Les sondages meublent l’absence d’analyse de la presse

Avec une constance à la hauteur de leurs compétences limitées, les journalistes de la presse française continuent à consacrer une grande partie de leurs papiers à commenter les sondages qui sortent journellement en cette période préélectorale. « Commenter », si l’on ose dire puisqu’en réalité ils se contentent d’afficher leurs résultats sur des graphes pastel et s’interroger les uns les autres sur ces chiffres changeant tous les jours, souvent de façon contradictoire.

Le business du sondage a montré à de nombreuses reprises qu’il ne prévoyait pas grand-chose et que son taux de réussite était des plus limité. Cela ne l’a pas empêché de prospérer jusqu’ici. Le dernier exploit étant bien entendu celui du référendum britannique qui a finalement décidé de la sortie de l’Union européenne alors que « les sondages » prévoyaient le contraire de façon assez unanime. Même les dirigeants en faveur de la sortie ont été surpris par ce résultat comme le montre la totale impréparation dans laquelle ils se trouvent actuellement alors qu’ils doivent exécuter cette décision.

Que les sociétés de sondage ne sachent pas prévoir l’avenir, on ne va pas leur en vouloir. Qu’elles trouvent tant de clients à qui fourguer leurs sornettes, c’est plus inquiétant. Mais que les dirigeants de nombreux pays basent leurs décisions et orientations sur les résultats de ces sornettes, c’est encore plus désespérant. S’agissant des sondages préélectoraux, la vraie question est de savoir si les électeurs sont influencés par lesdits sondages ? C’est possible mais ce qui est aussi probable c’est que ces sondages étant plus aléatoires que scientifiques leur impact dans un sens soit annulé par celui dans l’autre sens.

Ce qui ferait sans doute un peu progresser la machine médiatique, mais aussi éclairerait la connaissance des citoyens avant le vote, ce serait que les journalistes politiques lisent les programmes des candidats (y compris les 1 012 pages de celui de Bruno Lemaire « le renouveau c’est Bruno »), les analysent, les expliquent et en débattent avec les intéressés plutôt que de se focaliser sur des classements et des sondages aussi éphémères qu’inutiles. Très peu de ces journalistes sont à la hauteur des cartes de presse qui leur sont (trop) généreusement distribuées. L’urgence et l’hystérie qui caractérisent leurs modes de fonctionnement ne sont pas compatibles avec la réflexion qui devrait normalement seoir à leur position. Ils participent tous les jours à l’appauvrissement du débat et à l’abrutissement des masses. Hélas !

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