New Order – 2019/10/11 – Paris le Grand Rex

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Superbe concert de New Order à Paris ce soir, débuté sur Wagner et clôt sur Gainsbourg ! Il reste trois des musiciens historiques, Barney bien sûr, principal auteur-compositeur, musicien et chanteur (Bernard Sumner de son vrai nom), Stephen Morris à la batterie, Gillian Gilbert aux claviers. Peter Hook (dit Hooky), bassiste fondateur du groupe les a quittés en plutôt mauvais termes il y a dix ans (voir ses mémoires « Substance – New Order vu de l’intérieur ») et est remplacé par Tom Chapman. Phil Cunningham fait le deuxième guitariste depuis bientôt quinze ans.

Et tout ce petit monde nous fait replonger avec bonheur dans le son des années 80’ que nous avons tant aimé. Au commencement de cette décennie était le groupe post-punk Joy Division qui explosa en plein vol après le suicide de son charismatique chanteur Ian Curtis en mai 1980 : guitares brutes, voix profonde, rythmique hallucinée parfois adoucie par une petite ritournelle de clavier. Les textes de Curtis était glaçant de désespoir, son langage corporel sur scène, épileptique. Le groupe joue immédiatement dans la cour des grands et est reconnu pour son influence majeur dans ce qui deviendra la new wave et la cold wave. Il n’a sorti que deux disques (Unknown Pleasures et Closer), oui, mais du Joy Division. Leur nom fait référence aux divisions de la joie qui désignaient l’exploitation sexuelle des détenues par l’armée allemande dans les camps de concentration. Ambiance…

Lorsqu’ils reprirent le flambeau du groupe, les New Order transformèrent le son en le modernisant : plus électronique et dansant, sans doute moins gothique. Ils firent preuve d’ingéniosité et de curiosité dans la science du bidouillage électronique, toujours à la pointe du son à une époque où le matériel était moins performant. Ce soir ils passent largement en revue ces périodes et font tressauter le Grand Rex lorsqu’ils entament les classiques électro. Les puristes, sans doute aussi les plus âgés, s’émeuvent sur les retours à l’époque Joy Division, d’ailleurs Barney porte sur son T-shirt noir le célèbre logo du disque Unknown Pleasure, premier des deux disques que produira Joy Division. Le light show coloré et animé ajoute une note de gaîté dépouillée sur la musique plutôt sombre de ce groupe qui fut un peu la tête chercheuse du rock de la fin du siècle dernier. A plus ou moins 60 ans d’âge moyen, les cinq musiciens sont professionnels et détendus, plutôt inondés de sérénité. Ils traînent derrière eux le passé d’une vie de rockers brûlée par les deux bouts (voir les mémoires de Hooky…) mais n’en semblent pas si marqués que ça.

New Order a continué d’écrire des disques et de les jouer sur scène dans les années 2000, le dernier, Music Complete, est sorti en 2015. Après diverses interruptions consacrées à des projets alternatifs des uns et des autres, le groupe est toujours sur les planches et tout le monde s’en félicite. Le résultat musical est enthousiasmant.

Setlist : Intro Das Rheingold Vorspiel (Richard Wagner song)

Age of Consent/ Restless/ She’s Lost Control (Joy Division song)/ Disorder (Joy Division song)/ Academic/ Your Silent Face/ World/ Tutti Frutti/ Subculture/ Bizarre Love Triangle/ Fine Time/ Plastic/ True Faith/ Blue Monday/ Temptation

Encore : Decades (Joy Division song)/ Love Will Tear Us Apart (Joy Division song)

Outro : Je t’aime… moi non plus (Jane Birkin & Serge Gainsbourg song)