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  • MORAVIA Alberto, ‘La désobéissance’.

    MORAVIA Alberto, ‘La désobéissance’.

    Sortie : 1949, Chez : Editions Denoël / Le Livre de Poche

    Alberto Moravia (1907-1990) est un écrivain et journaliste romain d’autant plus célèbre en Italie qu’il épousa pour un temps Elsa Morante, elle aussi fameuse écrivaine dans la péninsule.

    Lire aussi : MORANTE Elsa, ‘La Storia’.
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    Avec « La désobéissance » nous suivons les états d’âme d’un adolescent en 1940, Luca, dans le rejet de ses parents, de leur éducation et de tout ce qu’ils représentent. Il traîne sa déprime de l’école à son domicile, rien de l’intéresse, tout le fatigue. Sans espoir sur le futur, il décide de se laisser mourir sous les yeux de ses parents qui sont largement dépassés par la situation, sans comprendre que leur fils organise sa fin. Il cesse de s’alimenter et de socialiser. Il finit par effectivement tomber malade. Entre coma et délire, l’infirmière qui s’occupe de lui saura le ramener à la vie en attisant puis satisfaisant son désir.

    Moravia décrit froidement le processus dépressif qui emmène Luca vers l’abyme. Avec une minutie proustienne il rentre dans les pensées noires de l’adolescent qui ne voit plus de raisons de poursuivre la vie. La spirale du vide remplace progressivement ses émotions et ses pensées. C’est le désir charnel qui va finalement le sauver !

  • PAGNOL Marcel, ‘Souvenirs d’enfance 2/3 Le château de ma mère’.

    PAGNOL Marcel, ‘Souvenirs d’enfance 2/3 Le château de ma mère’.

    Sortie : 1958, Chez : Editions de Fallois (1988).

    Marcel Pagnol (1895-1974) est un écrivain qui a diffusé le chant des cigales et la gaieté méditerranéennes dans toute la France et au-delà. Cinéaste, il a tourné ou collaboré à des réalisations de ses pièces de théâtre Topaze, Marius, Fanny, César… Après avoir été élu à l’académie française une fois la guerre terminée il se consacre à la rédaction de ses souvenirs d’enfance à la fin des années 1950, dont « Le château de ma mère » est le second tome.

    Ce volume est cette fois-ci consacré à sa mère, cette femme aimante et paisible, occupée à préparer ses trois enfants à la vie, fidèle compagne de son mari instituteur républicain. Tellement heureux de leur séjour estival à la « Bastide Neuve » dans les collines provençales, ils décident d’y aller désormais tous les week-ends de l’année, hiver compris, où les rejoint parfois l’oncle Jules à vélo depuis Marseille. C’est à chaque fois une expédition mémorable si drôlement racontée par le petit Marcel qui retrouve son ami Lili pour des courses interminables dans le pays enchanteur.

    On apprend à la dernière page que sa mère-chérie, Augustine, décède alors qu’il n’a que quinze ans. Puis son frère, « le petit Paul », vingt années plus tard. Des évènements tragiques et inattendus qui précipitent Marcel dans la vie adulte où tout n’est pas aussi doux qu’une journée de cavalcades dans les collines. Marcel Pagnol, l’écrivain, n’en a pas perdu pour autant toute la tendresse et l’humour avec lesquels il parle des siens et de cette Provence qu’ils chérissent tant.

  • L’Ukraine engagée au Mali ?

    L’Ukraine engagée au Mali ?

    Il semble que les mercenaires russes qui appuient l’armée malienne contre les terroristes religieux aient subi une défaite dans le désert, au village de Tinzawaten. Une soixantaine de cadavres d’hommes blancs auraient été répertoriés. L’Ukraine aurait fourni du renseignement aux terroristes sahariens pour faciliter leur victoire suivant le grand principe : « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Un responsable militaire ukrainien a plus ou moins confirmé cet engagement de son pays contre les mercenaires russes au Sahel. Vu le pédigré des terroristes maliens en question, une association de circonstance entre des islamistes et des indépendantistes touareg, il n’est pas bien sûr que l’Ukraine ait misé sur le bon cheval mais on peut imaginer que tout ce qui peut nuire à la Russie intéresse Kiev. On peut se demander de quel type de renseignements pouvait bien disposer l’Ukraine sur le Sahel pour aider à cette défaite russe ? Le Sahara est tout de même assez éloigné des plaines ukrainiennes et sans doute pas au cœur des préoccupations de Kiev pour le moment…

    Bien entendu le vieux réflexe des anciens pays colonisés par la France d’accuser Paris d’être responsable de tous leurs malheurs joue encore aujourd’hui et l’Alliance des Etats du Sahel (AES), qui réunit le Mali, le Niger et le Burkina-Faso après que ceux-ci ont eu quitté la CDEAO et se soient rapprochés de la Russie, publie le communiqué rageur ci-dessus le 5 août.

    La France impliquée dans un jeu dangereux au Mali, aux côtés de l’Ukraine et de groupes terroristes !

    AES (https://x.com/AESinfos/status/1820574117269241994)
    Lire aussi : Le Mali, le Burkina-Faso et le Niger se retirent de la CEDEAO
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    La présence de l’Union soviétique et de son allié cubain a marqué les pays africains après leurs indépendances dans les années 1960. Nombre d’entre eux ont d’ailleurs adopté le communisme comme programme politique sous couvert du « non-alignement » qui était en fait le faux-nez de Moscou contre les prétentions occidentales dans les pays nouvellement indépendants. Le Bénin, le Mali, la Guinée, l’Ethiopie, le Congo-Brazzaville, l’Egypte de Nasser, le Congo-Zaïre de Lumumba, l’Algérie, notamment, ont pactisé avec le grand frère soviétique et érigé parfois des dictatures sanguinaires, parfois des régimes qui n’avaient de communiste que le nom. A Moscou, l’université baptisée « Patrice Lumumba » a accueilli, et accueille toujours, nombre de cadres africains.

    Le retour de la Russie en Afrique n’est pas véritablement une surprise puisqu’elle y fut très présente jusqu’à la dissolution de l’URSS en 1991. Ce qui est nouveau en revanche est que l’ex-Union soviétique, maintenant réduite à la simple Fédération de Russie, qui reste tout de même en surface le pays le plus grand de la planète, s’y affronte avec l’Ukraine son ancien vassal. L’idéal serait tout de même que l’Afrique, après s’être débarrassée de ses colonisateurs, avoir abrité les conflits de la guerre froide, arrive à concevoir désormais son avenir sans plus d’interventions extérieures. Elle n’en prend pas le chemin, hélas.

    Pour le moment la Russie a perdu une bataille dans le désert, mais sans doute pas la guerre. Son plus grand défi reste d’ailleurs de ne pas être de nouveau rejetée par les populations comme le fut l’URSS à peu près partout sur le continent. Rendez-vous dans trente ans pour faire le bilan de ce nouvel activisme russe en Afrique.

  • « Le Caïman » de Nanni Moretti

    « Le Caïman » de Nanni Moretti

    Nous sommes en Italie dans les années 1980, un producteur de film voit sa vie s’effilocher, sa femme le quitte, ses productions ne rencontrent plus de succès, les acteurs abandonnent ses projets de film à peine commencés, il dort dans son bureau, ment à ses enfants pour les préserver de cette existence à la dérive… Mais toujours optimiste il finit par croiser une jeune réalisatrice qui lui propose un film sur Berlusconi (le « caïman » comme il était baptisé dans le milieu politique italien). Avec sa jeunesse et ses convictions elle va relancer ce producteur, un peu amoureux d’elle bien sûr, au point que le spectateur peut espérer le voir se réconcilier avec sa femme et que le film sur Berlusconi est tourné et devrait rencontrer le succès.

    Moretti traite avec son humour léger et latin cette situation toujours à la limite du tragique magnifiquement jouée par Silvio Orlando parfait dans son rôle de clown triste. Nanni Moretti endosse le rôle de Berlusconi dans la scène finale du film, en clown cette fois-ci très politique, condamné mais s’estimant victime des communistes et de la gauche : il est acclamé à la sortie du tribunal alors que le juge est hué.

  • PAGNOL Marcel, ‘Souvenirs d’enfance 1/3 La gloire de mon père’.

    PAGNOL Marcel, ‘Souvenirs d’enfance 1/3 La gloire de mon père’.

    Sortie : 1957, Chez : Editions de Fallois (1988).

    Marcel Pagnol (1895-1974) est un écrivain qui a diffusé le chant des cigales et la gaieté méditerranéennes dans toute la France et au-delà. Cinéaste, il a tourné ou collaboré à des réalisations de ses pièces de théâtre Topaze, Marius, Fanny, César… Après avoir été élu à l’académie française une fois la guerre terminée il se consacre à la rédaction de ses souvenirs d’enfance à la fin des années 1950, dont « La gloire de mon père » est le premier tome.

    Vu au travers les yeux de l’enfant d’une dizaine d’années qu’il était, Pagnol raconte sa vie entre son père, instituteur laïque, sa mère, femme d’intérieur, son oncle fonctionnaire catholique de base, un petit frère, une petite sœur et un petit cousin. Tout ce monde habite Marseille au début du XXe siècle, une vie qui sent bon le pastis et l’accent marseillais, d’autant plus que la famille va louer à l’année une maison très sommaire, la fameuse « Bastide neuve » dans les hauteurs provençales. Et c’est là que Marcel va découvrir l’amitié avec Lili, le fils d’un paysan local, qui va l’initier aux folles cavalcades dans la garigue pour poser des pièges à oiseaux qui seront rôtis pour servir de dîner.

    Marcel aide aussi son père à se montrer à la hauteur de l’oncle Jules pour la chasse dans laquelle ils se lancent corps et âme à l’aube tous les matins dès l’ouverture. Tout cela est tendre et émouvant, le jeune « de la ville » découvre avec émerveillement la garigue, les senteurs du thym et des oliviers et le braconnage guidé par son ami Lili. Le récit est aussi plein d’humour notamment les « escagasseries » sur la laïcité, entre père et oncle, interprétées par un gamin..

    C’est une touchante et naïve déclaration d’amour à la Provence et à son père, ce héros.

  • PéAN Pierre, ‘Main basse sur Alger – enquête sur un pillage / juillet 1830’.

    PéAN Pierre, ‘Main basse sur Alger – enquête sur un pillage / juillet 1830’.

    Sortie : 2004, Chez : Plon.

    Pierre Péan (1938-2019) est un journaliste d’investigation, plutôt tourné vers la polémique, qui s’est spécialisé dans les relations entre la France et l’Afrique, avant et après la décolonisation. Il nous livre ici sa version de la véritable raison de l’invasion de l’Algérie en 1830 par les troupes commandées par le maréchal de Bourmont, sous l’autorité du roi Charles X. Il apparaît que le dey d’Alger, le plus haut représentant ottoman sur place qui avait autorité sur Alger et une bonne partie du pays, était à la tête d’un trésor assez significatif qui aurait attiré les convoitises de Charles X pour financer ses opérations secrètes contre son opposition menée par Louis-Philippe car la révolte grondait en France et allait aboutir à la révolution de 1830 qui fit tomber Charles X et mena à son remplacement par Louis-Philippe. A priori les fonds volés au dey d’Alger arrivèrent bien tard et ne purent sauver la couronne de Charles X.

    Officiellement l’expédition de 1830 fut initiée pour se venger de l’affront diplomatique qui vit le dey « souffleter » le consul de France pour une histoire de dette française (déjà…) non réglée à Alger. Péan affirme que ce ne fut qu’un prétexte car la véritable motivation était de mettre la main sur le magot estimé à plusieurs milliards d’euros en valeur d’aujourd’hui. Une part fut quand même remise au Trésor public et rentra officiellement dans les caisses de l’Etat français, mais une autre partie, non négligeable, aurait été orientée vers les fonds secrets à la disposition du roi, le solde étant pillé par les officiers et les soldats de l’expédition.

    La thèse du sac d’Alger est fort plausible, elle n’est d’ailleurs pas incompatible avec celle du coup d’éventail porté par le dey au consul. A l’époque, lorsqu’un empire européen envahissait un pays africain ce n’était pas pour y conter fleurette et d’ailleurs l’Algérie fut annexée à la France au royaume de France en 1834 après une conquête violente.

    Par contre, ce que Péan ne dit pas dans son enquête c’est d’où venait ce trésor du dey d’Alger ? Tout à son souci permanent de plonger dans la noirceur de l’histoire de France il semble en oublier que les pratiques ottomanes n’étaient pas non plus particulièrement tendres à l’égard des pays occuppés par l’empire ottoman… Les Barbaresques ont écumé la Méditerranée durant des siècles à partir du XVIe, moitié-pirates, moitié-corsaires, le principe était que des navires musulmans attaquent les bateaux chrétiens, notamment pour y capturer de futurs esclaves. Nombre de villes côtières du nord furent aussi razziées par les Ottomans qui remontèrent jusqu’en Grande-Bretagne et même en Islande pour exercer leur traffic d’esclaves. Alger était l’une des places fortes de la piraterie ottomane. L’origine du magot du dey d’Alger pillé par la France en 1830 n’était sans doute pas aussi blanche que la colombe mais Pierre Péan reste muet sur ce sujet…

  • La dépense en chantant

    La dépense en chantant

    A l’occasion de la cérémonie d’ouverture des jeux olympiques PARIS-2024 ce 26 juillet, les Français ont vu défiler leurs impôts sur la Seine malgré la pluie battante qui ne semble pas avoir freiné l’ardeur des acteurs de ce show ni de leurs spectateurs. Tout ceci a déjà coûté très cher aux contribuables, mais telles les cigales dans la fable, il leur restera l’hiver pour pleurer et… payer.

    Le spectacle était à la hauteur des dépenses engagées, un peu clinquant mais bon-enfant. Quelques imprévus, Lady Gaga interprétant du french-cancan, un cavalier mécanique qui remonte le fleuve, Imagine de John Lennon très bien interprété par une chanteuse française sur un radeau électrique à côté d’un piano à queue. Du plus classique : des transgenres, des femmes à barbe et la communauté LGBTQIA+. Du transgressif aussi qui a poussé les évêques de France à protester contre une scène où ils ont vu une moquerie de la Bible.

    Depuis cette mise en bouche, les jeux battent leur plein et les braillements fusent de toutes parts. Les journalistes hurlent dans le poste entre deux flashs de réclames au bénéfice des sponsors de ces JO, ceux des spectateurs peinturlurés en bleu-blanc-rouge qui braillent croyant ainsi soutenir leurs athlètes favoris, et, hélas, les braillements dont Cécile Dion nous a gratifié en se déchaînant depuis la tour Eiffel pour clôturer la cérémonie du 26 juillet sur une chanson d’Edith Piaf.

    Même le président de la République, un peu inemployé en ce moment, vient montrer sa frimousse sur les stades afin d’occuper ses vacances d’été.

    Toutes ces dépenses somptuaires sont peut-être bien employées mais elles sont superflues, en tout cas déplacées pour un pays surendetté dont les finances publiques sont en déficit systématique depuis 1974. Que les contribuables se rassurent, à peine le rideau tiré sur PARIS-2024 il faudra recommencer à payer pour préparer les JO d’hiver de 2030 attribués aux Alpes françaises à défaut d’autre pays candidat qui, peut-être, ont dû penser que c’était un peu cher payé pour ce que c’est et qu’ils avaient d’autres priorités à financer. La France remporte en tout cas la médaille toutes catégories pour la dépense publique volontaire, place qui n’est contestée par personne d’autre sur la planète.

  • Le Rassemblement National (RN) effraie toujours autant

    Le Rassemblement National (RN) effraie toujours autant

    A l’issue des élections européennes du mois de juin aussitôt suivies d’une dissolution de l’assemblée nationale qui a divisé la nouvelle assemblée en trois blocs d’importance électorale à peu près équivalente, le RN, successeur du Front National (FN) s’est retrouvé aux portes du pouvoir en France avec environ 30% des votes exprimés. C’est le meilleur score jamais réussi par ce parti depuis que Jean-Marie Le Pen, le fondateur du FN dont la fille Marine préside le RN, s’était qualifié pour le second tour des élections présidentielles de 2002, reléguant le candidat socialiste (ancien trotskiste tendance lambertiste) à la troisième place. Opposé à Jacques Chirac le père Le Pen avait été balayé par le « Front républicain » qui s’était mis en place et n’avait rassemblé que 18% des suffrages au deuxième tour. C’était il y a vingt-deux ans.

    Ce 30 juin dernier, le RN et ses associés arrivaient en tête du premier tour des élections législatives avec 33% des suffrages. Aussitôt un nouveau « barrage républicain » est construit afin de limiter le nombre de députés RN à l’issue du deuxième tour et, effectivement, à force d’alliances improbables et de désistements opportunistes, au soir du 7 juillet, le RN et associés n’obtiennent « que » 143 députés alors que certains sondagiers leur prévoyaient au moins la majorité absolue (289 députés) et que le président du parti, bien rasé derrière les oreilles, se voyait déjà nommé premier ministre. Dans les dîners en villes c’est le soulagement : « les fascistes ne sont pas passés ! » Dans le reste du pays c’est la déception : « les bobos urbains nous volent notre victoire ! »

    Lire aussi : La France face à l’aventure

    Le Nouveau front populaire (NFP), association électorale hétéroclite dominée par la gauche propalestienne et son leader Jean-Luc Mélanchon (lui aussi d’origine trotskyste tendance lambertiste), se réjouit de l’efficacité du « barrage contre le fascisme » et aspire au pouvoir sur la base d’un programme électoral radical.

    Dans ces dîners en ville au cœur des quartiers gentrifiés, on se veut se rassurer en se disant que jamais un tel programme ne pourra être mis en œuvre en France, qu’il ne s’agit que de promesses électorales sans conséquences et les convives, qui, le plus souvent, ne l’ont pas lu, se tranquillisent en se disant que leurs impôts n’augmenteront pas et que leur patrimoine sera préservé.

    Lire aussi : Le programme du Nouveau Front Populaire

    La France forte de son histoire révolutionnaire, reste irriguée par une pensée marxiste plus ou moins diffuse mais toujours prégnante dans l’imaginaire collectif poussant ainsi une bourgeoisie aisée à préférer voter pour l’extrême gauche plutôt que l’extrême droite, réduisant ainsi à portion congrue le bloc « central » qui est pourtant à l’origine de leur réussite. Le résultat est aujourd’hui un pays avec à sa tête un gouvernement démissionnaire, un président de la République qui passe son temps à congratuler les athlètes français médaillés aux jeux olympiques PARIS 2024 et une assemblée nationale en vacances, sans majorité réelle où, pour le moment, droite et gauche affirment leur volonté de ne pas collaborer avec le centre, ou alors sur la base de leur programme et uniquement celui-ci. Les choses risquent d’évoluer à la rentrée car il faudra bien gouverner le pays. Si personne ne veut faire de concession Paris pourrait rester avec son gouvernement démissionnaire et le parlement ne plus voter de réforme mais expédier lui aussi les affaires courantes. Et si la loi de Finances 2025 ne peut pas être votée faute de majorité il faudra bien qu’un texte de compromis pour faire fonctionner l’Etat à partir du 01/01/2025, ne serait-ce que pour lever l’impôt et, notamment, payer les salaires et les frais des députés… Sans doute feront-ils preuve d’un minimum de réalisme le moment venu quitte à s’accorder sur un budget irréaliste. Les électeurs en jugeront et, s’ils sont mécontents, il leur restera l’opportunité de voter différemment aux prochaines élections législatives car malgré les craintes de beaucoup, la démocratie n’est pas encore en risque dans le pays.

  • Françoise Hardy est morte

    Françoise Hardy est morte

    Françoise Hardy (1944-2024) est morte ce 11 juin, des suites d’une longue maladie, à 80 ans. Elle a été l’égérie des années yéyé 1960 et bien au-delà. Son beauté androgyne et longiligne, ajoutée à une froideur affichée, a aussi séduit quelques rockers qui se sont affichés avec elle : Bob Dylan, David Bowie, Mick Jagger, Etienne Daho. D’une voix susurrée elle chantait ses propres textes, mélancoliques, tournés vers les amours perdus et la séparation. Elle était sympa Françoise Hardy. Que la terre lui soit légère !

  • MERLE Robert, ‘La mort est mon métier’.

    MERLE Robert, ‘La mort est mon métier’.

    Sortie : 1952, Chez : Editions Gallimard / Le livre de Poche n°688|68.

    C’est un classique de Robert Merle (1908-2004), écrit 7 ans après la fin de la 2e guerre mondiale et la libération des camps de concentration et d’extermination mis en place par l’Allemagne nazie, qu’il fait bon de relire. L’auteur a lui-même été mobilisé en 1939 comme agent de liaison avec les forces britanniques, fait prisonnier dan la poche de Dunkerque et est resté en captivité jusqu’à 1943.

    Librement inspiré de la vie de Rudolph Höss (1901-1947) qui fut commandant du camp allemand d’extermination d’Auschwitz-Birkenau et expérimenta, puis mis en œuvre la « solution finale », sous l’autorité de Himmler patron de l’armée SS. Dans ce livre, Merle imagine ce que fut la vie de Höss, son éducation rigoureuse, son sens du « devoir » et de l’obéissance, son idéologie nazie. Il s’est basé sur les mémoires écrites par l’officier SS emprisonné avant d’être pendu sur le gibet d’Auschwitz, sur le lieu même de ses crimes. Il eut également accès aux comptes-rendus des psychologues qui ont dialogué avec Höss alors qu’il était en prison à Nuremberg avant de comparaître comme témoin au procès international des dignitaires nazis dans cette ville.

    Une très importante littérature a été produite après la guerre pour tenter de comprendre comment la patrie qui avait donné naissance à Bach, Brahms et Goethe avait pu également produire l’idéologie nazie mortifère qui créa l’effondrement de l’Europe et la mort de millions de personnes dont six millions de juifs qui étaient désignés comme l’ennemi définitif de la nation allemande. Le camp d’Auschwitz-Birkenau et son commandant ont souvent servi de cadre à ces analyses tant leur cas s’est révélé paroxystique de la barbarie de ce siècle.

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    « La mort est mon métier », paru assez rapidement après la guerre, en tout cas bien avant la somme d’ouvrages, de films et d’études sur le phénomène nazi au XXe siècle, raconte simplement l’éducation rigoureuse, voire militaire, subie par le jeune Rudolph, sous l’empire d’une foi chrétienne moyenâgeuse. Engagé à 17 ans lors de la première guerre mondiale, il est passé ensuite « naturellement » dans les corps francs qui luttent contre le communisme, avant de finir encore plus « naturellement » dans les SA puis la SS en adoptant ses codes raciaux sinistres.

    Ecrit à la première personne, Höss se raconte et affirme sa détermination totale pour exécuter les ordres et sa volonté d’optimiser les « flux logistiques » des déportés pour que les objectifs d’extermination fixés par sa hiérarchie soient atteints. La déshumanisation du SS fait bien entendu froid dans le dos d’autant plus qu’elle a été confirmée dans la vraie vie, les témoignages et interrogatoire qu’il a produits brillant tous par leur glaçante indifférence face à l’œuvre de mort qu’il accomplissait. Il « faisait son devoir » en se concentrant sur « l’aspect technique de sa tâche » ne cessera-t-il d’affirmer devant ses juges admettant juste qu’il se rendait compte seulement maintenant que ce qu’il avait fait n’était pas bien. Il n’a jamais nié ses actes ni renié l’idéologie qui les avait inspirés.

    Rudolph Höss (1945 – procès de Nuremberg)

    Ce livre de Robert Merle a le mérite d’avoir été l’un des premiers à se pencher sur le sujet, en 1952. Le choix du format-roman lui a permis de synthétiser le personnage tout en faisant œuvre d’historien. Son style clinique semble correspondre à la froideur indifférente que Höss afficha sa vie durant, jusqu’aux pieds du gibet qui a mis fin à son séjour sur terre. Il ne répond bien entendu pas à la question de « comment tout ceci a-t-il été possible au cœur de la vieille Europe ? » mais il rappelle bien à propos que les dérives sont toujours possibles dès que la dictature s’empare des âmes et de la liberté des hommes.

  • Paris franchit le Rubicon de la discorde

    Paris franchit le Rubicon de la discorde

    Les informations du ministère algérien des affaires étrangères étaient les bonnes, la France vient effectivement de baiser la babouche du Roi du Maroc en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara « espagnol » dans une lettre du président de la République adressée à son homologue marocain. Courroucée, l’Algérie a, une énième fois, rappelé son ambassadeur en France. Une nouvelle tempête s’annonce dans le verre d’eau franco-algérien.

    Lire aussi : Un possible retournement de veste français qui surprend

    « Pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant. »

    Extrait de la lettre publié par la presse marocaine
    https://www.challenge.ma/sahara-marocain-voici-lintegralite-de-la-lettre-adressee-par-macron-a-s-m-le-roi-284956/

    Le citoyen français se demande vraiment de quoi se mêle-t-on à Paris ? Où sont les intérêts vitaux de la France à s’ingérer dans un conflit régional africain ? Les échecs des expériences récentes d’interventionnisme sur le continent n’ont-elles pas servi de leçon ? A priori non, et c’est regrettable !

    A ce stade et depuis hier, Paris est maintenant réconcilié avec Rabat et désormais fâché avec Alger. Gageons que cette situation va certainement s’inverser un jour, au gré des relations tumultueuses de la France avec ses anciennes colonies. Plutôt que ces montées de tensions subites et ces déclarations d’amour intempestives pourquoi ne pas avoir laissé la situation ante : une relation fraîche avec ces deux pays en les laissant gérer leurs litiges tous seuls comme des grands. Notons d’ailleurs que celui issu de la « guerre des sables » de 1964 n’est toujours pas soldé entre ces deux pays maghrébins.

    De tous les pays membres des Nations-Unies (ONU), la France est la plus mal placée pour interférer dans ce conflit de décolonisation en tant qu’ex-puissance colonisatrice, justement des deux Etats qui se disputent ce bout de désert anciennement colonisé par l’Espagne. Paris ne sera qu’une source additionnelle de troubles et prendra des coups venant des deux côtés. Nous n’arrivons déjà pas à décoloniser la Nouvelle Calédonie, qu’allons donc nous faire dans cette nouvelle galère saharienne ?

    Le psychodrame continue, grandeur et décadence d’un ex-Empire !

  • PEYREFITTE Alain, ‘C’était de Gaule 3/3’.

    PEYREFITTE Alain, ‘C’était de Gaule 3/3’.

    Sortie : 2000, Chez : Editions de Fallois / Fayard.

    Voici le troisième et dernier tome du magistral récit écrit par Alain Peyrefitte sur sa collaboration avec le Général de Gaulle. Il s’agit ici des dernières années de pouvoir de 1966 à 1970, année où le Général est mort à Colombey-les-Deux-Eglises d’une rupture d’anévrisme sept mois après avoir quitté l’Elysée.

    Sous la plume agile de Peyrefitte on revient sur les grandes étapes que la France a franchi guidée par son président visionnaire. L’aboutissement de la force nucléaire, le passage de la bombe A et la bomber H, les grands défis industriels comme le supersonique Concorde, l’instauration de la participation en entreprise, la relance de la recherche et le soutien à la science, la sortie du commandement militaire de l’OTAN, la régionalisation, la relation avec le « Canada français », l’opposition à la guerre américaine au Vietnam et, bien sûr, les « évènements » de 1968 puisque c’est ainsi qu’est désignée la révolte étudiante, jusqu’à sa démission.

    Quelles que soient les fonctions gouvernementales qu’il occupait durant cette période, Alain Peyrefitte est resté en contact relativement étroit avec le président et a couché sur le papier le fruit des entretiens ou réunions auxquels il participait. « Il vous aimait bien » lui a dit Mme de Gaulle le jour des obsèques de son mari.

    On reste subjugué par la fulgurance de la pensée de ce grand chef telle que racontée par l’auteur. Sans doute Peyrefitte est-il dans l’admiration totale du personnage mais son honnêteté intellectuelle ne fait pas de doute et il revient en détail sur les possibles interrogations de De Gaulle lorsqu’il quitte secrètement la capitale en proie aux émeutes pour rallier le Général Massu, son compagnon d’armes, en garnison à Baden-Baden. La légende voudrait que Massu ait remonté le moral d’un Général déprimé pour le regonfler avant de le renvoyer « au front » à Paris. Peyrefitte défend la thèse que tout était organisé par le président qui déroulait une tactique sous son contrôle et qui voulait simplement s’assurer de la fidélité de l’armée pour gérer la situation au cas où il devrait faire appel à elle.

    Ce long récit est évidemment traversé des phrases chocs prononcées par de Gaulle lors des conseils des ministres sur différents sujets et dont il n’y a pas grand-chose à changer 50 ans plus tard. En voici un petit florilège.

    Sur l’économie monétaire (il était conseillé par Jacques Rueff sur le sujet), 12/01/1966

    « L’augmentation des salaires publics n’est pas incompatible avec la stabilité monétaire, à une condition : qu’elle soit en rapport avec la progression du revenu national. »

    Sur le système carcéral 02/03/1966

    « Un système trop libéral : des libérations conditionnelles dans réelles conditions. On libère à tort et à travers pour avoir des places – et c’est vrai pour les pires, comme on l’a vu avec ce repris de justice qui a assassiné un malheureux policier alors qu’il devait être en de purger sa peine. S’il n’y a pas assez de places dans les prisons, il faut en construire; »

    Sur l’Algérie 22/03/1966

    « L’Algérie est fragile. Les Algériens n’ont pas encore trouvé d’autre moyen d’exister que de nous haïr. Ce n’est pas une solution sûre pour l’avenir. »

    Sur la réunification de l’Allemagne 11/09/1966

    « Pour la France, il n’est pas acceptable que l’Allemagne ait la bombe atomique. D’ailleurs, il n’est pas non plus dans l’intérêt de la France qu’elle redevienne un Etat centralisé comme le Reich, ni qu’elle retrouve ses anciennes frontières, ni qu’elle soit réunifiée. Ca nous arrange qu’elle soit coupée en deux, qu’elle soit fédérée en onze Länder, qu’elle soit cantonnée dans les frontières de 1945, qu’elle n’ait qu’une armée conventionnelle. »

    Sur la souplesse de la Constitution septembre 1966

    « Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence. »

    Sur la non-prolifération du nucléaire 22/02/1967

    « L’affaire de la non-prolifération du nucléaire touche au fond des choses. Ou bien l’on désarme vraiment et pour tout le monde. Mais les Américains ne veulent pas. Ou bien on se borne à tenir les autres à l’écart de la course aux armements. Mais cela n’est plus que du chiqué et suscite des réactions. Pour nous, la question est celle du désarmement. Donc, nous ne nous mêlons pas de la concertation sur la non-prolifération. »

    Sur l’Allemagne 09/11/1966

    « La Guerre froide s’atténuant, l’Allemagne est à la dérive et, Adenauer disparu, la vérité apparaît aux Allemands. Il est à craindre que, faute de rechercher des arrangements avec les Russes, l’Allemagne reste en porte-à-faux. Mais Dieu sait où elle peut aller. Il faut donc rester en contact avec elle, l’orienter vers des voies pacifiques et veiller à ce qu’elle ne tourne pas mal. Mais en pareil cas, elle aurait beaucoup de monde contre elle ! »

    Sur la contraception (loi Neuwirth) 07/06/1967

    « Il ne faut pas faire payer les pilules par la Sécurité Sociale. Ce ne sont pas des remèdes ! Les Français veulent une plus grande liberté des mœurs. Nous n’allons quand même pas leur rembourser la bagatelle ! »

    Sur la relation à instaurer avec le Québec 11/09/1966

    « Maintenant que nous avons décolonisé, notre rang dans le monde repose sur notre force de rayonnement, c’est-à-dire avant tout sur notre puissance culturelle. La francophonie prendra un jour le relais de la colonisation ; mais les choses ne sont pas encore mûres. Le Québec doit être une pièce maîtresse de la francophonie. »

    Sur l’Education nationale 16/01/1968

    « J’ai horreur des sociologues, des psychologues, des psycho-sociologues et des psychopédagogues. Ce sont tous des fumistes ou des communistes. »

    Sur les nouveaux désirs du peuple 23/05/1968

    « Le désir général de participer, il se manifeste particulièrement dans la jeunesse. Et le désir d’améliorer la condition matérielle, il ne se manifeste pas spécialement chez les plus défavorisés, mais plutôt chez les cadres, qui naturellement entraîne les autres.
    Ainsi, tout le monde veut plus qu’il n’a. Et tout le monde « veut s’en mêler », « être consulté », « participer ». »

    Sur les émeutes de 1968, 27/05/1968

    « On a eu grand tort de laisser ces manifsestations se poursuivre et s’enchaîner. On a eu grand tort de libérer les quatre étudiants détenus. On a eu grand tort d’ouvrir la Sorbones aux émeutiers. S’il y a encore des fauteurs de troubles, il faut les mettre hors d’état de nuire. Je vous ai dit et je vous répète : il aurait fallu en ramasser 500 tous les soirs. »

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  • Un possible retournement de veste français qui surprend

    Un possible retournement de veste français qui surprend

    On apprend par un communiqué du 25/07/2024 du ministère des affairés étrangères de la République démocratique et populaire d’Algérie que la France s’apprêterait à changer de position concernant le dossier du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, revendiqué par le Maroc et dont la communauté internationale, par la voix des Nations Unies (ONU), prône depuis toujours l’autodétermination via l’organisation d’un référendum, la zone étant classée pour le moment en « territoire non autonome » par l’ONU.

    L’Algérie toujours opposé au Maroc, quelque soit le sujet, s’oppose bien entendu à la reconnaissance de toute « marocanité » du Sahara espagnole et soutient, y compris militairement, le Front Polisario qui revendique l’indépendance de ce (grand) bout de désert. Jusqu’ici la France soutenait la position internationale ce qui est bien le moins pour membre permanent du conseil de sécurité des Nations Unies ! Cela lui était amèrement reproché par l’Algérie comme par le Maroc. Ces dernières années, Rabat a emporté le soutien d’un certain nombre de pays en faveur de sa revendication, dont les Etats-Unis d’Amérique du président Trump, obtenu semble-t-il en échange d’une amélioration des relations entre le Maroc et Israël. C’est sans doute cette évolution qui pousse la France à envisager de retourner sa veste sur ce sujet sensible, sans parler de l’influence en ce sens du puissant lobby marocain en France. En tant qu’ancienne puissance coloniale de l’Algérie et « protectrice » du Maroc la France n’a que des coups à prendre dans cette affaire. La position de l’ONU était la seule incontestable car validée par les membres de l’organisation. Si, comme le soupçonne l’Algérie, Paris s’apprête à prendre parti pour l’un des belligérants, c’est l’annonce d’un déluge de difficultés et d’hystérie diplomatiques pour un avantage qu’on a du mal à estimer.

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    Mais ce qui reste toujours relativement surréaliste pour les citoyens français est, d’une part, comprendre de quels moyens de pression peut donc disposer le Royaume chérifien pour faire changer Paris d’avis en faveur de ses propres intérêts, et d’autre part, de constater combien Alger reste agressive, voire injurieuse, dans ses injonctions adressées à la France ! Une nouvelle fois l’ancien colonisateur devra boire le calice jusqu’à la lie…

    C’est aussi la confirmation qu’en aucun cas Paris ne devrait se mêler de ce problème qui concerne deux pays tiers et ne remet pas en cause les intérêts vitaux de la nation.

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    Le communiqué de l’Algérie

    Le Gouvernement algérien a pris connaissance avec un grand regret et une profonde désapprobation de la décision inattendue, inopportune et contre-productive du Gouvernement français apportant un soutien sans équivoque et sans nuance au plan d’autonomie sur le Sahara Occidental dans le cadre de la souveraineté marocaine. Cette décision a été communiquée officiellement aux autorités algériennes par les autorités françaises ces derniers jours. Les puissances coloniales, anciennes et nouvelles, savent se reconnaître, se comprendre et se rendre des mains secourables. La décision française relève manifestement d’un calcul politique douteux, d’un apriori moralement contestable et de lectures juridiques que rien ne conforte et rien ne justifie. Cette décision française n’aide pas à réunir les conditions d’un règlement pacifique de la question du Sahara Occidental, elle conforte une impasse, celle créée précisément par le prétendu plan d’autonomie marocain et qui dure depuis plus de dix-sept ans. Bien plus et alors même que la communauté internationale est convaincue depuis longtemps que la question du Sahara Occidental relève indubitablement d’un processus de décolonisation à parachever, cette même décision française vient en pervertir et fausser les données en donnant une caution à un fait colonial et en apportant un soutien injustifiable à une souveraineté contestée et contestable du Maroc sur le territoire du Sahara Occidental. Cette position française est d’autant plus malvenue qu’elle émane d’un membre permanent du Conseil de Sécurité sensé agir en conformité avec les décisions de cet organe d’une manière particulière et avec la légalité internationale d’une manière générale. Enfin, et alors que la conjoncture actuelle connaît une mobilisation des bonnes volontés au sein des Nations Unies à l’effet de donner un nouveau souffle à la recherche d’un règlement au conflit du Sahara Occidental, la même décision française vient s’inscrire à contre-courant de ces efforts dont elle contrarie et entrave le déploiement dans l’intérêt supérieur de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région. Le Gouvernement algérien retient de la décision française qu’elle ne sert absolument pas l’objectif de la paix au Sahara Occidental, qu’elle aide à prolonger une impasse et qu’elle justifie et aide à consolider le fait accompli colonial dans ce territoire. Le Gouvernement algérien tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française et dont le Gouvernement français assume seul la pleine et entière responsabilité.

    https://www.mfa.gov.dz/fr/announcements/statement-of-the-ministry-of-foreign-affairs-western-sahara-1
  • « The ratlines »

    « The ratlines »

    On se souvient qu’après la reddition de l’Allemagne en août 1945, les chefs nazis qui avaient survécu ont tenté d’échapper à la justice des vainqueurs en cherchant à fuir le continent européen. Pour beaucoup la destination fut l’Amérique du Sud, mais aussi certains pays du Proche et Moyen-Orient. Alois Brunner, notamment, adjoint d’Adolph Eichmann s’est recyclé en Syrie où il aurait été conseillé d’Hafez El-Assad (1930-2000), père de l’actuel président Bachar El-Assad, pour monter ses services secrets. Il serait mort à Damas dans les années 1990 ou 2000 et serait enterré dans cette capitale. Les fuyards nazis ont bénéficié de l’aide de réseaux (dont certains liés à l’Eglise catholique) pour échapper à leur arrestation. On les a baptisés « the ratlines », les lignes des rats !

    On constate aujourd’hui que les « lignes » fonctionnent en sens inverse pour les tortionnaires du « Sud global » qui, lorsqu’ils fuient leur pays, viennent plutôt se réfugier en « Occident collectif » (expression utilisée par le pouvoir russe) où ils se sentent sans doute mieux protégés et pris en charge. C’est ainsi que Rifaat El-Assad, le frère d’Hafez, qui s’était illustré dans divers massacres lorsqu’il était militaire puis vice-président, s’est réfugié à Paris dans les années 1980 après sa tentative de coup d’État contre son frère. A la tête d’un confortable patrimoine immobilier dans l’hexagone via un réseau de prête-noms il est rattrapé par les justices de différents pays européens dont la française qui le condamne en 2021 à quatre années de prison pour biens mal acquis et saisi 90 millions d’euros de patrimoine immobilier. Pour échapper aux poursuites occidentales il est alors contraint de rentrer en Syrie où il bénéficie d’une sorte d’absolution prononcée par Bachar, son neveu.

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    Plus récemment, nombre de tortionnaires rwandais impliqués dans le génocide des Tutsis en 1994 sont venus se réfugier en France, dont l’épouse du président Hutu Habyarimana (assassiné au début des massacres et dont le parti avait planifié ce génocide), elle-même plutôt favorable au « Hutu-power », et qui s’y trouve toujours. On a découvert en 2020 que l’un de ceux qui avait financé les massacres, Félicien Kabuga, vivait en France sous une fausse identité avec une partie de sa famille depuis de nombreuses années. Sa famille l’y avait fait venir pour bénéficier de soins médicaux. Il a été arrêté après avoir été démasqué et n’est qu’un exemple parmi bien d’autres.

    Lire aussi : Un des leaders du génocide rwandais arrêté… en France

    On apprend aujourd’hui (Le Monde du 20/07/2024) qu’un ancien gouverneur syrien vient d’être arrêté aux Etats-Unis où il vivait sous son identité réelle depuis 2020 après avoir menti dans ses documents d’immigration pour obtenir un visa. Il a été directeur de prison en Syrie, puis gouverneur d’une province syrienne, le tout sous la présidence de Bachar El-Assad. On peut supposer que ce personnage ne récitait pas que des poésies dans l’exercice de ses fonctions… Il n’est pas précisé pourquoi il a souhaité émigrer de Syrie mais sans doute était-il devenu contestataire du régime qui n’a pas l’habitude de faire de quartiers, même en faveur de ses meilleurs ex-serviteurs lorsque ceux-ci sont tombés en disgrâce.

    Au-delà des situations particulières de criminels en déshérence, le plus fascinant dans ces affaires est leur tendance naturelle à venir s’installer dans les pays occidentaux après avoir commis des actes qu’ils savent répréhensibles au regard du droit de ces pays, profitant des largesses de ceux-ci et de leurs politiques en faveur des droits de l’homme qui rend difficile le refus d’accueil. La justice des pays occidentaux est généralement en mesure de les juger, ou de les livrer à la justice internationale, mais après un processus démocratique qui peut durer des années et, sous réserve bien entendu, de les avoir identifiés et localisés. C’est le côté sombre de l’Etat de droit qui considère tout le monde sur un pied d’égalité jusqu’à preuve juridique du contraire. Les tyrans le savent et en jouent à leur bénéfice. Un nombre infime de ceux-ci sont finalement arrêtés mais beaucoup passent au travers des mailles du filet démocratique et poursuivent une vie paisible à l’ombre du droit de leurs pays d’accueil. Grandeur et décadence de la démocratie !

  • Du bon et du moins bon pour les JO

    Du bon et du moins bon pour les JO

    Alors que la gabegie financière des jeux olympiques d’été à Paris, PARIS-JO-2024, est désormais irréversible, la cérémonie d’ouverture étant prévue pour la semaine prochaine, une bonne nouvelle se profile à l’horizon concernant les JO d’hiver 2030 pour lesquels la France, toujours à l’affut de nouvelles dépenses publiques, a posé sa candidature. L’immobilisme actuel du parlement rend pour le moment impossible la fourniture des garanties financières attendues par le Comité international olympique (CIO) pour accepter la candidature. Ces « garanties financières » qui relèvent d’un racket librement consenti nécessitent des lois que la France est dans l’incapacité de voter pour le moment. Il s’agit principalement (i) de l’exonération de tous droits et taxes pour les opérations commerciales menées par le CIO à l’occasion des JO en question et, (ii) d’une garantie financière globale délivrée par l’Etat hôte qui indemniserait le CIO en cas de crise économique (economic shortfall) qui nuirait au programme olympique.

    G2.2: Tax-related guarantee whereby authorities commit to take all necessary measures to fulfil the tax-related requirements of the Olympic Host Contract and give full effect to these provisions, in a manner guaranteeing:

    i. ability of the OCOG to enjoy full benefits of the payments or other contributions made available by the IOC or IOC Controlled Entities, without being subjected nor impacted by direct or indirect taxes due in the host country;

    ii. absence of any direct or indirect taxes due in the host country on the transactions between the OCOG and the IOC (including the IOC Controlled Entities) or between the OCOG and the Games Official Timekeeper;

    iii. absence of double taxation for non-resident individuals (in particular the athletes) and the organisations to which such individuals belong, or by which they may be employed in the host country upon the occasion of the Games; and iv. treatment of the IOC and other relevant Olympic stakeholders that is no less favourable than the treatment of the domestic business operators with regard to indirect taxes.

    G4.1: Games delivery guarantee, in the form of financial guarantees, covering a potential economic shortfall of the OCOG and ensuring that the OCOG can deliver the Games in accordance with Olympic Host Contract requirements and meet all of its financial obligations.

    Lire la suite des garanties exigées sur le site du CIO : https://stillmed.olympics.com/media/Documents/Olympic-Games/Future-Host/Future-Host-Questionnaire-Annex.pdf?_ga=2.31887486.1992492241.1675867905-1713525779.1646819264

    On peut espérer que la nouvelle assemblée nationale française se posera un peu plus de questions sur le degré de priorité à attribuer à ces dépenses somptuaires avant d’engager les contribuables français à financer de nouveau une organisation purement commerciale qui se qualifie « à but non lucratif » et dont le siège est à Lausanne en Suisse.

    En attendant, les responsables du CIO et du comité olympique français paradent en conférence de presse derrière des bouteilles de Coca-Cola savamment disposées sur les tables de conférence pour expliquer pourquoi seuls les paiements par cartes Visa ou espèces sont acceptés dans les boutiques du CIO. Coca-Cola et Visa sont des donateurs historiques des JO, « à but non lucratif » bien entendu !

    Lire aussi : Les ministres Philippe, Darmanin et Maracineanu jettent l’argent public par les fenêtres et signent leur méfait

  • GARY Romain, ‘Ode à l’homme qui fut la France’.

    GARY Romain, ‘Ode à l’homme qui fut la France’.

    Sortie : 1997, Chez : Editions Gallimard (2000)

    Romain Gary (1914-1980), homme flamboyant aux mille vies, écrivain de génie, pilote de guerre, Compagnon de la Libération, a rendu hommage à Charles de Gaulle (1890-1970) en publiant des articles en anglais dans la presse anglo-saxonne à l’occasion d’évènements importants qui ont marqué la vie politique du fondateur de la Ve République, jusqu’à sa mort en 1970.

    L’engagement de Gary pour la France libre incarnée par de Gaulle est connu, l’admiration qu’il portait au personnage l’est un peu moins. Né dans l’empire Russe au temps des tsars ; de confession juive sa famille fuit les persécutions d’abord en Pologne puis dans le sud de la France. Mobilisé en 1939 il rejoint de Gaulle à Londres en juillet 1940 et fera partie toute sa vie du pré carré du Général.

    Il a été naturalisé français en 1935 et on sent dans ses textes qu’il partage le profond sentiment de respect pour la France qu’il partage avec de Gaulle et qui a guidé leurs vies entières. Peut-être même d’autant plus qu’il est né russe. Ce sentiment de « grandeur » de la France, un peu indéfinissable mais qui dépasse les humains en leur inspirant des actes de bravoure hors du commun. Tous les deux sont faits de ce bois de la résistance, du sacrifice et de l’honneur.

    Ces articles sont suivis des lettres adressées par de Gaulle à Gary après qu’il lui eut envoyé chacun de ses livres à leur parution. On découvre avec amusement, par exemple, que de Gaulle a lu en 1969 « Adieu Gary Cooper », un beau roman sur les utopies brisées d’une jeunesse en mal de nouveaux idéaux. Il répond à l’auteur par une lettre du 22 juillet 1969, soit quelques semaines seulement après sa démission de la présidence de la République :

    Mon cher Romain Gary,


    Il fallait bien que vous vous saisissiez de la « jeunesse ». A condition que celle-ci soit étrange, bariolée et désespérée. Si vous le faisiez, il fallait bien que ce soit de tout votre talent et que celui-ci atteigne son maximum. Voilà qui est fait dans votre « adieu, Gary Cooper ».


    En vous remerciant de l’avoir écrit juste au moment où j’ai bien pu bien le lire, je vous demande de croire, mon cher Romain Gary, à ma fidèle amitié.


    C. de Gaulle

    La fidélité était aussi une qualité cardinale chez les Compagnons de la Libération qui seront les seuls, avec l’Armée, à être autorisés à accompagner le Général dans sa dernière demeure après son décès quelques mois plus tard, le 9 novembre 1970.

  • Fraude et mauvaise éducation à l’assemblé nationale

    Fraude et mauvaise éducation à l’assemblé nationale

    L’assemblée nationale a été renouvelée le 7 juillet dernier suite à la décision présidentielle de sa dissolution. Elle est devenue ce que les électeurs français en ont décidé : trois blocs opposés, un de droite radicale, un de gauche propalestinienne et un du centre, aucun n’emportant une majorité absolue et chacun contrôlant les deux autres. Dans un pays normalement géré une telle configuration pousse à la nécessité de s’entendre sur un programme de gouvernement a minima. En France où l’hystérie et la démagogie sont érigées en mode de fonctionnement, cette nouvelle assemblée est annonciatrice de blocages et d’invectives.

    Lire aussi : Les électeurs français ont voté

    Les choses ont d’ailleurs commencé à l’occasion de l’élection du bureau de l’assemblée. Si la présidente sortante, issue de la majorité présidentielle a été renouvelée, la désignation des autres membres de cet organisme a donné lieu à un spectacle peu ragoutant. Traditionnellement, dans l’attente de la composition du nouveau bureau, ce sont les plus jeunes députés élus qui tiennent lieu de membres par interim du bureau. Le plus jeune étant un député du Rassemblement National (RN, droite radicale), c’est lui qui se tenait devant l’urne où les députés déposaient leur vote « à bulletin secret » pour s’assurer de la régularité du scrutin. A 576 reprises (il y a 577 députés) il a tendu la main au votant qui venait de déposer son bulletin dans l’urne et les élus du parti La France Insoumise (LFI, gauche propalestinienne) ont refusé de la serrer du fait de son appartenance politique, sauf quelques rares exceptions comme Clémentine Autain.

    Plus inquiétant, une possible fraude a eu lieu pour l’élection des vice-présidents et dix bulletins en trop ont été trouvés dans l’urne. Il semble qu’une ou deux enveloppes en trop pourraient s’expliquer par un mauvais hasard, mais dix d’un coup cela ressemble à s’y méprendre à un acte malveillant. Une enquête est en cours et on ignore pour le moment qui a pu se rendre coupable de ce délit qui ramène l’assemblée nationale à un vulgaire bureau de vote corse où l’on fait voter les morts. C’est a priori une première historique au parlement.

    Il n’y a pas forcément de lien entre les députés mal élevés et les députés délinquants mais l’assemblée nationale française est en train de s’abaisser au niveau d’une cour de maternelle. Peut-être arrivera-t-on à identifier un jour les députés délinquants. Il serait bon que leurs noms soient rendus publics pour l’édification des électeurs.

    Les présidents des groupes parlementaires ne s’étant pas entendus sur la composition du bureau, celle-ci a été mise au vote. Les partis se sont alors mis d’accord en coulisse pour se soutenir, ou pas, portant parfois leur choix sur des candidats improbables. Le résultat est un bureau majoritairement tenu par la gauche radicale d’où le RN, premier parti issue de l’élection du 7 juillet, est absent.

    Toute cette agitation n’est finalement que de peu d’importance car ce n’est pas le bureau de l’assemblée nationale qui vote les lois, il se contente d’organiser les travaux. Il a une capacité de nuisance mais pas de pouvoir législatif.

  • Délabrement économique et politique en Nouvelle Calédonie

    Délabrement économique et politique en Nouvelle Calédonie

    A Nouméa le pays fait ses comptes, et ils semblent salés. Outre les dix morts qui sont à déplorer, les destructions matérielles résultant des récentes émeutes sont évaluées par le gouvernement local à plus de deux milliards d’euros. Plus grave encore, l’économie est à l’arrêt sur fond de crise mondiale du nickel dont la Nouvelle Calédonie est riche. Au vu de l’atmosphère politique régnant dans l‘archipel on peut comprendre les inquiétudes des investisseurs à remettre des sous dans une telle économie. C’est sans doute, une fois de plus, le contribuable métropolitain qui va être mis à contribution pour payer les additions.

    Lire aussi : Un chemin heurté vers l’inévitable indépendance de la Nouvelle-Calédonie

    Selon le correspondant local du journal Le Monde (13/07/2024) un certain nombre d’opérateurs économiques envisageraient d’attaquer l’Etat français pour qu’il assume les responsabilités financières des destructions puisqu’il n’a pas su maintenir l’ordre. S’il y a une chose certaine dans l’océan d’incertitude qui entoure la Nouvelle Calédonie c’est que les contribuables nationaux vont devoir payer les dégâts occasionnés par les émeutiers indépendantistes ainsi que pour la crise économique qui s’en suit et s’annonce durable.

    C’est une raison de plus pour reprendre le processus vers l’indépendance afin de pouvoir décoloniser au plus vite la Nouvelle Calédonie.

  • Septembre 1966, à bord du croiseur De Grasse

    Septembre 1966, à bord du croiseur De Grasse

    A une suggestion que lui fait Alain Peyrefitte de dissoudre l’assemblée nationale, de Gaulle répond :

    Quelle idée ! Les Français ne comprendraient pas. Nous ne sommes pas l’Angleterre. Il n’y a vraiment pas de raison d’écourter le mandat. La dissolution est une arme précieuse qu’il ne faut pas émousser. Pourquoi renvoyer une Assemblée où il y a une majorité et essayer de la remplacer par une Assemblée où il n’y en aurait peut-être pas ? L’opposition ferait sa campagne contre cette décision injustifiée. Elle pourrait bien entraîner la conviction des électeurs. Ensuite, je serais privé pendant un an de la capacité de dissoudre la nouvelle Assemblée. La Ve République, c’est la stabilité. La dissolution n’est faite que pour résoudre des crises.

    Cette Constitution a été faite pour gouverner sans majorité. Je ferais appel, comme en 1958, à des hommes nouveaux, des techniciens, des spécialistes qui ne se soient pas compromis dans les luttes politiques, mais qui soient respectés pour leur compétence.

    Vous me voyez choisir comme Premier ministre un chef de l’opposition ? Vous me voyez installer Mitterrand à Matignon ? Ça voudrait dire que la légitimité du gouvernement reposerait non sur celle du Président de la République, mais sur celle de l’Assemblée ! Ça voudrait dire qu’on retournerait à la IVe ! Non, non !


    In « C’était de Gaulle » tome III, Alain Peyrefitte

    Transmis au président Macron qui vient de dissoudre l’assemblée nationale dont la nouvelle composition est nettement moins favorable au parti présidentiel.

  • McEWAN Ian, ‘Opération Sweet Tooth’.

    McEWAN Ian, ‘Opération Sweet Tooth’.

    Sortie : 2012, Chez : Gallimard / folio n°6013

    Une histoire d’espionnage durant les années 1970 de la guerre froide où se mêle amour et manipulation. Tous les ingrédients pour un roman haletant. Serena est recrutée par la sécurité intérieure britannique, le MI5, au bas de l’échelle après son diplôme de mathématique et une liaison avec un de ses professeurs, lui-même affilié au MI5 et soupçonné d’y être un agent double.

    Pour sa première opération elle est associée à « Sweet Tooth » et chargée de manipuler un écrivain a priori plutôt pro-occidental. Elle va évidemment en tomber amoureuse, ce qui ne se fait en principe pas dans ce genre d’activités. Confrontée au secret et à la trahison elle va découvrir plus malin qu’elle !

    McEwan est un écrivain et dramaturge britannique né en 1948.