« Juifs d’Orient – Une histoire plurimillénaire » à L’institut du monde arabe

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Après une exposition consacrée au pèlerinage musulman de La Mecque en 2014 puis une autre dédiée aux chrétiens d’Orient en 2017, voici la dernière centrée sur la troisième religion monothéiste du monde arabe, retraçant l’histoire de la communauté juive d’Orient présente dans la région depuis la haute antiquité. De Jérusalem à Babylone, sous les empires romain comme grec, les juifs ont vécu autour de la Méditerranée, y ont déployé des centres de culture et de connaissance, déroulé les pages de la Torah et écrit celles du Talmud. Au gré des conquêtes ils ont dû s’adapter au pouvoir des princes, reconstruire les temples détruits et assurer la transmission de leur croyance.

Nous sommes à l’Institut du monde arabe alors l’exposition est plutôt centrée sur la cohabitation des juifs à partir de la conquête musulmane à partir vu VIIème siècle. Bien sûr tout ce petit monde a cohabité dans les mêmes villes, commercé ensemble, parlé la même langue, traduit les mêmes textes, connu des périodes de guerre, d’autres de paix, mais en terre musulmane les chrétiens et les juifs vivaient sous le statut de « dhimmi » qui les considérait comme inférieurs même s’il leur procurait une protection juridique, statut un peu comparable à celui des « indigènes musulmans » octroyé par le colon français en Algérie.

Au XIVème siècle, l’expulsion des juifs d’Espagne va entraîner la création des communautés juives « séfarades » qui prirent alors le chemin du Maghreb, de l’Empire ottoman ou de l’Europe. Les guerres coloniales du XIXème puis mondiales du XXème, ajoutées à l’antisémitisme persistant, vont encore entraîner des mouvements importants des populations juives. La plupart ont quitté le monde arabe et se sont retrouvées en Israël crée en 1948 ou dans d’autres pays, essentiellement occidentaux.

Sont exposés nombre d’objets liés à cette culture juive et, pour la période plus récente, de photos des communautés et des monuments qu’elles ont érigés dans tout cet Orient « compliqué » La dernière partie de l’exposition est consacrée à la création de l’Etat d’Israël et ses conséquences dans la région : guerre de 1948 contre les arabes, expulsion des palestiniens (la « Nakba ») d’Israël, expulsion des juifs d’Egypte par Nasser, fuite des juifs d’Irak… Des vidéos reviennent sur les drames provoqués par tous ces exodes et leur brutalité.

Dans une tentative un peu désespérée l’Institut du monde arabe cherche à montrer l’amitié indéfectible entre les peuples d’Orient quelque soit leur religion. C’est un peu naïf mais, heureusement, l’honnêteté historique avec laquelle a été réalisée cette exposition permet finalement au visiteur de comprendre qu’il s’agit plus d’une histoire de guerre de religions et d’exode que d’unité entre les peuples. Certes l’histoire est partagée, mais ces communautés faisaient « chambre à part » et parfois se séparaient dans la violence. Nous en sommes d’ailleurs toujours là !