Le FigMag et l’euro

Le même FigMag publie une interview de Philippe Villin, ex-patron du Figaro et intitulé « Mme. Merkel, sortez de l’euro ! ». Passons sur les habituels jugements à l’emporte-pièce sur le parfait ratage de la politique économique, sur la fonction publique qui ruine le pays, tout ça n’est pas faux mais manque tellement de mesure que c’en est inutile.

Venons-en au fond de l’analyse qui estime que nous ne pouvons pas vivre avec l’euro rhénan qui a succédé au franc fort et joue le rôle d’aspirateur de richesses au profit de nos voisins de l’Est [l’Allemagne, autant être clair NDLR]. Villin constate que la France n’arrive pas à maîtriser ses dépenses publiques ce qu’elle ne peut plus cacher sous le tapis en dévaluant sa monnaie nationale. Citant l’exemple de l’industrie automobile, il insiste sur l’incompétence industrielle française qui n’a pas su prendre le virage de la qualité et n’arrive plus à exporter ses gammes moyennes alors que, du fait de l’euro fort, les consommateurs français peuvent acheter de la deutsche qualitat…

C’est un vrai problème car faire cohabiter au sein d’une même union monétaire des pères la rigueur et des branleurs relève de l’impossible exploit. Effectivement nous n’y arrivons pas vraiment. L’espoir était que la solidarité au cœur d’un même ensemble amène les pères la rigueur à atténuer leurs exigences et pousse les branleurs à un peu plus d’efficacité afin d’arriver ensemble à une union à peu près cohérente aux plans économique et financier.

Hélas, si les premiers ont mis de l’eau dans leur vin les seconds n’arrivent plus à reprendre le contrôle de leurs finances. L’Allemagne, puisqu’il s’agit d’elle, a pour le moment avalé pas mal de couleuvres en acceptant finalement la création monétaire de la banque centrale qui rachète à tours de bras de la dette d’Etats membres, ce à quoi elle était viscéralement opposée jusqu’à l’effondrement de la Grèce, mais elle a encore quelques préventions à ouvrir le robinet des dépenses publiques (faire de la relance comme nous le disons en France) c’est à dire remettre son budget de dépenses publiques en déficit alors qu’il est à l’équilibre.

La France, puisqu’il s’agit d’elle, continuent à ne pas respecter ses engagements financiers et à repousser d’année en année les réformes structurelles sui lui permettrait d’être un peu plus efficace. La valeur de l’exemple des pays du Nord n’a pas joué, c’est incontestable.

La solution de Villin est de dynamiter l’euro, c’est-à-dire que les pays du Sud (les branleurs) poussent les pays du Nord (les pères la rigueur) à sortir de la zone euro. Que l’on envisage une sortie du Nord par le haut, ou du Sud par le bas, l’effet est identique, on se retrouve entre soi. C’est du communautarisme monétaire. La solution préconisée est de prendre acte que l’union entre les pères la rigueur et les branleurs n’est plus possible et qu’il faut donc faire une zone euro pour les rigolos et une autre pour les besogneux (à moins qu’ils ne récupèrent chacun leurs monnaies nationales), afin que ces zones réduites partagent plus d’objectifs communs.

Villon semble laisser croire qu’un euro des pauvres permettrait d’éviter les réformes et la baisse des déficits. C’est évidemment illusoire et son raisonnement sortirait renforcé s’il insistait aussi sur ce point en parallèle de la stratégie de dynamitage de l’euro.

Techniquement la solution est attrayante et certainement plus opérationnelle que la situation actuelle, si l’on passe sous le tapis les difficultés en terme de spéculation sur les marchés financiers que provoquerait immanquablement l’annonce d’une scission. Politiquement ce serait une autre affaire à mener, mais aussi considérer qu’il n’y a plus d’espoir de faire tourner la machine actuelle. Pour sûr un tel dynamitage entraînerait incertitudes et bouleversements, ce que n’aiment pas trop ni les citoyens ni les politiques en temps de paix. Sacré décision politique à mûrir et à prendre !

Villon estime que Sarkozy et Bertrand sont sensibles à ses arguments mais que Juppé a « des logiciels sur l’économie de l’Europe… bloqués aux années 40 » et que Fillon « baigne dans l’eurobéatitude ». Au moins l’on sait pour qui il ne votera pas.

Le chroniqueur optimiste pense que laissée à elle-même la France dérivera plus vite qu’au sein de l’Europe et de l’euro compte tenu de la faiblesse de sa classe politique et du nonisme permanent de ses citoyens. Il veut voir encore un peu d’espoir dans la capacité de la nation à se redresser avec des réformes que chacun sait indispensables. Ce qu’il manque est un leader incontestable et rassembleur… Prions pour que Dieu nous l’envoie !

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