Homeland : Irak année zéro

Homeland-Iraq

En deux épisodes de 2h40 chacun, Abbas Fahdel, cinéaste irakien exilé en France, a filmé les siens juste avant l’invasion de son pays en 2003 par une coalition internationale et une semaine après la chute de Bagdad.

Dans la première partie il filme sa famille dans une villa cossue de la capitale en train de se préparer à la guerre, creusant un puit, allant chercher son aide alimentaire, conduisant une multitude d’enfants dans les écoles et les universités… Et il fait parler ce petit monde qui n’aime pas beaucoup Saddam Hussein, qui vit sous embargo depuis des années et ne semble pas s’inquiéter outre mesure de cette annonce de guerre. Il est vrai que ce pays en a déjà vécu plusieurs sous la férule de son dictateur.

Dans le deuxième épisode la caméra sort dans la rue, nous montre les cortèges de camions de soldats américains, un char stationné sous un monument, nous fait visiter nombre de bâtiments dévastés par des pilleurs, le petit bourg où les enfants se sont réfugiés durant l’assaut. Le réalisateur fait parler la population qui partage sa peur devant l’insécurité grandissante après la bataille, l’absence de remise en route des infrastructures. Mais au fur et à mesure que les semaines passent cette acrimonie se retourne contre l’occupant américain. On sait comment s’est terminée cette triste épreuve de force dont le reste du monde subit encore les effets dévastateurs.

Et il y a toujours autant d’enfants qui semblent être le fil conducteur du réalisateur, dont son neveu Haïdar, 12/13 ans, déluré, bavard, malin et rigolard qui pose des questions autant qu’il développe des réponses à tout. Le deuxième épisode se termine tragiquement par une attaque de nuit de la voiture où se trouvent l’oncle et le neveu. Après une courte rafale de mitraillette, on voit un plan fixe sur la tombe d’Haïdar.

C’est un film émouvant sur des gens normaux soumis aux foudres de l’Histoire. En cela il nous touche car chacun se voit possiblement dans la situation de cette famille à l’heure de la montée des périls. Une expérience humaine, tout simplement, bien loin de poncifs et idées préconçues sur ce pays.

 

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