Les Etats-Unis font leurs courses

Donald Trump

Le président américain Trump fait part de sa volonté que les Etats-Unis « achètent » le Groenland au Danemark dont c’est l’un des territoires. On a d’abord cru à une blague de fin de banquet jusqu’à ce que le président confirme ce projet sur Twitter. Le Danemark a répondu que le Groenland n’était pas à vendre, du coup, fâché, le président américain a annulé une visite qu’il devait faire dans le royaume danois dans deux semaines, qualifiant la première ministre de « méchante ».

La diplomatie américaine se transforme en marché aux puces, il faut se pincer pour y croire, mais c’est la réalité du moment. Trump est habitué à faire du business alors il gouverne comme il a construit ses tours. Et puis, pourquoi ne pas essayer, après tout si le Danemark était dirigé par un de ces nouveaux élus populistes qui prospèrent un peu partout sur la planète, les Etats-Unis auraient pu éventuellement trouver un interlocuteur susceptible d’être intéressé par une cession « immobilière » du Groenland…

Cette nouvelle génération de dirigeants « sans foi ni loi » sera l’un des faits marquants du début du XXIème siècle. Ils dirigent à l’intuition avec un simplisme désarmant. Ils répètent à leurs électeurs que les élites passées se sont moqué d’eux des décennies durant et ce discours est plus que bien reçu au Café du commerce. Ils sont élus dans nombre de démocraties par des peuples « souverains », ils appliquent des programmes qu’ils ont annoncés et à ce jour il n’y a pas eu de catastrophe majeure même si la théorie économique prévoit leurs échecs. On est loin des discours visionnaires et élégants à la Obama, qui ne l’empêchaient pas d’agir de façon relativement énergique (voire la campagne d’éliminations ciblées des terroristes islamiques, le renforcement des troupes américaines en Afghanistan ou la nationalisation temporaire de certaines banques puis des producteurs automobiles américains pour les sauver de la faillite), mais qui relevaient de la bonne éducation reçue dans les universités de la Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui nous sommes dans un monde de pignoufs : il y a ceux « qui en ont une grosse » et les autres. Manifestement le Danemark est considéré par Washington comme relevant de la seconde catégorie.

Cela ne veut pas dire que ces nouveaux dirigeants rustres seront moins efficaces que les précédents, seul l’avenir le dira. Nous ferons le bilan dans 10 ou 15 ans. Les démocraties du XXème siècle ont plutôt eu tendance à élever le niveau culturel de leurs citoyens, celles du XXIème le font plonger. Evidemment les intellectuels et citoyens bien-pensants sont consternés devant la vulgarité de ces méthodes, c’est le triomphe des « ploucs » et le crépuscule des « bobos ». Gageons que cela n’aura qu’un temps et que l’intelligence vaincra. En attendant, on espère que le pragmatisme des ploucs permettra d’éviter le déclenchement d’une guerre nucléaire pour le rachat d’un bout de territoire !