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  • L’affaire insoluble des frontières de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan

    L’affaire insoluble des frontières de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan

    Le conflit insoluble existant entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis la chute de l’URSS dont elles composaient deux des républiques « socialistes » est en train de se décanter par application de la loi du plus fort et, ici, la force est du côté de Bakou. La situation des frontières entre ces deux pays est une hérésie et un imbroglio légal impossible à gérer. Il y a une enclave en territoire azerbaïdjanais peuplée de citoyens historiquement de souche arménienne, le Haut-Karabagh, qui appartient à l’Azerbaïdjan au point de vue du droit international mais qui a déclaré son indépendance, au mépris de ce même droit. Il existe une partie du territoire azerbaïdjanais détachée géographiquement, le Nakhitchevan, à l’ouest de l’Arménie à la frontière avec l’Iran. Pour ne rien arranger, l’Azerbaïdjan est turcophile et turcophone sur fond de génocide arménien de 1915, jamais reconnu en tant que « génocide » par la Turquie.

    Les armes ont parlé, l’Azerbaïdjan a reconquis sa pleine souveraineté sur le Haut-Karabagh en deux étapes, la guerre de 2020 et l’attaque de ce mois. Il y a 120 000 habitants au Haut-Karabagh qui se sentent arméniens bien que de nationalité azerbaïdjanaise, personne n’ayant reconnu la déclaration d’indépendance unilatérale de cette partie du territoire azerbaïdjanaise. Ils n’ont aucune confiance dans les annonces de Bakou qu’ils peuvent rester sur place et que leur sécurité sera assurée. Alors ils évacuent le Haut-Karabagh, sans doute pour toujours, pour rejoindre l’Arménie à quelques dizaines de kilomètres. Comme il y de plus des religions opposées, chrétienne pour le Karabagh et musulmane pour l’Azerbaïdjan, et des souvenirs d’exactions à leur encontre, on comprend la décision d’évacuer des habitants de ce territoire.

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    Dans un contexte politique radicalement différentes, on se souvient que les « pieds-noirs » en Algérie, les colons français de ce pays, n’ont fait aucune confiance en 1962 aux accords de paix dits « d’Evian » signés entre Paris et le FLN algérien (Front de libération nationale) qui leur accordaient des garanties de sécurité et un statut particulier pour une longue période, et ce sont près d’un million de personnes qui ont évacué l’Algérie indépendante en quelques mois pour rejoindre la France. Ce fut un énorme problème social à régler pour la France qui accueillit en si peu de temps un tel flux de population, mais l’impossible a finalement été réalisé avec son cortège d’insuffisances, d’injustices et de chaos. Erevan est aujourd’hui face à ce défi.

    Les bonnes âmes en France s’émeuvent sur les plateaux télévisés « qu’on ne fait rien pour l’Arménie qui est à l’origine de la religion chrétienne en Orient »… Mais que veulent-ils ? Que Paris entre en guerre contre Bakou pour rétablir les habitants du Haut-Karabagh alors qu’elle n’a pas même reconnu l’indépendance auto-proclamée de ce territoire ? Après les équipées militaires occidentales en Iraq, en Afghanistan, en Afrique, ou russes en Ukraine, en Syrie, en Géorgie, l’interventionnisme a montré son inefficacité et s’est trop souvent soldé par le chaos. Non, la vérité est que même si ces deux pays s’étaient entendus diplomatiquement, les haines ancestrales générées entre les deux populations, doublés d’oppositions dans tous les domaines dont le religieux, l’inextricable imbrication des territoires, le mieux est d’en tirer les conséquences et d’évacuer les habitants d’origine arménienne vers l’Arménie qu’il faudra aider financièrement pour l’intégration de ceux-ci.

    Le ressentiment des uns contre les autres, et des habitants du Karabagh contre le gouvernement arménien qui ne les a pas défendus, va durer pour des générations avec un risque de déclenchement d’une nouvelle guerre si l’Arménie, un jour, se retrouve en position de la faire. En attendant, l’Azerbaïdjan risque de repartir en guerre pour obtenir un corridor terrestre pour joindre le Nakhitchevan à son territoire. Inextricable, on vous le dit, tout cela étant aussi le résultat du tracé des frontières réalisé sous l’empire de Staline ! L’Arménie est un petit pays de trois millions d’habitants entourés de pays puissants et sauvages, la Turquie, l’Iran, l’Azerbaïdjan, la Géorgie. Pas facile d’être un petit poucet au milieu des loups. On a cru au XXème siècle que le droit international était la voie à suivre sous l’égide des Nations Unis pour régler les conflits territoriaux. La méthode a fonctionné un temps mais n’est plus opérationnelle pour la majorité des pays de la planète, la force a pris le dessus. C’est dangereux et inquiétant. L’histoire est un éternel recommencement, gageons que l’intelligence et la négociation reprendront bien un jour le dessus.

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  • Le retour de Felix Dzerjinski à Moscou

    Le retour de Felix Dzerjinski à Moscou

    Après avoir réhabilité le drapeau rouge de l’Union soviétique pour l’armée russe, Moscou a inauguré une statue de Felix Dzerjinski (1877-1926). Il fut l’un des chefs majeurs de la révolution bolchévique de 1917 et fut chargé de mettre en place une police pour lutter contre « l’ennemi de l’intérieur ». Le moins que l’on puisse dire est qu’il s’est acquitté de sa tâche avec conscience et efficacité. Il a été l’un des organisateurs de la « terreur rouge » durant la guerre civile et a été à l’initiative de la création de la Tcheka, devenue Guepeou, l’ancêtre du KGB de sinistre mémoire, devenu FSB après la chute de l’URSS. Membre du comité central du parti communiste de l’URSS il serait mort d’une crise cardiaque à la suite d’une réunion de cette institution particulièrement agitée en juillet 1926. Une autre hypothèse parle d’un empoisonnement sur ordre de Staline.

    C’est sous son autorité que la police politique soviétique a mené sur une très grande échelle les déportations et exécutions de masse. Il est coresponsable de dizaines de millions de morts et fut l’un des piliers sur lequel Staline assis la terreur soviétique dont les conséquences sont toujours visibles aujourd’hui. Sa statue a longtemps trôné Moscou devant le siège du KGB sur la place Loubianka. Après la dissolution de l’URSS en 1991 il a été estimé plus décent de déboulonner cette statue.

    Les années 2000 voient le retour à l’idéologie soviétique en Russie comme dans certains pays de son pré-carré sur fond d’antioccidentalisme. La guerre menée en Ukraine par Moscou depuis février 2022 s’accompagne d’une féroce campagne de retour aux idées et aux pratiques d’antan. C’est ainsi qu’une copie de la statue de la Loubianka vient d’être rétablie dans un quartier plus « discret » de Moscou. Dzerjinski peut être comparé dans l’histoire au Himmler du régime nazi, le réhabiliter dans sa « gloire » est un acte qui en dit long sur la volonté de Moscou de revenir en arrière.

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  • Le retrait français du Niger

    Le retrait français du Niger

    Dans une intervention télévisée ce soir le président de la République française a déçu le microcosme des plateaux télévisés parisiens car il n’a fait « d’annonces nouvelles », entendez il n’a pas créé de dépenses publiques supplémentaires ce qui, en ces temps de disette budgétaire est une bonne chose.

    Autre nouvelle favorable, il a annoncé le rappel de l’ambassadeur de France au Niger et le rapatriement des soldats français présents dans ce pays. Les autorités nigériennes issues du coup d’Etat de juillet dernier demandaient ces deux décisions depuis deux mois, elles avaient même prononcé officiellement « l’expulsion » de l’ambassadeur et l’avait déchu de son immunité diplomatique. On peut se demander pourquoi la France s’est sentie obligée de lancer un coup de menton en refusant dans un premier temps de rappeler son ambassadeur pour finalement y consentir quelques semaines plus tard devant l’impasse dans laquelle elle s’était fourvoyée.

    Les 1 500 militaires français seront sûrement mieux employés sur d’autres terrains ou, plus simplement, sur le territoire national. Le but de leur présence dans le Sahel était de lutter contre le développement du terrorisme religieux et de ses excroissances en Europe sous forme d’attentats et de soft power. Ils ont effectué leur travail pour un temps mais les conditions de sa poursuite ne sont désormais plus réunies. Les stratèges militaires ne sont sans doute pas mécontents de récupérer ces effectifs. Il n’y a pas de doute qu’ils trouveront à les employer de façon plus utile que de les perdre dans des bases du bout du monde dans des pays qui n’en veulent plus.

    On imagine qu’en retour la France a expulsé des diplomates nigériens présents sur son sol mais le président français n’a pas précisé ce point dans son interview, à moins que ledit ambassadeur ne soit anti-putschiste et demande le statut de réfugié à Paris ? Si tel était le cas il faudrait à tout le moins, refuser les lettres de créance d’un potentiel successeur.

    Le Canard Enchaîné (02/08/2023)

    Une polémique est d’ailleurs en cours en France concernant la délivrance des visas aux artistes et étudiants issus du Niger, mais aussi du Mali et du Burkina-Faso. Ils semblent que l’octroi de ceux-ci soit en chute drastique, les autorités françaises arguant que la mise en sommeil des ambassades et consulats de France dans ces trois pays l’empêche techniquement. C’est sans doute vrai mais il ne doit pas non plus exister une volonté politique farouche de délivrer des visas à des citoyens venant de pays « non amicaux »… Comme par ailleurs les liaisons aériennes directes entre ces pays et la France sont, au mieux ralenties, au pire suspendues, la venue d’étudiants et d’artistes de ces pays en France ne va pas être très fluide pour les mois à venir.

    Le monde de la culture, aux idées généralement « progressistes », s’émeut de cette situation et le fait savoir à grand renfort de tribunes et de déclarations. Il est des moments où même la culture doit d’incliner devant la raison d’Etat. Tout devrait finir par s’arranger un jour. A ce stade personne n’envisage vraiment que les flux migratoires des citoyens de ces pays se réorientent vers les nouveaux « amis politiques » de leurs gouvernements et la demande de titres de séjour en France et en Europe reste forte.

  • L’aide humanitaire française redéployée

    L’aide humanitaire française redéployée

    Eh bien il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour que l’aide humanitaire française non sollicitée par le Maroc à la suite du tremblement de terre de la région de Marrakech le 9 septembre soit employée pour une autre cause tout aussi légitime : une tempête a généré des inondations cataclysmiques en Libye causant plusieurs milliers de morts, selon les premiers bilans, dans la ville de Derna. L’aide publique française y a donc été envoyée et elle y sera aussi bien employée qu’au Maroc qui semble affronter avec efficacité les suites du tremblement de terre subi.

    La France a par ailleurs un peu à se faire pardonner en Libye par suite de son intervention militaire de 2011, il est donc aussi bien qu’elle se concentre sur les inondations de ce pays où cohabitent, plutôt mal, deux Etats pour une même nation. La compétition humanitaire est l’un des péchés mignons des pays occidentaux, on en voit l’illustration malsaine avec les catastrophes naturelles qui touchent à peu près au même moment ces deux pays d’Afrique du Nord. L’idéal serait d’ailleurs ces aides transitent par les différentes agences de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), qui ont d’ailleurs été créées pour ça, ce qui éviterait la tentation morbide des pays aidants à vouloir planter leur petit drapeau national sur les sacs de riz qu’elles proposent d’envoyer sur les spots de la misère humaine. Hélas l’ONU est également soumise aux vanités nationalistes des uns et des autres, ou complètement bloquée par les conflits divers et variés de ses Etats membres.

    Alors en attendant un monde pur et parfait où tous les pays du Monde s’uniraient dans l’harmonie pour aider ceux d’entre eux qui affrontent des catastrophes, l’Espagne aide le Maroc et la France aide la Libye. C’est très bien ainsi et même si cette division du travail choque l’égo de certains en France aux vues post-coloniales un peu rances, l’essentiel est que les populations dans le besoin soient secourues. D’autant plus que rien n’empêche la mise en place de flux d’aide privée de la France vers le Maroc comme cela semble être le cas.

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  • Les apparences de la nouvelle gouvernance militaire en Afrique

    Les apparences de la nouvelle gouvernance militaire en Afrique

    Des militaires prennent le pouvoir en cascade en Afrique par des voies non « démocratiques » ou, à tout le moins, « non-constitutionnelles ». Les processus de ces pronunciamientos sont assez similaires, les résultats de cette nouvelle gouvernance galonnée risquent de l’être aussi. Pour les anciennes colonies françaises, c’est sans doute la dernière étape de la décolonisation puisque celle-ci n’était pas véritablement achevée. Ces pays vont maintenant aller vers leur destin. Un premier bilan pourra être mené d’ici quelques années.

    Il reste maintenant à accélérer le démantèlement de la zone monétaire du Franc CFA, annoncé par les présidents français et ivoirien en décembre 2019. Ce projet a été freiné par la pandémie de la Covid mais il faut profiter des évènements politiques en cours en Afrique pour l’accélérer et l’achever.

    Lire aussi : Une bonne nouvelle pour l’Afrique

  • Changement politique au Gabon

    Changement politique au Gabon

    Au Gabon, un clan de galonnés a mis fin un peu brutalement ce 30 août dernier au règne plutôt longuet de la famille Bongo, à la tête du pays depuis 1973. D’abord le père durant 42 ans puis le fils pour 13 ans jusqu’à ce pronunciamiento. Le leader de ce débarquement est le chef de la garde républicaine qui était chargée de protéger… la présidence. Il vient de se faire nommer président de la République.

    Le fils Bongo venait lui de se faire réélire pour un troisième mandat au terme d’élections douteuses, comme elles l’ont toujours été dans ce pays dit « démocratique ». Il avait été victime d’un grave accident vasculaire cérébrale lors de son précédent mandat et il n’était probablement guère en état de gouverner. Assigné à résidence quelques jours il semble maintenant libre de ses mouvements. On l’a vu dans une vidéo assez pathétique appeler « ses amis » à « faire du bruit » pour protester contre ce coup d’Etat. Personne n’a crié bien fort jusqu’ici et peu de monde ne semble regretter ce départ du clan Bongo par la petite porte. La question qui reste à résoudre maintenant est de savoir si les galonnés seront aussi incompétents que la famille Bongo pour gouverner ce pays riche ?

    Le Gabon caractérise jusqu’à la nausée les dérives de la « Françafrique » et les responsabilités sont largement partagées entre Paris et Libreville. C’est un émirat pétrolier très peu peuplé qui aurait dû être un Etat prospère s’il avait été géré avec un minimum de rigueur. Dès l’indépendance en 1960, le premier président, Léon Mba, doit être rétabli sur son trône par l’armée française après un coup d’Etat en 1964. Il gouvernera sous la tutelle de la France jusqu’à sa mort en 1967. Omar Bongo lui succède avec l’aval du général de Gaulle. Commence alors un long règne de prévarication et de compromission. Le développement de la production pétrolière attise les convoitises et accroit les moyens de corruption dans les mains du clan Bongo qui ne se prive pas de les utiliser au mieux de ses intérêts. Nombre de forbans et de partis politiques français semblent en avoir profité en plus des Bongo qui se sont constitué un patrimoine considérable à travers le monde. Cerise sur le gâteau, une partie de la dette gabonaise vis-à-vis de la France a été annulée, c’est-à-dire remboursée par les contribuables français… Et pour bien faire, les convictions religieuses de la famille semblent bien moins fermes que son avidité : en 1968 le patriarche se convertit à la religion catholique, puis à l’Islam en 1973. Albert devient Omar et fiston né Alain-Berard devient Ali. Le Gabon est toujours très majoritairement peuplé de catholiques et d’une minorité protestante, le tout fortement teinté d’animisme.

    Bienvenue au Gabon dans le nouveau monde de la gouvernance militaire !

  • Une leçon de gouvernance donnée par le Royaume du Maroc à la République française

    Une leçon de gouvernance donnée par le Royaume du Maroc à la République française

    La France des plateaux télévisés est en émoi, empilant les émissions spéciales, les cagnottes diverses et les interviews de VIP franco-marocains ou d’origine marocaine (il y en a beaucoup), dégoulinant de compassion par suite du tremblement de terre dans la nuit de vendredi dans la zone de Marrakech. Tous ces communicants aux petits pieds s’étonnent que le Roi du Maroc n’ait pas encore « communiqué » sur cette catastrophe naturelle trois jours après le drame.

    Evidemment, vue de Paris où n’importe quel élu de quartier pond des tweets ou des messages sur les réseaux dits « sociaux » comme la pluie tombait à Gravelotte, le plus souvent pour se mettre lui-même en valeur, un silence de plus de trois minutes face à un évènement aussi considérable est juste incompréhensible et ledit élu fait part de consternations sur… les réseaux dits « sociaux ».

    En réalité, le souverain qui était en France le soir du drame est d’abord revenu rapidement dans son pays, puis il s’est mis à travailler avec ses ministres pour organiser l’après-séisme, puis il est venu visiter aujourd’hui les blessés sur place. Bref, il arbitré en faveur de faire son boulot plutôt que de diffuser à tout va des messages sans intérêt. Son choix ne semble pas mauvais et pourrait inspirer les élus et dirigeants français : faire le job pour lequel on est payé plutôt que de perdre son temps à comptabiliser ses « like » sur des messages stupides et sans intérêt.

    Tout n’est pas bon à prendre dans la gouvernance marocaine, notamment la façon plus ou moins licite dont la famille royale a pu accumuler sa fortune considérable ou le sort que le père de l’actuel souverain réserva à ses opposants, mais au moins sur l’efficacité privilégiée sur la communication il y a matière à inspirer nombre de gouvernants républicains !

  • L’arrogance française une nouvelle fois en mise en cause

    L’arrogance française une nouvelle fois en mise en cause

    A la suite d’un tremblement de terre dans la zone de Marrakech au sud du Maroc vendredi dernier, dont le bilan est déjà de plus de 2 000 morts et est encore loin d’être définitif, des polémiques de plateaux télévisés se développent en France sur le fait que l’Etat du Maroc n’aurait pas encore officiellement demandé l’aide de Paris mais a cependant déjà accepté l’aide de différents autres pays dont le Royaume-Uni. La France (en tous cas ses journalistes) se sent insultée de ne pas être en tête de gondole pour dispenser son aide humanitaire et disperser ses spécialistes en catastrophes sismiques sur le terrain.

    Les raisons de contentieux entre la France et le Maroc sont multiples depuis quelques années à commencer par la volonté française de réduire le nombre de visas octroyés aux citoyens marocains désireux de voyager ou de s’installer en France. Paris qui cherche également à ménager son ancienne colonie algérienne n’a pas reconnu la souveraineté du Maroc sur la Sahara occidental, ancienne colonie espagnole que la Maroc souhaite recoloniser à son profit sans consulter les populations locales comme le demande les Nations Unies et le frère ennemi, l’Algérie. Plus quelques détails comme celui qui voudrait que le Maroc aurait espionné le président français via le désormais célèbre logiciel espion Pegasus acquis auprès d’une société israélienne. Il n’est pas à exclure que la susceptibilité marocaine à fleur de peau explique que Rabat ne soit pas pressée de faire appel à la France compte tenu de tous ces contentieux en cours. Si tel était le cas, ce serait d’ailleurs plutôt une noble attitude à mettre au crédit du Maroc qui ne veut tendre la main à un pays qu’elle critique.

    Le fond du problème est que la France ne sait pas arbitrer entre le Maroc et l’Algérie, les deux ennemis héréditaires du Maghreb. Ne voulant froisser ni l’une ni l’autre, particulièrement pour ce qui concerne le sujet du Sahara occidental, la France est fâchée avec les deux pays qui sont et resteront des sources de problèmes pour l’ancienne puissance coloniale (de l’Algérie) et mandataire (du Maroc). Même lorsque Paris veut rester neutre et s’en remet à l’ONU sur le sort du Sahara occidental, il prend des coups de part et d’autre. Mais la neutralité française dans cette affaire est la seule possible. Laissons donc le Maroc et l’Algérie régler leurs problèmes avec l’aide de l’ONU pour ce bout de désert contesté comme ce fut le cas pour mettre la fin à la « guerre des sables » entre les deux pays en 1964.

    Si le Maroc peut gérer les suites du tremblement de terre avec l’aide des pays qu’il choisit, eh bien c’est parfait ainsi. L’essentiel est que les sinistrés marocains reçoivent l’aide qui leur est nécessaire sur la durée, que celle-ci soit française ou pas. Et si le Maroc ne souhaite pas bénéficier des apports de la France, eh bien il y a bien d’autres pays qui sont demandeurs. En matière d’aide post-catastrophes naturelles il y a insuffisance de l’offre, pas de la demande. Alors que Paris ravale son arrogance et envoie son aide humanitaire officielle ailleurs. En attendant il y a bien d’autres moyens privés pour aider le Maroc via des ONG ou des fonds privés et ils dont d’ailleurs déjà mis en œuvre sans se préoccuper des pudeurs diplomatiques de relations gouvernementales plus guidées par des querelles d’égos mal placées que par les véritables intérêts politiques des deux pays.

    Cerise sur le gâteau : on apprend que le Roi du Maroc était en soins médicaux à… Paris le soir du tremblement de terre à Marrakech ! Il semble qu’il reste encore un peu de chemin à parcourir avant une véritable indépendance. Ces atermoiements politico-mondains ne semblent guère émouvoir les peuples si l’on en juge par l’importance du flux de migration du Maroc vers la France et, à l’inverse, du nombre de Français vivant au Maroc (on parle de plus de cinquante-mille migrants français au Maroc). Les chiens aboient, la caravane passe.

  • La fin d’un clown sinistre

    La fin d’un clown sinistre

    C’est une fin violente qui a finalement été réservée au Russe Evgueni Prigojine : l’avion privé dans lequel il était monté avec tout son état-major pour voyager entre Moscou et Saint-Pétersbourg est « tombé » en flammes au milieu du chemin. Personne ne se fait guère d’illusions sur l’origine de cet « accident » très probablement voulu et provoqué par le Kremlin. L’homme avait en effet mené, à la tête de son armée de mercenaires, une tentative de putsch le 24 juin à laquelle il met fin dans la journée après que sa troupe de forbans marchant vers Moscou abatte quelques avions et hélicoptères de l’armée russe officielle qui cherchaient à l’arrêter et sans que l’on ne connaisse vraiment les dessous de la négociation menée entre Prigogine et le pouvoir russe pour aboutir à cette issue inattendue.

    Prigogine était un repris de justice (12 ans de prison pour brigandage et escroquerie) qui s’était recyclé dans la restauration ce qui lui permit de se rapprocher du président russe Poutine et d’emporter des contrats importants pour le catering de l’armée. A partir de 2014, il crée une société de mercenaires qui s’implante en Afrique, prestant un service de sécurité aux Etats locaux en échange de concessions minières octroyées à ses sociétés. Il a créé ce business avec un associé, également tué dans l’avion « tombé » en flammes, admirateur de l’idéologie nazi et arborant des croix gammées tatouées sur le cou, se faisant appeler « Wagner » de son nom de guerre en hommage au compositeur allemand chéri des hitlériens et qui sera également retenu pour désigner les mercenaires de Prigojine : « les Wagner ». Lorsque la guerre d’Ukraine s’aggrave avec l’invasion de février 2022, une partie de ses troupes sont rapatriées sur le front ukrainien où elles se distinguent par leur violence et leur sauvagerie.

    On se souvient notamment de l’exécution d’un de ses mercenaires, coupable de trahison, à coup de masse sur la tête, dont les images ont été abondamment diffusées sur les réseaux dits « sociaux » et au sujet de laquelle M. Prigogine avait publié ce commentaire :

    Il n’a pas trouvé le bonheur en Ukraine et a fini par rencontrer des gens durs mais justes. Ce film devrait s’appeler “une mort de chien pour un chien”. Excellente réalisation, qui se regarde d’un souffle. Aucun animal n’a souffert durant le tournage.

    Evgueni Prigogine

    Par suite de cette communication du genre cynique, le Kremlin lui avait sans doute demandé d’être un peu plus discret dans ses commentaires car il déclarait quelques jours plus tard que, finalement, « les Wagner » respectaient la loi… La masse est devenue ensuite l’emblème du « groupe Wagner ».

    Prigojine s’est aussi distingué durant la participation de son groupe à la guerre d’Ukraine car il avait reçu le pouvoir de recruter ses troupes dans les prisons russes en échange d’une amnistie. On le voit ainsi sur des vidéos publiques dans les cours de prison proposer ce choix aux prisonniers dont certains criminels condamnés à de lourdes peines. Beaucoup sont morts au combat car Wagner ne ménageait pas trop ses hommes selon les vieilles habitudes soviétiques, les combattants n’étant que des inputs comme les autres. On a aussi beaucoup vu le chef de Wagner se mettre en scène en tenue de combat, arme à l’épaule, faire des sorties à l’encontre de l’armée officielle russe dont il accusait l’état-major et le ministre de la défense d’être incompétents et responsables de la mort de ses hommes par leur refus d’approvisionner suffisamment en armes et en munitions.

    Bref, Evgueni Prigojine n’était pas vraiment un poète et il est mort par où il a péché : la violence et la félonie. Après avoir trahi le président Poutine et son pouvoir en marchant sur Moscou, personne ne donnait bien cher de sa survie tant la traîtrise n’est pas tolérée en Russie pas plus qu’elle ne l’était en Union soviétique.

  • Le ministre malien de la défense bénéficie de la nationalité française

    Le ministre malien de la défense bénéficie de la nationalité française

    A l’occasion de sa mise sous sanction par l’administration américaine du ministre malien de la défense, le colonel Alou Boi Diarra, pour avoir « facilité le déploiement et l’expansion » des activités au Mali du groupe paramilitaire russe Wagner, on apprend que ce ministre bénéficie de la nationalité française en plus de sa nationalité d’origine malienne. Il n’est pas précisé à ce stade pour quelles raisons cette nationalité lui a été attribuée : droit du sol, récompense d’une action particulière, autre ?

    Après la révélation de la nationalité française du ministre comorien des affaires étrangères et du président de la République malgache, c’est maintenant le ministre d’un pays ennemi dont on révèle la double nationalité. Evidemment, au vu de la situation conflictuelle existant entre la France et le Mali on pourrait s’attendre à ce que, par souci de clarification, ledit ministre renonce à sa nationalité française, ou que ses collègues ministres exigent de lui un tel renoncement générateur de conflits d’intérêts. Il est peu probable que l’impétrant endosse l’ambiguïté de sa situation et renonce à ce qui représente un avantage pour lui : pouvoir revendiquer la protection de la France si les choses tournaient mal pour son régime dont le principal fonds de commerce est de critiquer violement la France. A défaut d’une renonciation volontaire à cette nationalité française, M. Alou Boi Diarra pourrait probablement en être déchu pour différents motifs prévus dans la loi mais il est peu probable que l’Etat français se lance dans une telle procédure juridique (Annulation, retrait ou déchéance de nationalité française | Service-public.fr) pour ne pas jeter de l’huile sur le feu.

    Lire aussi :
    L’éternel syndrome des citoyens d’anciennes colonies françaises
    La nationalité française du président de Madagascar

    Cet imbroglio confirme une nouvelle fois l’intérêt qu’aurait la République française à être plus regardante sur l’octroi de sa nationalité à des citoyens étrangers. A force d’avoir distribué ce hochet à tout bout de champ, cette générosité revient en boomerang et l’on découvre avec stupeur des forbans bénéficiant de cette nationalité favorisant les actions politiques nauséabondes d’une bande de mercenaires aux dents longues, ravis de savonner la planche de l’ex-puissance coloniale….

  • Il faut rapatrier l’ambassadeur de France au Niger

    Il faut rapatrier l’ambassadeur de France au Niger

    Le pouvoir galonné qui a pris le pouvoir au Niger à la fin du mois de juillet prononce l’expulsion de l’ambassadeur de France. L’Allemagne et le Nigeria sont l’objet de la même décision mais font profil bas jusqu’ici. Paris, qui en fait toujours plus que les autres, dénie à la junte militaire le droit de décider une telle expulsion. La France compte-t-elle maintenir de force son ambassadeur sur place ? Va-t-elle faire sortir sa troupe de ses casernes sur place (on parle de 1 500 hommes sur la base de Niamey) pour défendre son ambassade face aux furieux qui manifestent devant ses murs et cassent tout ce qu’ils peuvent ? C’est irréaliste ! Le mieux à faire est de rapatrier en bon ordre tout ce petit monde, civil et militaire, ce qui va déjà être suffisamment complexe pour éviter de jeter de l’huile sur le feu. N’importe quelle autre ambassade pourra gérer les intérêts français sur place sans trop de difficultés. Reste le cas des civils privés qui sont présents au Niger, dans des entreprises ou des organisations humanitaires : pour eux l’heure du choix peut-être déchirant va se poser, rester ou partir, comme il s’est déjà posé dans nombre d’autres pays sahéliens dont la France officielle a été chassée ! Par souci de parallélisme des formes, il faut également faire connaître le même sort à l’ambassadeur du Niger en France dans la mesure où il en existe un.

    Le destin de la France est de s’éloigner physiquement et politiquement de ses anciennes colonies dont les populations continuent malgré tout à migrer massivement vers la France. Le destin du Niger reste quant à lui à définir et cela se fera sous d’autres auspices que celles d’une période post-coloniale qui a atteint ses limites soixante années après les décolonisations des années 1960. On verra dans dix ou vingt ans où en sera le Niger et ses voisins du Sahel ; pas sûr que leur situation sera significativement dégradée versus celle d’aujourd’hui. Comme pour une enfant qui s’éloigne de ses parents, le Niger doit maintenant s’émanciper de la France. C’est toujours douloureux sur le moment pour la maman mais c’est un mauvais moment à passer, les relations peuvent reprendre ensuite sur des bases bien plus saines, ou rester distantes. Le mieux est de se donner rendez-vous dans dix ou vingt ans et de voir comment tout ceci aura évolué.

    En attendant, les Etats-Unis qui disposent également de bases au Niger avec un millier d’hommes semblent en meilleurs termes avec les galonnés qui ont pris « illégalement » le pouvoir et leur présence dans le pays ne serait pas remise en cause pour le moment. L’Occident ne quittera pas complètement la zone malgré le départ de la France qui est écrit d’avance.

    Ce week-end en Afrique centrale des élections présidentielles auront lieu au Gabon que le fiston Bongo, Ali, semble en bonne voie de remporter pour un troisième mandat après les quarante-sept années du pouvoir tenu par son père Omar. Cela fait donc maintenant plus de soixante ans que le père et le fils Bongo trustent le poste de président du Gabon avec un cortège de malversations et de mauvaise gouvernance. Ali a par ailleurs été victime d’un accident vasculaire cérébral qualifié de sérieux au cours du mandat qui s’achève dimanche. On ne sait même plus vraiment s’il est véritablement toujours en état de gouverner…

    Alors, que préférez-vous : la « démocratie » gabonaise ou la « dictature » nigérienne ?

  • Une dérive française évitée au Niger

    Une dérive française évitée au Niger

    Il semblerait d’après la presse bien informée que les troupes françaises aient été approchées par les soutiens du président nigérien démis le 27 juillet par un galonné et assigné à résidence pour le libérer. On se félicité que Paris n’ait pas donné suite à ce énième appel au secours d’un président africain mis dehors par un pronunciamiento. On se croirait revenus aux années 1970 où Foccart, éminence grise du général de Gaulle, lançait la légion pour rétablir des présidents poussés dehors par une soldatesque dépenaillée comme Léon M’Ba au Gabon en 1964.

    Heureusement la troupe française stationnée au Niger n’a pas reçu instruction d’intervenir, mais le simple fait que des Nigériens aient demandé une intervention montre combien la dépendance à l’égard de l’ancienne puissance coloniale est encore forte. Rapidement l’armée nigérienne a rallié la rébellion rendant ainsi caduque la demande d’assistance qui aurait été émise dans les premiers jours par le chef d’état-major. Ce serait l’ex-président, assigné à résidence mais ayant toujours accès à un téléphone, qui aurait mis son véto à une implication militaire française, espérant toujours alors régler le « problème » par la négociation.

    Il reste à espérer que pas un responsable à Paris n’a eu l’idée saugrenue de considérer cette demande nigérienne autrement que pour la rejeter !

    Lire aussi : Il faut laisser tranquille le galonné Tiani au Niger

  • La mort du dernier chef du groupe Etat Islamique

    La mort du dernier chef du groupe Etat Islamique

    On ne sait pas bien comment mais le dernier chef du groupe Etat islamique (EI) est mort, sans doute dans le nord de la Syrie. Soit il se serait suicidé lors d’une attaque des services secrets turcs, soit il serait mort au cours de combats contre un autre groupe religieux-terroriste, potentiellement aidé par la Turquie. L’évènement n’est pas daté mais remonterait au mois d’avril dernier ou de mai. L’EI a officiellement annoncé son décès et dévoilé le nom de son successeur.

    Le peu de retentissement donné à cette nouvelle illustre la perte de puissance de l’EI qui avait été à l’origine de nombre d’attentats terroristes en Occident tout en étant très actif dans la guerre civile syrienne contre le pouvoir. C’est une bonne nouvelle tant cette organisation a déployé une terrifiante inventivité en termes de barbarie pour effrayer et lutter contre ses ennemis et imposer sa vision de l’Islam. Mais il ne faut sans doute pas l’enterrer pour autant, l’EI a semé les graines de la terreur religieuse partout à travers le monde, des semences qui peuvent germer de nouveau à tous moments. En attendant le groupe continue à mener sa guerre en Syrie et dans quelques autres territoires annexes où elle déclenche des attentats meurtriers de façon régulière, en Afghanistan notamment.

    Quel que soit l’avenir du terrorisme islamique, l’EI aura marqué le début du XXIème siècle dans un monde qui ne s’attendait pas à un tel déchaînement de violence mondialisée.

  • Il faut laisser tranquille le galonné Tiani au Niger

    Il faut laisser tranquille le galonné Tiani au Niger

    L’ONU, la CEDEAO, la France, les Etats-Unis, et bien d’autres, s’émeuvent qu’un général nigérien de rencontre ait pris le pouvoir au Niger. Au passage il a assigné son prédécesseur et sa famille à résidence, embastillé quelques ministres du précédent gouvernement et s’égosille à publier des communiqués haineux contre la France. Rien de bien grave donc, juste une transition politique qui ne répond pas exactement aux critères démocratiques occidentaux, mais qui rentre parfaitement dans les us et coutumes de la majorité des pays membres des Nations Unies.

    La communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (dont le Niger est l’un des quinze pays membres) menace même de rétablir cet « ordre constitutionnel » manu militari, menace qui ne fait pas peur à grand monde tant on sait les armées de ces pays peu équipées ni aguerries pour réaliser une telle mission si jamais elle était décidée ce qui paraît de moins en moins probable.

    Revenir en arrière semble désormais peu crédible et pas forcément souhaitable. La plaisanterie a bien duré maintenant il faut y mettre fin et reconnaître ce nouveau pouvoir qui ne devrait être ni mieux ni pire que le précédent et qui a au moins le mérite de faire l’unanimité parmi la population de la capitale Niamey.

    Lire aussi : Les galonnés du Niger consolident leur pouvoir

    Evidemment il va falloir faire avaler leur chapeau à tous les imprudents qui jacassent dans les institutions internationales ou dans les cabinets ministériels parisiens en faveur du retour à « l’ordre constitutionnel » mais il existe suffisamment de diplomates bien madrés capables de mettre au point un accord de papier qui permette à chacun de sauver la face en laissant ces galonnés aux commandes, le Niger aller vers son destin et le reste du monde passer à autre chose.

    Pour une fois la Russie montre la voie de la sagesse et son ministre des affaires étrangères a communiqué le 11 août :

    Nous estimons qu’une solution militaire à la crise au Niger pourrait conduire à une confrontation prolongée dans ce pays africain, ainsi qu’à une forte déstabilisation de la situation dans l’ensemble de la zone sahélo-saharienne.

    https://mid.ru/fr/foreign_policy/news/1900319/
  • Les galonnés du Niger consolident leur pouvoir

    Les galonnés du Niger consolident leur pouvoir

    Malgré les oppositions de circonstance, occidentales comme africaines, les militaires nigériens qui ont pris le pouvoir à Niamey le consolide en nommant un premier ministre et un gouvernement, et en provoquant des rassemblements populaires pour soutenir la clique de galonnés initiateurs du coup d’état et vilipender la France, ex-puissance coloniale qui dispose toujours de garnisons militaires dans ce pays.

    La communauté des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait entendre les bruits de bottes de sa soldatesque et menace d’envoyer une force africaine pour rétablir « l’ordre constitutionnel » au Niger. Cette communauté est actuellement présidée par le Nigeria qui constituerait le plus de la force militaire interafricaine si une intervention était finalement décidée, ce qui semble improbable. Le Mali et le Burkina qui en sont membres, qui eux aussi sont gouvernés par des galonnés issus d’un coup d’état, ont clamé que toute intervention armée contre leurs « frères » du Niger serait considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre. Entendre le Nigeria donner des leçons de démocratie à l’un de ses voisins, c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité, et cela prête à la franche rigolade.

    Lire aussi : Communiqué de la conférence des chefs de la CEDEAO

    Plus sérieusement, il est probable que la raison l’emportera et que tout ce petit monde oubliera rapidement ces intentions guerrières pour se retrouver et papoter sous l’arbre à palabres afin de trouver un compromis qui permettra aux galonnés de Niger de rester aux commandes du pouvoir qu’ils ont pris un peu brutalement en échange de quelques engagements de circonstance qui ne tromperont personne mais permettront d’apaiser la situation. La dernière guerre dans la région remonte à celle dite « de la bande d’Abacher » en 1985 entre le Mali et le Burkina pour le contrôle d’une bande désertique de 300 km de long sur 50 m de large. Elle donna lieu à quelques combats erratiques lancés le 25 décembre 1985 arrêtés par un cessez-le-feu dès le 29 décembre mais qui firent environ 200 morts des deux côtés. La zone litigieuse fut ensuite équitablement répartie entre les deux belligérants par une décision de la cour internationale de justice (CIJ), acceptée par les partis et on n’en parla plus.

    A l’époque le coup d’état était l’unique mode de transition politique. Il semble redevenir le moyen privilégié de changement de pouvoir dans les pays sahéliens, pourquoi s’y opposer systématiquement. N’en déplaise aux donneurs de leçons de démocratie, des élections dans un pays où la population alphabétisée est plutôt très minoritaire et où les organisations de partis politiques sont largement supplantées par les communautés ethniques, n’est guère plus efficace que le pronunciamiento. L’essentiel est que le pouvoir change de mains de temps en temps et, à ce niveau, les élections n’ont pas montré une meilleure efficacité que les coups d’état.

    Laissons donc le Niger aller vers son destin, avec la Russie si tel est son bon vouloir comme semble l’indiquer les drapeaux russes largement déployés par les manifestants pro-galonnés.

  • Changement politique au Niger

    Changement politique au Niger

    Changement politique au Niger : un nouveau président prend le pouvoir à Niamey, c’est un galonné issu d’un coup d’état ce 26 juillet. Il était le chef de la garde présidentielle et a donc trahi le président qu’il était chargé de protéger qui était lui-même arrivé au pouvoir via des élections « démocratiques ». Après le Burkina-Faso, le Mali, la Guinée, le coup d’état redevient le moyen favori pour changer de président dans les pays africains. Après tout la méthode a fait ses preuves et n’a pas apporté plus de troubles dans les pays concernés que le renouvellement à l’infini de dynasties familiales par l’intermédiaire d’élections sur le modèle occidental. Le Tchad, le Congo, le Togo ne sont pas mieux ni plus mal gérés par les mafias familiales que ces pays sahéliens qui ont rétabli des cliques militaires à leur tête, d’autant plus que ces coups ne sont généralement pas particulièrement violents.

    Lire aussi : Le Mali face à lui-même

    Comme à chaque pronunciamiento se déroulant dans d’anciennes colonies françaises, la France est immédiatement vouée aux gémonies, Paris accusé de manipulations et l’ancienne puissance coloniale, rendue responsable de tous les maux qui ont « forcé » les galonnés à se « dévouer » pour prendre le pouvoir, priée de rentrer dans ses pénates. Le cas du Niger ne dévie pas de cette bonne habitude et des foules excitées ont malmené les murs de l’ambassade de France en criant des slogans pro-russes puisque Moscou est redevenue la puissance amie de ce « Sud-global » comme elle le fut autrefois en soutenant les processus de décolonisation dans les années 1950-1960.

    Les pays occidentaux et les organisations multilatérales, africaines comme internationales, publient des communiqués désormais bien rôdés appelant au « rétablissement du président élu » et au retour à la « démocratie » et bla-bla-bla. Quelques sanctions de pure forme sont prises puis seront rapidement levées tout rentrera dans l’ordre et la nouvelle junte sera confirmée après, bien entendu, s’être engagée à « rendre le pouvoir aux civils… » un jour !

    Dans le cas particulier du Niger, la France y avait redéployé son dispositif militaire après avoir été chassée du Mali en 2021 puis du Burkina-Faso en 2023. Les Etats-Unis d’Amérique y disposent aussi d’un contingent militaire chargé de surveiller et de porter des coups au terrorisme religieux islamiste qui pullule dans la région. L’avenir dira rapidement si ces bases vont devoir être repliées ou, à l’image de la base américaine de Guantanamo à Cuba, pouvoir être maintenues en territoire désormais hostile. Le redéploiement des forces française sur des terrains où elles seraient plus utiles et bienvenues est certainement envisagé sérieusement pour les autorités françaises.

    Ces pays sahéliens veulent désormais se rapprocher de la Russie, eh bien il faut les laisser faire. La Russie a montré une certaine efficacité dans le traitement des rébellions religieuses, que ce soit en Syrie ou en Tchétchénie. Ses méthodes de terrain ne sont pas freinées par le droit de la guerre ou des considérations de droits de l’homme. Voyons-la à l’œuvre en Afrique où elle est acclamée et désirée. Nombre de dirigeants et de peuples africains veulent remplacer les puissances néocoloniales par Moscou. Ils y sont certainement un peu poussés par la propagande mais il ne faut pas mésestimer leur réelle volonté de changer de protecteur, en attendant qu’ils puissent être véritablement indépendants.

    Lire aussi : L’armée française a quitté le Burkina-Faso

    Ceux qui ont déjà scellé cette « amitié indéfectible » avec Moscou pourront édifier les autres sur les avantages et inconvénients de cette nouvelle alliance. Le devoir de l’ancienne puissance coloniale française qui a beaucoup failli dans ces affaires est de laisser l’Afrique aller vers son destin et où son cœur la mène !

  • Dérive religieuse en Inde

    Dérive religieuse en Inde

    Comme l’ont fait certains Etas américains, notamment sous l’impulsion du vice-président de Donald Trump entre 2017 et 2021, Mike Pence, l’Inde est en train de retirer de certains programmes scolaires la théorie de l’évolution de Darwin, après avoir déjà expurgés des manuels de nombre d’autres théories scientifiques qui ne correspondent pas aux vues obscurantistes du parti hindouiste actuellement au pouvoir.

    Emporté par leur religiosité et une lecture à la lettre de textes millénaires, des pays importants révisent leurs manuels scolaires pour en retirer le savoir scientifique. Dans le cas de l’Inde, cela se double d’un sentiment antioccidental puisque globalement les grandes découvertes scientifiques et technologiques sont « blanches ». Religion plus idéologie, ou comment des pays qui sortaient progressivement de la masse du sous-développement et participaient à leur tour à la progression du savoir humain sont en train de s’en éloigner. La communauté scientifique indienne s’émeut de cette régression mais n’y peut pas grand-chose sinon opposer la rationalité à une politique religieuse, c’est dire si le combat est perdu d’avance.

    Lorsque l’on déambule sur l’île d’Elephanta dans la mer d’Arabie, au large de Bombay, on visite de fascinantes grottes millénaires dédiées à Shiva et que l’on aperçoit au loin les dômes des centrales nucléaires qui alimentent Bombay, on se dit que ce pays a su assimiler la science tout en respectant ses traditions. C’était l’héritage de Nehru.

    Lire aussi : https://breakthroughindia.org/seminar-on-darwins-theory-of-evolution-indian-knowledge-system/

    Narendra Modi – Kiro / Charlie Hebdo (10/05/2023)

    Aujourd’hui son lointain successeur Modi revient sur ces avancées et privilégie Ganesh à Darwin. Pas sûr que cela mène le pays à un futur radieux mais seul l’avenir le dira. Modi est un président nationaliste élu à peu près démocratiquement, son peuple l’a donc choisi et réélu, lui et ses idées. Si jamais le résultat ne satisfait pas les électeurs ils pourront toujours s’en prendre à eux-mêmes !

    Lire aussi : L’inde : sa citoyenneté, son immigration et ses religions

    La philosophe Simone Weil écrivait en 1943 :

    Chez les chrétiens, l’incompatibilité absolue entre l’esprit de la religion et l’esprit de la science, qui ont l’un et l’autre leur adhésion, loge dans l’âme en permanence un malaise sourd et inavoué.

    Il empêche la cohésion intérieure. Il s’oppose à ce que la lumière chrétienne imprègne toutes les pensées. Par un effet direct de sa présence continuelle, les chrétiens les plus fervents portent à chaque heure de leur vie des jugements, des opinions, où se trouvent appliqués à leur insu des critères contraires à l’esprit de christianisme. Mais la conséquence la plus funeste de ce malaise est de rendre impossible que s’exerce dans sa plénitude la vertu de probité intellectuelle.

    Simone Weil – « L’enracinement » (1943)

    Cette analyse s’applique, hélas, à toute religion ou idéologie. Remplacez « chrétiens » par « hindous » ou « musulmans » et la « conséquence funeste » est la même !

  • Le clan Assad reprend du poil de la bête

    Le clan Assad reprend du poil de la bête

    La République arabe syrienne, et le clan Assad qui la dirige depuis 1970, a tenu bon depuis le déclenchement de la révolte populaire dite du « printemps arabe » en 2011. Après une répression féroce des contestataires par le régime, cette rébellion s’est transformée en lutte armée faisant intervenir des mouvements religieux comme le groupe Etat islamique (EI), Al Qaeda et différents autres mouvements islamistes faisant dans l’ensemble assez peu dans la poésie.

    C’est ainsi que la Syrie a été transformée en un terrain de guerre civile où s’est exercé une cruauté d’un niveau encore rarement atteint. Des groupes islamistes contre un gouvernement dictatorial avec au milieu un peuple éclaté en une multitude d’ethnies et de pratiques religieuses, il n’en fallait pas plus pour déclencher un cataclysme et on a vu ce malheureux pays devenir la proie de toutes les barbaries. Cerise sur le gâteau, la situation s’est internationalisée avec les interventions d’une coalition internationale (plutôt occidentale) pour détruire les mouvements islamistes, de la Russie pour soutenir le régime Assad et de la Turquie qui veut protéger sa frontière sud des mouvements kurdes.

    Le résultat est effrayant : des millions de déplacés (y compris en Europe), des massacres de populations civiles, des crimes de guerre et contre l’humanité, des tortures et meurtres en tous genres, le plus souvent largement filmés et relayés sur les réseaux dits « sociaux », un pays détruit, une population éclatée, etc. La Syrie qui n’était déjà pas particulièrement gâtée par la gouvernance de la famille Assad depuis 50 ans, est devenue le banc d’essai de tout ce que peuvent produire des esprits dérangés et maléfiques. On dirait que chaque camp s’y est mis pour essayer d’enfoncer le pays le plus profond possible dans le gouffre.

    Malgré cette situation, le clan Assad a réussi à se maintenir au pouvoir, profitant habilement de l’internationalisation du conflit, manipulant les opposants les uns contre les autres. Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, Bachar el Assad (fils de Hafez el Assad) a d’abord été mis à l’index de la Ligue arabe, le garçon n’était vraiment pas fréquentable, même pour les théocraties moyen-orientales. Mais le temps a passé, Assad est toujours au pouvoir, la coalition occidentale a détruit au moins provisoirement l’EI et s’est retirée, la Russie alliée de la Syrie lui fait partager son message anti-occidental ; alors la Ligue arabe a réintégré la Syrie en mai dernier.

    Le retour de l’enfant prodigue a été entériné lors d’un sommet de la Ligue arabe le 19 mai auquel était également invité le président ukrainien Zelenski venu essayer d’obtenir un peu de soutien des pays arabes contre l’invasion russe de son pays. Il a été rapporté que lorsque Zelinsky s’est exprimé en ukrainien devant les chefs d’Etat arabes, le président syrien a ostensiblement laissé tombé son casque de traduction, ne souhaitant sans doute pas connaître le fond de la pensée de l’ennemi de son allié russe.

    Cette réintégration marque aussi la poursuite du déclin du sentiment démocratique. Les pays membres de cette Ligue ne voient sans doute plus pourquoi ils iraient sanctionner l’un des leurs pour des raisons liées à la démocratie, concept assez creux pour la majorité d’entre eux et en voie de déclin dans le reste du monde. Pour le moment, les pays occidentaux considèrent toujours le clan Assad, et donc la Syrie, comme infréquentable, au moins officiellement.

    Lire aussi :
    > « Les âmes perdues » de Stéphane Malterre et Garance Le Caisne
    > « Pour Sama » de Waad Al-Kateab & Edward Watts

  • Le Mali face à lui-même

    Le Mali face à lui-même

    Le Mali vient de faire approuver par référendum, adopté par 97% des 39% des votes exprimés, une nouvelle constitution qui viserait à faire le lit du colonel Goïta, actuel chef de l’Etat depuis le coup de 2020, pour son maintien au pouvoir après la période en cours qui devait s’achever par des élections présidentielles en 2024. Ce projet renforce également le pouvoir de l’armée dont Goïta est l’un des chefs.

    Dans le même temps, après avoir prié l’armée française d’évacuer le pays en 2021, le Mali demande maintenant la même chose aux forces des Nations Unis censés maintenir la paix. La France et l’ONU ayant échoué, la tendance était donc à leur départ, c’est compréhensible pour un pays en quête de « souveraineté ».

    Le Mali se retrouve maintenant face à lui-même. Enfin, pas tout à fait puisque la Russie est de nouveau présente au Mali, après l’avoir été fortement pour les quelques années postindépendance, et les relations entre les deux présidents semblent au beau fixe.

    Ce renversement d’alliances va dans le bon sens, même si le Mali risque de se transformer en Etat-mafieux. La France a maintenant redéployé ses forces militaires (et ses économies budgétaires) sur des terrains où elles seront mieux utilisées. Dans dix ans il sera temps de faire honnêtement le bilan de tout ceci pour conclure si ce qui se passe est dans l’intérêt de ce pays sahélien, ou pas…

  • La nationalité française du président de Madagascar

    La nationalité française du président de Madagascar

    A nouveau une ancienne colonie française, Madagascar, se trouve engagée dans un improbable imbroglio juridique du fait de la politique généreuse de Paris dans l’octroi de la nationalité française à des étrangers. Après avoir appris la nationalité française de plusieurs ministres de l’actuel gouvernement des Comores, en pleine discussion avec le gouvernement français sur l’avenir de Mayotte, on apprend aujourd’hui que le président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, a obtenu la nationalité française en 2014. Cette situation déclenche une sérieuse polémique localement.

    L’opposition malgache s’interroge pour savoir si du fait de cette nationalité française, M. Rajoelina peut toujours être considéré comme malgache et donc légitime à la tête de l’Etat ? Il semble que le code local de la nationalité permette de discuter ce point ce dont ne se prive pas l’opposition.

    Le plus étonnant dans cette affaire est non pas tant que la France distribue sa nationalité comme des médailles, mais que de hauts dirigeants d’anciens pays décolonisés prennent soin d’acquérir la nationalité de l’ex-puissance coloniale alors même qu’ils dirigent leur propre pays. Comment dans ces conditions peuvent-ils démontrer un engagement sincère au peuple qui les a élus ? C’est bien le problème qu’affronte aujourd’hui M. Rajoelina.

    A titre personnel il se sent certainement plus rassuré de bénéficier de la nationalité française et du cortège de protections qui va avec, plutôt que d’être « simplement » malgache, mais son sens de l’intérêt général de Madagascar peur être mis en doute. A-t-il pensé une seconde que si les Malgaches découvraient cette situation ils pourraient se poser de légitimes questions sur sa sincérité ? Pour avoir négligé ce point il risque d’être rapidement confronté à une procédure de destitution.

    Lire aussi : L’éternel syndrome des citoyens d’anciennes colonies françaises

    On ne sait pas encore si légalement parlant M. Rajoelina a la double nationalité ou, finalement, uniquement la française. L’avenir le dira rapidement mais c’est l’occasion de revenir sur ce concept de double-nationalité, pour le moins ambigüe. La France a eu un premier ministre, Manuel Valls, qui a la double nationalité franco-espagnole. On l’a ainsi vu hésiter sur le pays dans lequel il voulait s’engager. Réélu député français en 2017, il a démissionné rapidement de ce mandat, sans doute car il aspirait à mieux, pour aller se présenter à la mairie de Barcelone. Il n’a gagné qu’un modeste poste de conseiller municipal à Barcelone, dont il a de nouveau démissionné quelques mois plus tard pour venir montrer de nouveau sa frimousse sur les plateaux télévisés politiques parisiens, marquant ainsi sa « disponibilité » pour la République française. Il va même jusqu’à se présenter aux élections législatives françaises de 2022 mais n’est pas élu. Il semble qu’il a maintenant compris que ses démissions compulsives ont fatigué les électeurs. Mais ses atermoiements politiques et son indécision ont justement été rendus possibles par son statut de double nationalité franco-espagnole.

    La question majeure posée par ce concept, reconnu en France : si un jour il y a la guerre entre la France et l’Espagne, dans quel camp Manuel Valls ira se battre ?

    Lire aussi : Manuel Valls : la déroute