Les banquiers se flagellent

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Les banquiers français après avoir fait la sourde oreille aux stances de Sarkozy, notre agité du ciboulot, s’entichant de les faire renoncer à leurs bonus, tout au moins pour les dirigeants, font maintenant amende honorable.

Euh…, il y a quelque chose que je ne comprends pas bien : malgré les résultats des banques françaises en 2008, réduites à faire la manche auprès des contribuables, leurs dirigeants auraient eu droit à des bonus dont le calcul est en principe basé sur la performance ? Si tel est le cas, il y a effectivement un petit problème conceptuel dans le système de rémunération de ces nababs.

Hier le Crédit Agricole a publié le communiqué suivant :

Paris, le 20 janvier 2009

Réuni ce jour, le Conseil d’administration de Crédit Agricole S.A. a statué sur les rémunérations variables des dirigeants. Soulignant que le Crédit Agricole s’en est toujours tenu à des niveaux modérés, il a rappelé que si la rémunération du Directeur général de Crédit Agricole S.A., Georges Pauget, intègre une part variable, celle du Président, René Carron, n’en comporte pas.

Le Comité des Rémunérations et le Conseil d’administration ont souligné la qualité du travail réalisé par Georges Pauget dans la gestion de la crise et son engagement au service de l’entreprise. A l’initiative de Georges Pauget, le Comité des Rémunérations a proposé au Conseil d’administration qui l’a validée, la suppression de la partie variable de sa rémunération 2008.

Le communiqué de la Société Générale est du même ordre :

Paris, le 20 janvier 2009

Le Conseil d’Administration de la Société Générale, réuni le 20 janvier 2009, a notamment examiné les conditions de rémunération des dirigeants du Groupe. Dans le respect de la gouvernance du Groupe, le Conseil a accepté la proposition de Daniel Bouton, Président, et Frédéric Oudéa, Directeur général, de renoncer sans considération de performances de Société Générale ou de sa situation de fonds propres, à la part variable de leurs rémunérations pour l’année 2008.

La Société Générale rappelle par ailleurs que les parts variables de Daniel Bouton et Philippe Citerne avaient été fixées à zéro pour l’année 2007.

Ce que ne précise pas la Société Générale c’est que les bonus 2007 ont été annulés par suite de la malversation du trader-fraudeur Kerviel qui a coûté 5 milliards d’euros, et non du fait d’un élan de générosité et de sacrifice de ses dirigeants. Cependant elle publie un autre communiqué ce matin informant le bon public des investisseurs ébahis qu’elle est favorable au déblocage de la deuxième tranche de fonds publics dont sa part est de 1,7 milliard, payée par le contribuable.

Donc il semble bien que les dirigeants du Crédit Agricole et de la Société Générale auraient pu prétendre à des bonus au titre de l’année 2008 malgré l’effondrement du secteur financier avec les conséquences que l’on connaît. Et il semble également qu’ils n’avaient aucune intention d’y renoncer si l’Etat ne les y avait pas poussés très fort dans le dos. On espère que leur seule rémunération fixe leur permettra de survivre.

On aurait pu imaginer un peu d’élégance dans ce monde de voracité et de faillite, d’avidité et d’illusions, voire ces nababs, sinon démissionner devant l’échec de leur gestion, à tout le moins renoncer à une partie de ces rémunérations imméritées et injustifiables. Une telle attitude aurait fait souffler une brise fraîche sur ce monde de ruines qu’est devenu la Finance internationale. I have a dream…