNT.

    Il est bien sûr du devoir de l’autorité publique représentée par l’Arcom de vérifier si les engagements pris ont été suivis d’effet, ou pas, avant de réattribuer les fréquences qui sont un bien public. Canal+ peut s’égosiller contre l’Etat, il est juste demandé à ses affidés d’essayer de pousser leurs téléspectateurs vers l’intelligence plutôt que de les enfoncer dans un abrutissement désespérant.

    Nous avons été profondément choqués par les propos tenus par Madame la Ministre de la Culture, Rima ABDUL MALAK, ce matin dans la matinale de France Inter. Près de cinq minutes de son intervention ont été consacrées à la critique de notre Groupe et à des invectives contre nos chaînes C8 et CNEWS. En laissant à nouveau entendre que les licences de nos chaînes ne mériteraient pas d’être renouvelées en 2025 alors même qu’elle se refuse de commenter la procédure de renouvellement d’autres acteurs de l’audiovisuel, Madame la Ministre prend parti, sort de sa réserve et ne respecte pas l’indépendance de notre régulateur sectoriel. Ce faisant. Madame la Ministre, garante de la liberté d’expression, porte non seulement atteinte à la crédibilité et à la probité de nos chaînes mais critique aussi le travail de nos équipes et suscite l’inquiétude de nos salariés en menaçant la pérennité de leur activité professionnelle. Le Groupe CANAL+ est fier du travail que réalise quotidiennement l’ensemble des collaborateurs de C8 et CNEWS qui rassemblent chaque jour près de 11 millions de citoyens.

    Communiqué Canal+

    Ces deux chaînes symbolisent ad nauseam la décadence intellectuelle et morale dans laquelle s’enfonce la France. Comment voulez-vous qu’un pays qui compte 7 millions de followers (10% de la population) du compte Twitter de Cyril Hanouna, animateur de TPMP, puisse être tourné vers l’avenir, l’innovation et l’intelligence ? Il n’est pas exclu par ailleurs que M. Hanouna soit titulaire d’une carte de presse lui octroyant ainsi le statut de « journaliste » et la niche fiscale indue qui va avec. D’ailleurs une partie de la dernière campagne présidentielle s’est tenue sur son plateau, les politiques compromettant ainsi avec la stupidité arguant que c’est la seule façon de joindre « les jeunes ». Jusqu’où faudra-t-il aller dans la compromission ?

    Il serait œuvre de salut public de forcer ces deux chaînes à respecter leurs engagements !

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  • « Planère France » par Loïc Lagarde au Village de Bercy

    « Planère France » par Loïc Lagarde au Village de Bercy

    Le Village de Bercy expose en extérieur des photos du photographe Loïc Lagarde sur des paysages de France. Le coup d’œil du professionnel est impressionnant : les points de vues, les couleurs, les mises en scène… tous est parfait, un peu lisse certes, mais juste beau. Et puis ce photographe a de bonnes idées, le grand angle sur le plafond de la Sainte-Chapelle est un modèle du genre.

    Lire aussi : Loïc Lagarde – photographe