« Julia Pirotte, photographe et résistante » au mémorial de la Shoah

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Julia Pirotte (1907-2000) est une photographe de presse polonaise. Sa famille d’origine juive s’installe à Varsovie avec les trois enfants après le décès de la mère où Julia, son frère et sa sœur, encore adolescents, adhèrent au parti communiste polonais. A ce titre Julia est emprisonnée quatre ans par la justice polonais, à 17 ans, et son frère s’exile en URSS pour fuir le régime autoritaire du pays au mitan des années 1920. L’oppression se renforçant en Pologne, Julia doit fuir à son tour et trouve refuge en Belgique où elle épouse Jean Pirotte, un syndicaliste belge, et obtient la nationalité belge. Ouvrière dans différentes usines en Belgique elle poursuit son engagement politique et écrit des articles dans la presse « progressiste » illustrés par ses propres photos.

En 1940, fuyant l’invasion de la Belgique par l’Allemagne elle s’installe à Marseille alors située en zone libre où elle va réaliser des reportages sur le monde ouvrier et populaire local et entre en résistance dans le réseau communiste Francs-tireurs et partisans (FTP) Main-d’œuvre immigrée (MOI). Sa sœur Mindla, également résistante est capturée par les Allemands, torturée, déportée puis guillotinée. Julia participe et photographie l’insurrection de Marseille. Immédiatement après la libération elle retourne en Pologne encore agitée par des vagues antisémites. Elle photographie le pogrom de Kielce de 1946, crée une agence de presse « Walf », photographie la reconstruction de son pays, le congrès pour la paix de 1948 à Wroclaw où elle prend des portraits, notamment de Picasso et Irène Joliot-Curie qui y participent, elle fait un reportage dans un kibboutz en Israël.

La soeur de Julia, Mindla, assassinée par les allemends pour fait de résistance

Dans les années 1960-1970 son travail commence à être reconnu et exposé à travers le monde. C’est une partie de celui-ci qui est exposé aujourd’hui par le mémorial de Shoah. Les clichés noir-et-blanc marquent son attrait pour les milieux populaires, particulièrement les portraits. Son engagement communiste et résistant transpire de toutes ces photos et quelques vidéos montrent cette femme modeste au crépuscule de sa vie, qui toujours est retournée dans son pays natal, la Pologne, quels qu’en soient les régimes et les risques pour une juive.

Elle est passée au travers de toutes les embûches de ce siècle et a témoigné de toutes ses tragédies.

Une exposition émouvante !